Les FDLR, prêtes à désarmer, veulent des garanties, affirme leur président
AFP

KINSHASA, 11 avr (AFP) - Les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont prêts à un retour au Rwanda, mais pas avant la mise en place d'un "comité international de suivi" chargé de garantir les droits des rapatriés au Rwanda, a déclaré leur président Ignace Murwanashyaka, joint par l'AFP à Bruxelles.

Les rebelles hutus rwandais, installés depuis le génocide rwandais de 1994 dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), ont annoncé le 31 mars à Rome qu'ils renonçaient à la lutte armée et acceptaient de rentrer au Rwanda mais ils ne reconnaissent pas les tribunaux traditionnels rwandais (Gacaca).


Question: Onze jours après la déclaration de Rome, le désarmement des FDLR n'a pas débuté alors que des points de rassemblement ont été installés par l'Onu. Pourquoi ce délai?

Réponse: Nous ne pouvons pas dire à nos troupes de rentrer comme ça au Rwanda. Nos hommes ont eux-mêmes demandé des garanties au rapatriement et certains veulent intégrer l'armée rwandaise. Nous ne pouvons leur offrir des garanties que nous n'avons pas encore.

Le Rwanda était invité aux discussions de Rome, avec l'ensemble de la communauté internationale. Il n'est pas venu, mais cela ne devrait pas empêcher le processus d'aboutir. Nous attendons la mise en place d'un comité international de suivi, qui devra s'assurer que le rapatriement s'effectue dans de bonnes conditions. Dès que tout sera prêt, les retours commenceront.

Q: Vous avez déclaré à Rome que vous renouveliez votre "engagement à coopérer avec la justice internationale". Or vos troupes sont accusées par Kigali d'abriter de nombreux génocidaires. Allez-vous livrer ces génocidaires présumés à la justice internationale?

R: J'ai moi-même écrit cinq lettres à Carla del Ponte (procureur du Tribunal pénal international) pour lui offrir notre coopération. Nous n'avons jamais refusé de participer à une enquête de la justice internationale. Cette affaire n'est pas neuve: on refuse notre coopération pour pouvoir nous enfermer dans ce cercle des génocidaires. Et d'un autre côté, on ne poursuit
pas les responsables du FPR (ex-mouvement rebelle tutsi, au pouvoir) qui ont participé aux massacres. Par ailleurs, il faut savoir que nos troupes sont constituées à 95% de jeunes de moins de 25 ans. Ils avaient moins de 14 ans au moment du génocide.

Q: Le Rwanda a prévenu que les FDLR auraient des "comptes à rendre" sur leurs activités pendant le génocide. Accepterez-vous d'être jugés par des juridictions rwandaises?

R: Ces tribunaux, nous ne les acceptons pas. Comment une victime peut-elle être elle-même juge d'un présumé criminel? Les Gacaca ne poursuivent que des présumés coupables d'avoir tué des Tutsis, alors qu'il y a aussi eu des victimes hutues. Les Hutus ont tellement peur d'être désignés comme génocidaires qu'ils fuient le pays. C'est une parodie de justice. Nous allons
poser tous ces problèmes lors des discussions sur la mise en place d'un comité international de suivi du rapatriement. Mais comprenez bien que si nous cessons la lutte armée, c'est que nous
sommes convaincus que l'on peut arriver au même but par la lutte politique. Nous ne rentrerons pas au Rwanda pour applaudir la politique de Kagame (président rwandais), nous rentrons pour nous constituer en force d'opposition à un régime policier. Tout démocrate européen, américain ou africain peut comprendre cela.

Dépêche
11/04/2005