GENOCIDE AU RWANDA: GENERAL PAUL KAGAME, LE TONTON FLINGUEUR DE JUVENAL HABYARIMANA
(Afrique Education du 16 au 31 mai 2005)


Il est de plus en plus évident que c’est l’actuel chef de l’Etat du Rwanda, le général Paul Kagame, qui a tiré le missile sur le falcon 50 de son ennemi juré, son prédécesseur le général Juvénal Habyarimana. Cet acte de terrorisme inqualifiable est sans aucun doute à l’origine du génocide qui a eu raison de la vie de 700.000 à 1.000.000 de Rwandais tutsi et hutu confondus.

Sous la direction du journaliste camerounais d’investigation, Charles Onana, vient de sortir aux éditions Duboiris, à Paris, un ouvrage rédigé par un groupe d’experts internationaux et intitulé « Silence sur un attentat : le scandale du génocide rwandais ». Pour faire comprendre comment Paul Kagame a commis ce lâche et ignoble assassinat sur les personnes des présidents rwandais et burundais à bord de ce falcon 50, nous reproduisons le texte de Wayne Madsen, journaliste américain d’investigation, auditionné par le juge français Bruguiére. Son texte qui est susceptible d’ébranler certaines âmes sensibles s’intitule « Comment l’attentat du 6 avril 1994 a déstabilisé le Rwanda et toute la région des Grands Lacs ».

Deux requêtes déposées à Arusha par deux équipes differentes d’avocats de la défense pour que l’auteur de cette enquête puisse témoigner en qualité d’expert et de témoin des faits auprés du TPIR, ont été rejetées à la onzième heure par des procureurs et des juges anxieux, et en butte à une intense pression de la part de Paul Kagame et de ses parrains à Washington. Les témoignages étaient centrés sur le rôle du FPR dans l’attentat contre l’avion de Habyarimana – un acte clair de terrorisme international mais qui portait fortement l’empreinte des Etats-Unis. Aprés un examen détailléla conclusion fut que Kagame était en fait responsable des attaques et qu’il a cherché à optimiser,à son propre avantage, les effets du carnage qui en a résulté. Ajoutons que le ministre des Transports André Ntaguerura, accusé de génocide, en faveur de qui l’auteur de cet article devait témoigner, a récemment innocenté àl’unanimité par les juges du TPIR.

Au terme de six années d’enquête sur l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion qui transportait les présidents rwandais, Juvènal Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira, j’ai conclu que des intêréts se cachaient derrière cet attentat aérien. Aprés d’innombrables heures passées à analyser des documents officiels qui m’ont été fournis en vertu du US Freedom of Information Act, aprés plusieurs entrevues personnelles avec des responsables gouvernementaux et non gouvernementaux, allant de l’ex-secrétaire général de l’ONU Boutros Boutros-Ghali, aux enquêteurs de l’ONU qui ont mené; des investigations sur l’attaque aérienne au Rwanda et qui ont abouti aux mêmes conclusions que moi, je suis convaincu que le Front patriotique rwandais (FPR) dirigé par Paul Kagame est responsable de l’attentat contre l’avion présidentiel, et que cet acte de terrorisme international flagrant a directement conduit à l’implosion du pays. Je suis persuadé que l’hypothése de la responsabilité du FPR/APR est la plus plausible. Je ne crois pas que les Etats-Unis soient directement responsables de l’attaque ; néanmoins, l’appui politique et militaire écrasant offert au FPR et à Kagame dès 1990 et la livraison par les Etats-Unis, via l’Ouganda, d’armes sophistiquées, ainsi qu’une formation pour leur utilisation par les Etats-Unis au FPR avant le 6 avril 1994, donnent à penser que certains membres des services de renseignement militaire américains ont joué un rôle direct en aidant et en prêtant assistance au FPR dans la planification de l’attentat terroriste contre le falcon 50 rwandais le 6 avril 1994.

