Dans un élan d’un désespéré, Monsieur Louis Michel, ancien commissaire européen et actuellement député belge, soucieux de l’avenir désormais sombre de son ami Président Paul Kagame, vient de sortir de sa baguette magique, la dernière bouée de sauvetage du soldat Kagame : la création dans toute l’Europe des 27, d’un réseau ou associations de parlementaires amis du Rwanda ! Que se cache-t-il derrière cette initiative plus que douteuse ? La défense et la protection d’enjeux occultes et personnels ? Ou l’expression flagrante du désarroi d’un régime incriminé et de ces amis embarrassés ?
Le 2 octobre 2010, le lendemain de la publication par l’ONU d’un rapport impliquant l’armée rwandaise dans les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les crimes de génocide perpétrés contre les réfugiés rwandais hutu et les zaïrois dans ce qui était alors le Zaïre et depuis redevenu RD Congo, une réunion des ambassadeurs du Rwanda en Europe s’est tenue à l’Ambassade du Rwanda, à Bruxelles, Belgique.

Le but de cette réunion qui nous est rapportée par le site internet d’information www.igihe.com, est, selon M. Joël Ndoli Pierre, chargé de communication à l’ambassade du Rwanda à Bruxelles, de créer un réseau ou association de parlementaires européens pro-régimes FPR-Inkotanyi/Paul Kagame, pour mieux coordonner leurs actions. Et on apprend qu’au cours de cette réunion, certains sujets, comme les investissements et la lutte contre la négation du génocide, ont été abordés et fait objet de discussion !

D’emblé, il faut préciser une chose, une fois pour toutes : que les ambassadeurs du Rwanda se rencontrent ainsi et se concertent sur la meilleure façon de représenter notre pays et de lui trouver des investisseurs, voilà une chose louable : d’ailleurs c’est leur boulot, ils sont bien payés pour ça. Mais qu’ils fassent de « la négation du génocide » un sujet de discussions diplomatiques voilà qui n’est pas du tout crédible : il n’y a pas une vaste campagne de négation du génocide en Europe et il n’y a pas de rwandais, individuellement ou collectivement, qui nient le génocide…des tutsi au point de justifier une démarche d’une telle envergure.
 

En revanche, une telle démarche, dans les circonstances que nous connaissons, nous renseigne plutôt sur la vraie nature de la réunion du 2 octobre 2010. Cette date de la réunion est révélatrice, à elle seule, de son objet réel. Et c’est plus crédible : le lendemain de la publication d’un rapport plus qu’inquiétant pour le régime dont ils sont les représentants officiels en Europe, il était normal que nos ambassadeurs se réunissent et se concertent sur les voies et moyens d’essayer de colmater les trous béants désormais ouverts au sein du régime.

Un autre indice : le site d’information www.igihe.com nous apprend que l’initiative de cette réunion est de l’Ambassadeur du Rwanda en Belgique et d’un certain…Louis Michel, ancien commissaire européen au développement et actuellement député au parlement belge. Louis Michel était, de toute évidence, le seul étranger européen parmi les participants, puisqu’aucun autre n’est cité. Il est d’ailleurs curieux, que ce monsieur n’apparaisse pas sur les photos illustrant cette rencontre et visibles sur le site. Mais c’est vrai aussi que dans les jeux de cirques, on ne voit que les marionnettes bouger, sans pour autant voir celui qui les actionne. Et pourtant, tout le monde sait qu’il y a quelqu’un derrière.

Pour un grand nombre de rwandais et même d’observateurs avisés des enjeux en Afrique des grands lacs, la présence de Louis Michel dans la réunion des ambassadeurs du Rwanda dans les pays européens n’est pas anodine ni due au pur hasard. Il n’est même pas faux de penser qu’il en est le vrai chef d’orchestre.

