Burundi

Actualité Sécurité
Bulletin No 01
Semaine du 1er Juin 2005

L’armée rwandaise attaque les réfugies en territoire burundais.

L’armée rwandaise attaque les réfugies en territoire burundais.

Par J.Isaac Bizimana

Ottawa le 02/06/2005 (Abarundi.org). -Décidément les dirigeants burundais n’ont pas tiré de leçons sur les massacres de Gatumba. Alors que les organisations de défense des droits de la personne dont HRW, le HCR demandent au Burundi de traiter les réfugies rwandais avec humanisme, voilà que le gouvernement du Burundi seul contre tous et contre toutes conventions internationales auxquelles il a pourtant adhéré, installe à la demande du Rwanda les réfugies rwandais à quelques mètres de la frontière rwandaise et se prépare à envoyer manu militari ces réfugiés chez eux.

On a beau dire que ces réfugiés ne sont pas des réfugies comme les autres puisqu’ils fuient les juridictions Gacaca qui se chargent de juger les génocidaires de 1994 mais tout de même, il serait surprenant que tous ces réfugiés soient tous des génocidaires, certaines ne pouvant être que des mineurs d’il y a dix ans. Quand bien cela serait vrai, la présomption d’innocence pourtant fondatrice de l’état de droit auquel aspire le Burundi exige que l’on analyse cas par cas et non une culpabilité collective, le fardeau de la preuve reposant à l’accusateur.

Les intentions affichées du Rwanda seraient aussi fondées s’il n’y avait pas des antécédents sérieux démontrant à qui veut bien l’entendre que le Rwanda, un véritable état délinquant, n’hésite pas à traverser sa frontière pour aller régler ses comptes à ses ressortissants qui se trouvent hors de son territoire. C’était vrai hier au Congo, c’est encore vrai aujourd’hui dans le cas du Burundi.

Le bâton de commandement en campagne électorale

En effet, pendant que le Président de la république exhibe le bâton de commandement de l’armée en pleine campagne électorale, histoire de démontrer que c’est lui le véritable chef des FDN, les soldats rwandais traversent allégrement la frontière burundaise jusqu’à Murehe en commune Marangara en province Ngozi, incendient les maisonnettes des demandeurs rwandais, retournent chez eux au vu et au su de tout le monde. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le Rwanda traverse la frontière burundaise, les habitants de la commune Mabayi font état de multiples incursions des soldats rwandais en territoire burundais et quand le Burundi fait semblant de demander des explications, on lui répond que l’on s’était tromper de frontière.

Comment par exemple expliquer comment un pont peut être construit entre le Rwanda et le Burundi sur la rivière Ruhwa sans le consentement du Burundi. C’est à se demander à quoi sert le bâton de commandement du président s’il ne peut donner ordre à son armée pour défendre les frontières du Burundi et surtout pourquoi il prend ce bâton de commandement pendant la campagne électorale, alors que son chef d’état-major fait fi du cessez-le feu signé du Président en attaquant les positions du FNL pulvérisant ainsi les minces lueurs d’espoir qui commençaient à se pointer à l’horizon pour la population de Bujumbura rural.

La présence des soldats rwandais dans le camp de réfugiés de Murehe est confirmée à la fois par le porte-parole du HCR et par le Colonel Nzikoruriho Didace, chargé des réfugiés au Ministère de l’intérieur au Burundi. D’aucun s’interrogent d’ailleurs pourquoi le dossier de ces réfugiés est traité par une commission conjointe du Rwanda et du Burundi et surtout pourquoi le Rwanda insiste pour que ces réfugiés ne soient pas éloignés loin de la frontière rwandaise. La réponse vient d’être donnée par l’attaque des soldats rwandais: Pour pouvoir les contraindre à rentrer par la force ou sinon aller les chercher sur place!

Au lieu d’appliquer les conventions internationales stipulant que les réfugiés doivent être éloignés loin des frontières de leur pays d’origine et surtout au lieu de défendre son territoire contre toute agression extérieure, le président de la république ferait mieux de remettre son bâton de commandement à un autre compatriote qui en ferait bon usage au lieu d’en faire un outil de propagande électorale alors qu’il y a feu dans la cabane.

Dans ce dossier, non seulement la plupart des dirigeants burundais à commencer par le Président de la République devraient comprendre mieux que quiconque les malheurs qui frappent ces réfugiées ayant eux-même été eux-mêmes des réfugiés, mais également devraient faire preuve simplement d’humanisme et de gratitudes envers ceux qui les ont hébergés pendant plus de 20 ans et surtout en ne les livrant pas à leur bourreau. Le président de la République n’aurait certainement pas apprécié d’être installé en moins de 20 kilomètres de la frontière burundaise sous le régime de Bagaza avec comme chef des services de sécurité un certain Ndabaneze qui, à coté des agents de la DMI serait un petit apprenti. Ce que font les autorités du pays envers ces réfugiés fait honte à la nation burundaise, pourtant réputée pour son hospitalité légendaire. /JIB

Document source: abarundi.org Document author:J.I. Bizimana Images source: obsap.org