L’attaque a été ourdie par le FPR sous la direction de Paul Kagame, avec l’appui du gouvernement de l’Ouganda. Le FPR avait des précédents dans l’utilisation de missiles sol-air (SAM) pour attaquer des avions rwandais et zairois. Utilisant des SAM préalablement obtenus de l’Ouganda, le FPR a attaqué une avion de reconnaissance rwandais à Matimba le 3 octobre 1990, un hèlicoptére gazelle rwandaisà Nyakayaga le 23 octobre 1990, et un hélicoptére rwandais à Cyèru en fèvrier 1993. Lors des deux premières attaques, des SAM-16 de fabrication soviétique ont été utilisés (c’est le même type de missile qui a été utilisé; plus tard pour abattre l’avion présidentiel rwandais). En outre, le 10 septembre 1991, un avion de passagers zairois Scibe-Zaire Fokker 27 volant entre Kigali et Bèni, au Zaire, a été attaqué prés de Kabale, en Ouganda, au point de rencontre des frontiéres rwandaise, zairoise et ougandaise. Un des 13 passagers à bord a été grièvement blessé. En dépit du fait que l’Ouganda ait admis plus tard que ses forces de sécurité avaient tiré et touché; l’avion, on soupçonnait également une implication du FPR dans cette attaque. A l’époque, les unités de l’Armée nationale de résistance de l’Ouganda (NRA) ne pouvaient pratiquement pas être distinguées de celles du FPR. Le 25 avril 1994, les Forces armées rwandaises (FAR) ont récupéréles lance-missiles SAM-16 dans la ferme Masaka, pré;s de l’Aéroport international Kayibanda, à Kanombe.

L’ancien ministre de la Coopération française, Bernard Debréa déclaré que les SAM utilisés pour abattre l’avion présidentiel ont été fournis par les Etats-Unis par l’entremise de l’Ouganda. Intervenant à la radio française, Mr Debré; a affirmé : « Il y avait deux SAM-16, qui sont une version modifiée du missile SAM-7. Nous avons mis ensemble les numéros d’enregistrement sur les queues. Il manquait un seul numéro ».

Les renseignements militaires français ont photographié les lance-missiles plus tard et ont connecté leur numéro de référence (9M322) avec la nomenclature 9L38 de la série (SAM-16) Igla soviétique. Les Français ont soutenu que cette série se trouvait dans les stocks militaires ougandais. En outre, le général Jean Heinrich, de la DRM (renseignement militaire français) a affirmé qu’il existait des preuves que le FPR avait acquis des SAM-16. Peu aprés que les SAM-16 ont été tirés contre l’avion présidentiel, l’opérateur de signaux espions à Gisenyi a entendu la fréquence du FPR crépiter et rapporter : la cible a été atteinte ». Le lendemain, le capitaine Apèdo, un membre togolais de l’èquipe de la MINUAR à Kigali, a rapporté qu’un major des FGR (Forces du gouvernement rwandais) a indiqué avoir détecté une communication du FPR stipulant : « la cible est touchée ».

Marcel Gérin, un opérateur belge posté dans un ranch de tourisme à Mpanga, à moins d’une trentaine de km de Kigali, a racontéé qu’il parlait à la radio avec son ami allemand à Kigali autour de 20h30 dans la soirée du 6 avril. Au même moment, l’avion était attaqué et M. Gérin a déclaré que son ami et lui ont entendu quatre explosions. Gérin les a entendues à la radio et l’Allemand directement. Plus tard dans la soiré;e, Gérin a entendu plusieurs messges concernant l’attaque contre l’avion. L’un d’eux émanait d’une compagnie belge de sécurité à Kigali appelée Unité Cobra. Un message émis par le chef de l’unité disait : « Nous avons tué; le Grand ». Par contre, Gérin a déclaré que les messages de l’ONU et des Forces armées rwandaises (FAR) qui ont suivi l’ONU et des FAR qui ont suivi l’attaque indiquaient que leurs forces étaient en complet désarroi.

Le systéme SIGINT est à la pointe du renseignement. Comme il retransmet des interceptions brutes de communications et d’autres transmissions, il ne ment pas. L’absence de circulation de messges entre les FAR met en doute l’existence d’un plan organisé; de la part des FAR pour riposter contre l’attentat aérien en coordonnant des attaques contre le FPR puis en lançant un génocide planifié; contre les Tutsi et les Hutu modérés.

