Kagamé en hausse à Paris, en baisse aux Etats-Unis
 

Le 08/09/2011 - Le président rwandais Paul Kagamé, qui effectuera sa première visite en France du 11 au 13 septembre, voit sa cote totalement dévisser aux Etats-Unis. L’ambassadeur américain tout juste nommé à Kigali, Donald Koran, a reçu une feuille de route critique à l’égard de cet allié traditionnel, que Washington perçoit désormais comme "de plus en plus autocratique, alors que s’éloigne le spectre du génocide de 1994 pouvant justifier un état d’exception". Lors de son "briefing" le 19 août, le diplomate a ouvertement rompu avec la ligne affichée par son prédécesseur, Stuart Symington, surnommé au département d’Etat - en particulier par les analystes du Bureau of Intelligence & Research (INR) - "le béni-oui-oui de Kagamé".

 
Du côté de la société civile américaine, les signes d’un changement de perception se multiplient également. Dans un ouvrage paru en avril sous la direction de Scott Strauss et Lars Waldorf, Remaking Rwanda. State Building and Human Rights after Mass Violence (éd. Presses Universitaires du Wisconsin), et qui rassemble les contributions d’une vingtaine de chercheurs, le régime rwandais est dépeint comme un pouvoir dictatorial ne reposant que sur la seule personnalité de son président. Ce thème sera également au centre d'un débat organisé, le 19 septembre à New York, par l'Open Society Foundations (OSF). Sous le titre "Revising Kagame", l’influente ONG de George Soros a notamment invité Théogène Rudasingwa, l’un des quatre ex-piliers du régime Kagamé qui, depuis leur défection, se sont regroupés au sein du Rwanda National Congress (RNC). Ancien ambassadeur à Washington et ex-directeur de cabinet du président rwandais appelant désormais à son renversement, Rudasingwa jouit d’un excellent réseau de contacts aux Etats-Unis.