 Tous ceux qui ont vu ou connu Louis Michel dans les dossiers rwandais, congolais et de la région des grands lacs africains de manière générale, connaissent l’homme : au niveau européen et belge, il est le plus grand défenseur du général Paul Kagame, le président du Rwanda qui vient d’être incriminé par rapport de l’ONU.

Le 1er octobre, le jour de la publication de ce rapport et les jours d’avant, on peut imaginer un Louis Michel angoissé pour son ami et dès la publication du rapport, on peut comprendre l’homme en proie de désarroi total pour n’avoir pas pu empêcher la publication de ce rapport avec son contenu actuel, et qui cherche maintenant comment faire pour limiter les dégâts.

Seulement, il faut quand même se poser des questions, se demander pourquoi un homme comme Louis Michel s’ingénue à défendre bec et ongles, un régime désormais décrié et honnis par la « communauté internationale » parce qu’accusé des pires crimes abominables. Monsieur Louis Michel, trouve-t-il ce rapport une simple expression d’affabulation de malades mentaux, comme l’a insinué souvent, le régime dont il est fervent et loyal serviteur ? Pourquoi s’acharne-t-il à défendre un régime de criminels notoires ?

Pour une réponse plus éclairante, il est peut-être temps que, les biographes et autres journalistes d’investigations se penchent sur le cas Louis Michel et ses connexions au Rwanda, dans la région des grands lacs africains et dans les milieux d’affaires dans le monde entier.

Au demeurant, et pour essayer de comprendre pourquoi un homme comme Louis Michel, un européen qui n’a aucune attache affective avec l’Afrique, s’accroche, se bat avec la dernière énergie pour venir au secours d’un régime discrédité partout dans le monde et presque vomi par son propre peuple, nous ne pouvons qu’appuyer le raisonnement sur des hypothèses qui, d’ailleurs, sont souvent évoquées dans les conversations des ressortissants de cette région. Il y en a deux essentiellement.


 

-La défense des intérêts occultes

Louis Michel n’est ni un humaniste ni un philanthrope. Il y a des choses incompatibles. Louis Michel est un libéral. En tant que tel, c’est un égoïste. Quand bien même il se donnerait les airs d’humaniste ou de philanthrope, il ne le ferait jamais dans un esprit totalement désintéressé. Ce qui l’intéresse au plus haut point, c’est la défense de ses propres intérêts et de ceux de ses amis qui partagent ses convictions, ses rêves et ses projets. Autrement, il serait aujourd’hui moine dans un couvent ou directeur d’une ONG internationale humanitaire !

En tant que libéral Louis Michel est très proche du monde de la finance et des multinationales. D’ailleurs, les fonctions qu’il a occupées jusqu’à présent – président du Mouvement Libéral (ML), ministre des affaires étrangères, commissaires européens, député – le place dans la proximité immédiate des puissants, qui lui a permis de remplir son carnet d’adresses de nombreux investisseurs et autres affairistes.

L’on se souviendra que, immédiatement après l’attaque du Zaïre, la destruction des camps des réfugiés et l’extermination de ces derniers, un grand nombre de compagnies et de multinationales – minières notamment – se sont précipitées pour s’installer au Rwanda et dans les zones congolaises sous contrôle du Rwanda. Pressées par l’envie de prendre part au festin, elles ont peut-être même joué un rôle déterminant dans l’issue de la guerre. En récompense, elles jouissent encore de l’exploitation prédatrice et du pillage sauvage des ressources dans la région : à la lumière de cette réunion à laquelle il a pris part, l’on peut s’autoriser à penser le sieur Louis Michel a quelques amis dont il aimerait voir leurs affaires prospérer sans que leur tranquillité soit troublée par ce rapport sur la mort, si atroce soit-elle, de ces nègres insignifiants d’Afrique. Il a peut-être lui-même des investissements importants dans l’exploitation et le pillage de ces ressources. Qui sait ?