Autre source le COMINT, les signaux de l’unité française de renseignements envoyés à Kigali depuis la base militaire française de Bangui, République centrafricaine. D’après le juge français Thierry Jean-Pierre, des copies des interceptions françaises des communications du FPR indiquent, sans l’ombre d’un doute, la culpabilité du FPR dans l’attaque contre l’avion. L’ex-ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, et l’ancien ministre de la Défense, François Léotard, ont témoigné devant la Commission Quilès que des membres du FPR avaient reçu une information spécialisée dans l’utilisation des missiles près de Phoenix, en Arizona. Selon le Bureau des affaires publiques de la base de la Force de l’air à Luke, près de Phoenix, le Barry M. Goldwater Air Force Range – qui est un centre d’activité de la Base de la Force de l’air de Luke -, est souvent utilisé par les forces des opérations spéciales de l’armée américaine pour des exercices de tir et pour l’entraînement. Le centre de renseignement militaire américain à Fort Huachuca, en Arizona, aurait apparemment coordonné cet entraînement, qui inclut des forces étrangères. Comme il l’a lui-même admis, le Département américain de la Défense a dispensé un entraînement militaire officiel au FPR depuis janvier 1994, soit trois mois avant qu’ils lancent leur invasion du Rwanda à partir de l’Ouganda. Dans un document publié par la Direction de la gestion de l’information à Fort Benning en Georgie, en réponse à une requête datée du 29 avril 1997, formulée en vertu du Freedom of Information Act, l’armée américaine a présenté la liste des membres de l’armée ougandaise et rwandaise qu’elle a formés entre 1979 et 1997. Fort Benning ne représente qu’une des écoles de formation des militaires étrangers par les forces militaires américains. Aux dires du colonel Roy Trumble, qui était auparavant à Fort Benning, le type d’entraînement qui y est dispensé est semblable à celui offert tant à l’Ecole de renseignement de Fort Huachuca en Arizona, qu’à Fort Leavenworth au Kansas. Cette dernière est d’ailleurs celle où Paul Kagame a également reçu un entraînement militaire en 1990. Or, en 1990, au moment où Kagame bénéficiaire de cette formation, le FPR lançait sa premier offensive contre le Rwanda.

L’ex-ministre français de la Défense, François Léotard, a également déclaré devant la Commission Quilèsz lque Mobutu, du Zaпre, aurait dû être à bord de l’avion rwandais qu’un triste sort attendait. Or, à la dernière minute, il s’est ravisé quand à sa participation à la réunion de Dar es-Salaam. Des sources confidentielles, à Washington représentant tant les intérêts hutu que tutsi – deux camps jamais d’accord – m’ont révélé en avril 1998 qu’il y a eu d’autres annulations de dernière minute pour aller à Dar es-Salaam outre celle de Mobutu. Des sources de l’opposition ougandaise, proches des Hutu, prétendent que le président Moi, du Kenya, devait aussi assister au sommet du 6 avril. Cependant, le major-général Imran Kombe, directeur des servies de renseignement, a été informé d’une possible tentative d’assassinat contre trois des dirigeants qui allaient prendre part à la conférence. Il s’agissait des présidents Habyarimana , Moi et Mobutu. Il semble que Kombe aurait été informé concernant Moi, qui a ensuite averti Mobutu. En conséquence, les deux dirigeants ont annulé leurs projets de se rendre à Dar es-Salaam. Le président Moi a envoyé son vice-président à sa place. Ce qui laissera Habyarimana comme unique cible, bien que Mobutu l’ait averti du complot lors de la visite du dirigeant rwandais dans la propriété de Mobutu à Gbadolite la veille de son départ. Selon une source officielle du FPR, il y aurait eu un changement de plans de dernière minute du chef de l’état major tutsi de l’armée du Burundi, le colonel Jean Bikomagu, après que le sommet a pris fin. Peu avant de monter à bord de l’avion, un officiel tutsi présent à Dar es-Salaam a averti Bikomagu de ne pas voyager dans l’avion avec son président. Il a sagement décidé de suivre le conseil. Il est intéressant de noter que Bikomagu allait être impliqué plus tard dans un coup d’état virtuel contre le gouvernement hutu burundais démocratiquement élu. Les accusations impliquant Museveni de l’Ouganda dans le double assassinat ont été appuyées par l’ex-ministre de la Coopération française Bernard Debré. Il affirme que la vraie raison du voyage de Ntaryamira à Kigali, avec Habyarimana, était que le dirigeant ougandais avait persuadé les deux présidents de se rendre à Kampala le lendemain pour faire avancer le processus de paix. Après avoir envoyé son avion personnel à Bujumbura, le président burundais allait faire le voyage avec Habyarimana. Comme Museveni a retenu Ntaryamira pour des entretiens, l’avion présidentiel rwandais a pris son envol bien plus tard que ce qui était initialement prévu – la nuit qui tombait sur Kigali était alors de bien mauvais augure. Entre temps, la piste d’atterrissage des avions arrivant à l’aéroport de Kigali a été modifiée, à la demande du FPR. Au lieu d’atterrir à l’ouest, comme à l’accoutumée, le FPR a demandé à tous les avions d’atterrir à l’est.

