Attaque de rebelles rwandais FDLR contre d'autres FDLR au Sud-Kivu
AFP 07.07.05 | 14h21




Un groupe de rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) a lancé dans la nuit de mardi à mercredi une attaque contre un autre groupe des FDLR au Sud-Kivu, dans l'est congolais, a-t-on appris jeudi auprès de ces derniers.

 

Cette attaque, menée par des hommes fidèles au commandant actuel des FDLR, le général Mupenzi Mudacumura, visait les troupes du colonel Jeribaal Amani, qui s'est autoproclamé nouveau chef militaire des FDLR le 24 juin.

"Le colonel Amani a été informé de cette attaque et a préféré éviter l'affrontement en retirant provisoirement ses troupes de la zone de Luhwindja (nord du Sud-Kivu)", a déclaré à l'AFP le lieutenant-colonel Christophe Hakizabera, lui-même autoproclamé nouveau chef politique des FDLR, joint par téléphone à Bruxelles.

"Amani est ensuite revenu sur le terrain et a repris ses positions. Nous ne cherchons pas l'affrontement. Tout ce que nous voulons, c'est faire redémarrer le processus de paix de Rome et faire rentrer, pacifiquement et sans condition politique, les combattants aux Rwanda", a-t-il ajouté.

Ces commandants auto-proclamés avaient été exclus fin juin des FDLR par la direction en exil de ce mouvement politico-militaire, conduit par Ignace Murwanashyaka.

Basés depuis 11 ans dans les provinces de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) frontalières du Rwanda, les rebelles hutus des FDLR sont confrontés à de graves dissensions au sein de leur direction politique et militaire.

Le 31 mars 2005, les rebelles FDLR se sont engagés à Rome à renoncer à la lutte armée et à rentrer au Rwanda. Depuis, aucun signe concret d'un rapatriement n'a été observé sur le terrain.

Ces rebelles sont accusés par Kigali d'avoir activement participé au génocide rwandais de 1994, qui a fait plus de 800.000 morts selon l'Onu.

Les récentes scissions au sein du mouvement entretiennent un climat "extrêmement tendu" dans les Kivus, selon un observateur de l'Onu à Bukavu (Sud-Kivu).

"Les jeunes combattants qui sont pour la plupart favorables à un retour au Rwanda sont divisés, ne sachant trop quel chef suivre. Si ces groupes en arrivent à un affrontement direct, ce sera une fois de plus terrible pour la population congolaise qui subit déjà quotidiennement des pillages, menaces et violences de différents groupes armés", a-t-il ajouté.

De son côté, le gouvernement congolais a annoncé le "désarmement forcé" de ces groupes, tout en engageant des contacts avec les hommes d'Amani pour tenter de relancer le processus de Rome.

"Cette ambiguïté entretient la tension. Il faudrait lancer un appel direct aux combattants, leur rappeler qu'il leur reste encore une chance aujourd'hui d'être accompagnés dans leur retour au Rwanda et d'éviter un désarmement forcé. C'est leur dernière chance, quel que soit leur chef", a ajouté cet observateur.