-la défense des intérêts personnels

Les intérêts occultes et les intérêts personnels peuvent se confondre en la matière. Dans tous les cas, il est difficilement incompréhensible qu’un député, ancien ministre et commissaire européen belge ne soit pas en mesure de voir qu’il s’est mis du mauvais côté : le Président Kagame, son ami est un tueur, son régime, despotique, dictatorial, totalitaire et tyrannique. Tout le monde le sait, tout le monde le croit, y compris sa famille et ses collaborateurs, anciens ou actuels. La seule personne qui pourrait se permettre d’ignorer cette évidence – et même dans ce cas, pour des raisons professionnelles – ce serait son avocat car, il est rémunéré pour ça.

Or, Monsieur Louis Michel se comporte comme un avocat dévoué du président Kagame et de son régime. Ici, l’on ne peut ne pas se poser cette question troublante : Monsieur Louis Michel est-il grassement payé par le régime de Kigali pour louer sa gloire partout en Europe ? Monsieur Louis Michel est-il lobbyiste du régime de Kagame ? Tôt ou tard la vérité sera connue : c’est la loi commune à tout ce qui se fait sur terre, en cachette ! Tous ceux qui, hier, dansaient langoureusement sur les rythmes d’intsinzi n’ont qu’à bien se tenir, les jours des tourments ne font que commencer.


Le désarroi du régime de Kagame et de ses amis

Quoi qu’il en soit, cette réunion qui, de toute évidence, est une idée d’inspiration du sieur Louis Michel, est la manifestation flagrante d’une angoisse et d’un désarroi devenus insupportables pour le régime et les amis du régime.

Déjà, dès sa révélation par le Monde, puis par la presse mondiale, le régime rwandais avait fustigé le rapport de l’ONU avec vigueur et arrogance, allant jusqu’à menacer de cesser la coopération militaire avec cette organisation en retirant ses casques bleues du Soudan et de Haïti. Depuis, Kagame s’est calmé, pour une fois il a écouté les ancêtres : ntawe uburana n’umuhamba. Intege nke zitera ubugawaneza. Cela dit, il avait tout essayé.

A côté des pressions exercées par le gouvernement rwandais pour étouffer le dit rapport, il n’est pas exagéré d’imaginer que tous les réseaux qui le soutiennent comme Monsieur Louis Michel ont remué terre et ciel pour empêcher sa publication dans sa forme original et actuel ou pas du tout.

Peine perdue ! Le rapport est là. Partout est la panique. Le gouvernement rwandais nie tout. Et les amis du régime essayent de réparer les pots cassés. C’est ici que le sieur Louis Michel intervient avec sa dernière trouvaille pour venir au chevet du régime agonisant : créer un réseau ou association des parlementaires amis du Rwanda, dans les pays européens. Mais dans et pour quel but ? Pourquoi a-t-il fallu attendre maintenant pour le faire ?

 Le vrai but de la réunion et de la création du réseau ou association des parlementaires européens amis du Rwanda.

Les associations de parlementaires amis d’un pays dans un pays autre pays n’est pas une chose rare ni exceptionnelle. Leurs créations relèvent souvent d’une décision hautement politique : apaiser les tensions entre pays concernés, apporter un appui à un pays ami dans des dossiers délicats, créer des rapprochements entre pays non encore amis, promouvoir et défendre des intérêts mutuels, des investissements, etc.

Les associations de parlementaires amis d’un pays dans un autre sont des lobbyistes qui, à ce titre, bénéficient des financements juteux du pays intéressés. En l’espèce, c’est le Rwanda qui devrait pays les associations et réseaux du sieur Louis Michel pour faire leur travail. En bon libéral, amoureux fou de l’argent, Louis Michel aurait-il flairé le bon filon pour profiter du désarroi de l’homme affaibli de Kigali, qui va ainsi payer sans compter dans l’espoir de pousser plus tard et plus loin ce jour fatidique où il subira le sort peu enviable des dictateurs cruels comme lui ? Citons seulement pour mémoire, un certain Sadam Hussein. Espérons qu’en amitié, notre Michel est moins spéculateur…

En tout cas, dans le cas du Rwanda, son initiative serait anodine si elle n’intervenait pas au lendemain de la mise en cause de Kagame et de son armée, dans les crimes abominables commis au Congo (RD) sur la population hutue rwandaise et congolaise.