Cette décision impliquait que l’avion présidentiel vole au-dessus des zones qu’on soupçonnait être infiltrées par des éléments militaires du FPR. Le professeur Debré a également révélé que des interceptions téléphoniques indiquaient que le FPR avait ordonné des mouvements de troupes dans la matinée du 6 avril, sans doute dans la perspective de l’attaque contre l’avion.

En 1998, le juge français Jean-Louis Bruguière a ouvert une enquête relative à l’attentat contre l’avion. Après avoir interrogé des témoins en Suisse, au Rwanda, en Tanzanie, à Paris, et en Russie, Bruguière aurait apparemment recueilli assez de preuves pour lancer un mandat d’arrêt international contre le président Kagame. Un ancien juge français, Thierry Jean-Pierre, actuellement député au Parlement européen, dans une enquête privée et tout à fait séparée, est arrivé à la même conclusion, à savoir que Kagame était derrière l’attentat.

L’affirmation que le FPR est responsable de l’attaque aérienne est appuyée par trois ex-officiers du renseignement du FPR qui ont révélé les détails de l’opération aux enquêteurs de l’ONU. Les trois informateurs ont été classés dans la catégorie 2 des témoins sur une échelle de 4 points dans laquelle 1 est « hautement crédible », et 2 est « vrai mais non vérifié ». Les informateurs du FPR ont déclaré que l’avion a été abattu par une équipe d’élite du FPR composée de 10 membres, avec « l’assistance d’un gouvernement étranger ». Certains membres de l’équipe seraient aujourd’hui apparemment décédés.

Un rapport confidentiel de l’ONU relatif à l’attentat contre l’avion a été remis au procureur du Tribunal de l’ONU pour les crimes de guerre, Louis Arbour, originaire du Canada, mais n’a jamais été rendu public. En effet, Madame Arbour a mis fin à l’enquête lorsque certains détails ont clairement démontré l’implication du FPR dans l’assassinat contre le président Habyarimana.

Aujourd’hui, l’ONU nie l’existence d’un tel rapport. Michaлl Hourigan, un avocat australien qui a d’abord travaillé comme enquêteur pour le compte du Tribunal international pour les crimes de guerre puis pour le Bureau de vérification interne de l’ONU, a confirmé que les enquêteurs de la première équipe sur les crimes de guerre avaient dévoilé les preuves de l’implication du FPR dans l’attaque, mais que leurs efforts ont été tués dans l’њuf par un haut fonctionnaire de l’ONU. Une fois que l’équipe de renseignement du FPR a révélé les détails de l’attaque, ceux-ci ont été appuyés par un autre ex-officier du renseignement du FPR nommé Jean Pierre Mugabe. Dans une déclaration séparée, Mugabe a affirmé que l’attentat a été directement commanditée par Kagame et par le commandant en chef adjoint du FPR, James Kabarebe. Aux dires de Mugabe, le FPR a largement fait campagne en faveur du Sommet régional de paix à Dar es-Salaam d’où revenait Habyarimana lorsqu’il a été assassiné. Mugabe a déclaré que l’idée consistait à regrouper dans l’avion tout le leadership hutu et de l’éliminer facilement dans l’attaque. Puis un autre dissident du FPR, Christophe Hakizabera, dans une déclaration devant la commission d’enquête de l’ONU, souligne que la « puissance étrangère » qui a aidé le FPR à abattre l’avion était en fait, l’Ouganda. D’après Hakizabera, la première et la deuxième réunion qui ont servi à planifier l’attentat ont eu lieu en Ouganda, respectivement, dans les localités de Kabale et Mbarara. Une troisième rencontre, à laquelle Kagame était présent, s’est déroulée en mars 1994 à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso. Comme elle l’avait fait avec les trois autres déserteurs du FPR, l’ONU n’a entrepris aucune action à l’issue de cette plainte. Il semble, et ceci est appuyé par des conversations privées que j’ai eues avec d’anciens responsables de l’ONU, qu’une tierce partie tire les ficelles dans l’enquête de l’organisation mondiale sur les violations des droits de l’homme en Afrique. D’anciens télégrammes classés secrets du Département d’Etat américain, que j’ai reçus à ma demande en vertu du Freedom of Information Act, révèlent que l’ancien establishment chargé de la politique étrangère était divisé sur l’attentat du 6 avril. L’ambassade des Etats-Unis au Burundi a gardé un esprit étonnamment ouvert sur ces théories concernant l’attaque par missile et privilégiant la responsabilité au FPR. Il y a aussi la question du sort de la boîte noire du falcon 50. Si l’on en croit les officiels que j’ai interrogés et qui ont participé aux vols de reconnaissance de l’ONU dans la région, la boîte noire a été secrètement transportée au siège de l’ONU à New York, où elle se trouve jusqu’à présent. Officiellement, le gouvernement rwandais prétend que la boîte noire a disparu.

