Grands Lacs : le Rwanda va rouvrir son ambassade en Rdc

Kinshasa, 08/08/2006 / Politique

Une nouvelle page d’histoire est en train d’être écrite dans les relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo. Après de larges altercations, qui re­montent- au début de la rébellion lancée en 1998 depuis l’Est de la RDC par des troupes du Rassem­blement congolais pour la démo­cratie (RCD), avec l’appui du Rwanda, l’heure est aujourd’hui a l’accalmie et a l’exploration de nouvelles pistes de coopération pour une meilleure intégration dans la sous-région de l’Afrique centrale.

Le Rwanda, en guerre ou en frOid depuis dix ans avec la République Démo­cratique du Congo, a pris récemment l’option d’améliorer ses relations avec Kins­hasa dans la perspective, notamment des élections en RDC. Sans doute, Kigali en bon Visionnaire — redoute l’échec de ses anciens protéges aux élections du 30 juillet 2006. Raison de plus, aurait-il es­timé, de s’ouvrir d’autres amitiés notam­ment diplomatiques pour une nette coo­pération avec le gouvernement congolais qui sera issu des élections.

La réouverture annoncée de la représentation diplomatique du Rwanda à Kinshasa doit être considérée comme un signe de temps à ne pas négliger dans la redéfinition des enjeux géostratégiques en Afrique cen­trale.

Avec.des institutions con­golaises véritablement démocra­tiques, car issues des urnes, le Rwanda et la RDC espèrent re­lancer les liens traditionnelles de coopération qui a longtemps uni les deux peuples qui partagent une histoire commune et aux multiples facettes. La nouvelle ligne de la diplomatie rwandaise vis-à-vis telle qu’en témoignent les échos en provenance de Ki­gali est une balise jetée sur le chemin de la relance de la Com­munauté  économiques des pays des Grands Lacs (CEPGL).
L’on pense aussi que le poids de la communauté interna­tionale - qui finance la quasi-to­talité du processus électoral en RDC, où l’Onu entretient sa plus importante force de paix dans le monde - a également certainement joué dans le réchauffement entre Kigali et Kinshasa, relève, sous couvert d’anonymat, un autre expert de la région.

Le dégel Rwando-congo­lais est donc le résultat des ef­forts diplomatiques de certains principaux pays donateurs, le Rwanda ayant choisi de s’incli­ner face à ces pressions, car ac­tuellement il semble plus soucieux de son image dans la commu­nauté internationale que de sa sécurité. Mais certains experts estiment que Kigali devrait conserver sa capacité à user d’autres méthodes y compris militaires -si ses intérêts immédiats sont menacés à partir de la RDC.

Le ministre rwandais des Affai­res étrangères et de la Coopéra­tion régionale, Charles Murigande a fait part de la volonté et de la détermination du gouvernement de Kigali de rouvrir son ambassade en RDC après la proclama­tion des résultats des dernières élections présidentielle et législatives dans ce pays, a-t-on appris de source diplomatique lundi dans la capitale rwandaise.

S’exprimant mardi dernier devant la chambre des députés, Dr Murigande a déclaré que les ambassades de deux pays vont  rouvrir leurs portes après le dé­roulement des législatives et du scrutin présidentiel, le premier du genre organisé en RDC après 46 ans de dictature et de conflits fra­tricides.


« Le Rwanda voulait que cette réouverture des ambassades des deux pays soit faite immédiatement, mais ce processus a connu un  échec car la RDC ne l’a pas voulu  ainsi »,  a souligné M. Murigande.

Le Rwanda et la RDC avaient fermé leurs ambassades après que la RDC, alors « Zaïre » sous le régime de l’ancien prési­dent Mobutu Sese Seko, avait accordé l’asile à des milliers de miliciens Hutu-rwandais, respon­sables du génocide de 1994.

Depuis les accords de ces­sez-le-feu et désarmement des milices génocidaires rwandaises et ex-Forces armées rwandaises signés à Pretoria (Afrique du Sud) en automne 2002, les rela­tions diplomatiques entre les deux pays se sont normalisées pro­gressivement.

« Nous sommes confiants  qu’il y aura, après les élec­tions, une nouvelle donne dans la normalisation des relations diplomatiques entre  les deux pays, a conclu M. Murigande.

F. K/Le Potentiel