Dès lors, l’on perçoit clairement l’objectif inavoué : ils ont échoué dans leur tentative d’étouffement de la vérité. Le rapport qu’ils auraient aimé qu’il n’ait jamais lieu a été rendu public. De surcroit, il a été formulé le désir de voir les criminels amenés à répondre devant les tribunaux. Il est donc tout à fait possible que ceux qui font et défont les régimes en Afrique aillent plus loin et établissent ces tribunaux. Du coup, Monsieur Louis Michel, dans son dernier baroud d’honneur désespéré, il essaye d’anticiper cette issue en ameutant un certain nombre de députés européens – bien souvent ignorant totalement les vrais mobiles de leur collègue – afin que s’il arrivait que l’ONU mette en place ces tribunaux, ces députés bloquent l’application des résolutions de l’ONU dans leurs pays, concernant ces tribunaux. Ils pourraient par exemple bloquer les lois qui autoriseraient d’arrêter et de juger les criminels du FPR dans leurs pays.

Défenseurs des libertés, de la justice et des droits fondamentaux, restez vigilants !

La tâche est lourde. Monsieur Louis Michel s’en sortira-t-il ? Quoi que son initiative advienne, les défenseurs de la liberté et de la justice doivent la surveiller de très près et la combattre s’il le faut. Elle a pour unique but de faire échapper à Kagame et son armée, à la justice des hommes pour tous les crimes qu’ils ont sciemment commis. On se demande vraiment pour quelles raisons.

Aussi est-il urgent que tout le monde se mobilise contre ce plan presque diabolique. Les rwandais qui se battent pour la liberté, la justice et la démocratie dans notre pays doivent désormais accepter de se battre sans peur ni retenu contre ceux qui cherchent à nous en priver, qu’il s’agisse des autorités de notre pays ou de leurs complices étrangers. Contre la démarche cynique du sieur Louis Michel, les rwandais ont au moins 4 choses à faire, dès maintenant :

 -renforcer la société civile : la société civile rwandaise est encore trop dispersée. Tout en gardant leur indépendance, les responsables de celle-ci devraient créer une vraie plateforme de collaboration pour mettre en commun ce qui est à mettre commun et se renforcer ainsi les unes les autres.

-renforcer l’opposition démocratique : la même observation vaut pour l’opposition démocratique. Un programme d’actions communes devrait être établi pour contrer les projets diaboliques du sieur Louis Michel et du gouvernement rwandais qu’il sert.

-informer les députées qui font partie de ces réseaux et associations : une société civile forte et une opposition crédible devraient constituer une réponse efficace contre la croisade du très fprien et kagamiste Louis Michel. Tous les députés des pays européens faisant parti de ses électeurs doivent être connus et dénoncés à leurs électeurs. La plupart de ces députés ignorent les soubassements qui motivent la création de ses associations. Ils y adhéreront par amitié du recruteur ou par « embrigadement ». La société civile et l’opposition doivent créer des outils d’information et de désintoxication en direction des membres de ses associations afin que personne n’ait à dire qu’il ne savait pas que c’était ainsi. Il est fort à parier qu’un grand nombre de ces députés, une fois informé, n’accepteront pas que leurs noms soient associés à celui du Président rwandais, Paul Kagame le plus grand tueur et assassin de tous les temps.

-alerter la presse, les organisations alternatives : un travail intensive mais méthodique et systématique doit être entrepris auprès des médias, des organisations alternatives et d’autres canaux de diffusion massives des idées et d’informations, pour dénoncer ces associations de soutien aux criminels qui déciment le peuple de la région des grands lacs africains depuis des années.


Fin.