Selon les enquêteurs onusiens, la boîte noire a été subtilisée par des responsables de l’ONU, de Kigali, direction New York via Nairobi. En outre, des responsables du gouvernement américain étaient au courant de cet envoi. D’après des sources proches de l’ONU, les données de la boîte noire en ont été effacées par l’ONU, qui a subi une pression du gouvernement des Etats-Unis. Les enquêteurs ont aussi révélé que, la nuit de l’attaque, les forces du FPR contrôlaient trois accès majeurs à l’aéroport Kayibanda, et que des mercenaires européens, à la solde du FPR et des renseignements américains, ont planifié et lancé l’attaque au missile contre le falcon 50.

Si l’on en croit les enquêteurs, la recherche des assassins a finalement conduit à un entrepôt à Kanombe, à proximité de l’aéroport. C’est dans ce hangar que les lance-missiles furent assemblés et préparés par les mercenaires. Au moment où la mission d’enquête de l’ONU approchait de sa conclusion finale et s’apprêtait à livrer les preuves indiquant que l’entrepôt a été loué par une société suisse, apparemment liée aux services de renseignement américains, son mandat a été brutalement interrompu.

Il a été soutenu que l’attaque contre l’avion n’avait aucun rapport avec les meurtres qui s’en suivirent au Rwanda et que l’enquête au sujet de l’attaque ne s’inscrivait pas dans le mandat de la mission d’enquête de l’ONU. L’ancien commandant des enquêteurs de l’ONU, l’agent spécial de lutte contre le terrorisme James Lyons, retraité du FBI, a déclaré devant un comité du Congrès qu’il estimait que l’enquête sur l’attaque à la roquette relevait du mandat du TPIR. Le 6 avril 2001, il a affirmé : « C’est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres dans tout le Rwanda, et qui a fini par emporter la vie de 700.000 à un million d’hommes, de femmes et d’enfants.

Le Conseil de sécurité a certes exprimé son horreur face à cet attentat terroriste et a recommandé de recueillir toutes les informations concernant cet incident. L’article 4 du statut du TPIR inclut d’une manière spécifique les actes de terrorisme dans sa liste de délits. A mon avis, il y avait bien plus qu’une ample justification pour considérer l’attentat au missile comme un crime international relevant parfaitement de sa juridiction. Mr Lyons a également déclaré : « L’équipe nationale a obtenu une information en 1996 stipulant qu’un soldat de la Mission de l’ONU d’assistance au Rwanda (MINUAR) avait entendu un message radio sur un réseau du FPR peu après la chute de l’avion affirmant que la cible avait été atteinte.

En outre, une autre information signale qu’un soldat des FAR aurait entendu un message identique ou similaire. La preuve que Kagame et le FPR étaient impliqués dans l’attentat du 6 avril 1996 est si écrasante que les autres scénarios peuvent être entièrement écartés ». Actuellement, le juge français Jean-Louis Bruguière enquête sur l’implication du président rwandais Paul Kagame dans l’acte terroriste qu’est l’attentat aérien de 1994 à Kigali. La récente tentative de Kagame de poursuivre en justice le journaliste Charles Onana pour diffamation dans son ouvrage consacré aux événements de 1994 (1), s’est soldée par un échec devant la justice française.

(1) Cf Onana Charles, Les secrets du génocide rwandais, Paris, Editions Duboiris, 2002, 192 pages.

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