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BUJUMBURA - Le Burundi s'est plaint samedi d'une incursion sur son territoire de l'armée rwandaise lancée à la recherche de rebelles extrémistes hutus basés en République démocratique du Congo et soupçonnés de préparer une offensive contre le sud du Rwanda.
Le général Germain Niyoyankana, chef d'état-major de l'armée burundaise, a précisé au cours d'une conférence de presse que le Rwanda avait massé des soldats le long de ses frontières avec le Burundi et la RDC par crainte d'une attaque des "Interahawme", la milice de l'ancien régime génocidaire rwandais.
"Mais des soldats rwandais ont alors franchi la frontière à la recherche des Interahawme", a-t-il déclaré, en précisant que l'incursion avait débuté jeudi et s'était achevée vendredi à la suite des protestations burundaises.
"Hier, nous sommes allés à la frontière parler avec les commandants de l'armée rwandaise et nous leur avons dit que nous ne laisserions pas les Interahawme attaquer le Rwanda mais que nous ne pouvions pas non plus accepter que l'armée rwandaise franchisse notre frontière sans la permission du Burundi", a poursuivi le général Niyoyankana.
"Nous exigeons qu'elle ne réédite pas son geste en raison des risques de déstabilisation que cela ferait peser sur les bonnes relations entre nos pays", a-t-il prévenu.
Les autorités rwandaises craignent que les milices hutues basées en RDC transitent par les forêts du nord du Burundi pour lancer une offensive contre le sud du Rwanda.
KIGALI EVOQUE UNE INCURSION PAR INADVERTANCE
A Kigali, le colonel Patrick Karegeya, porte-parole de l'armée rwandaise, a minimisé l'affaire en parlant de raid par inadvertance.
"Ce secteur sert de couloir pour les Interahamwe. Nous les avons pourchassées et nous avons tué deux de ses membres", a-t-il expliqué.
"Parce que la frontière n'est pas clairement délimitée et qu'il faisait nuit, nos soldats ont pénétré (en territoire burundais) avant de se retirer immédiatement après avoir réalisé qu'ils avaient franchi la frontière", a-t-il ajouté.
Le Rwanda et le Burundi sont situés à l'est de la RDC, qui tente péniblement de sortir de plusieurs années de guerre civile dans laquelle de nombreux pays de la région se sont impliqués. Selon diverses estimations, trois millions de personnes ont péri dans ce conflit.
Le Rwanda se plaint de longue date de l'inaction des Nations unies et de l'armée congolaise face aux rebelles hutus.
Le Burundi, qui tente lui-même de mettre fin à son propre conflit civil, soupçonne depuis longtemps l'armée rwandaise de mener des incursions sur son territoire pour chasser les rebelles hutus passant par ses denses forêts tropicales.
Pour de nombreux observateurs, les milices extrémistes hutues du Rwanda bénéficient régulièrement de la protection des rebelles hutus burundais des Forces nationales de libération.
Les Tutsis, minoritaires, dominent désormais la vie politique de ces deux pays mais contrairement au Rwanda, ils sont à l'origine de la plupart des massacres commis au Burundi.
