AU NOM DE QUI PAUL KAGAME MENACE-T-IL LE MONDE DE DEVENIR LE GENDARME D'AFRIQUE?

Il n'y a rien de plus humain de la part d’un chef d’Etat que de condamner publiquement les actes terroristes, les crimes crapuleux et les violations fraglantes des droits de l'homme quelsqu’en soient les auteurs.

Il aussi vrai que de tels actes se commettent presque chaque jour depuis une dizaine d'années dans la Région des Grands Lacs Africains et dans l’indifférence de presque tous les dirigents de la sous région. La première initiative devrait être saluée Toutefois, en matière de réglement, pour éviter l'anarchie et la loi du plus fort dans le monde, un ordre mondial a été établi que les pays ou organisations nationales ou internationales doivent respecter lorsqu'ils opèrent sur un espace territorial qui leur est étranger.

 L'ordre mondial établi fixe les voies de recours en cas de conflits ou d'acte criminels reconnus comme tels par le droit international. Depuis deux jours curieusement, le général Paul Kagame, président du Rwanda, au nom d'une force extra terrestre, ménace d'intervenir pour punir les auteurs d'actes criminels intentés contre des citoyens des pays étrangers sans avis ni accord préalable d'une quelconque autorité dûment mandatée. L'acte est téméraire en soi, mais au nom de qui agirait-il?

 La question du Darfur est connue du monde entier; le Conseil de Sécurite a pris une position sur ce dossier; l'UA en a fait son propre cas et a pris des dispositions appropriées. Le Soudan est membre de la SADC qui a des mécanismes internes de résolutions des conflits. Et on entend Paul Kagame déclarer qu'il ne demanderait avis à personne pour faire sa loi au Soudan, si un civil y était attaqué. Pourtant, il sait bien que même la France, membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, pour intervenir au Rwanda en 1994, elle a dû requérir le mandat de ces mêmes Nations-Unies.

Sa déclaration est d’autant plus troublante que ceux qui le connaissent savent bien que Paul Kagame est spécialiste des simulacres d'attaques. A Gatumba, au Burundi, pays en combat perpetuel avec une une rebellion armée des FNL, il vient de se commettre un crime crapuleux , 160 réfugiés congolais y ont été froidement massacrés pendant deux heures alors que leur camp se situait dans un rayon de 500 m d’un camp militaire de l’armée gouvernementale supposée être en alerte maximum. On rapporte que la rebellion burundaise a revendiqué l’attentat. Cependant, on dit aussi que cette attaque a été opérée simultanément avec celle de ce “camp des forces burundaises” qui, d’habitude mieux structurée avec des unités spéciales, “ne se font pas prendre “dans leur propre forteresse par las rebelles des FNL”.

Cette attaque de réfugiés congolais se passe au Burundi, pays indépendent et différent du Rwanda de Paul Kagame. Les réfugiés sont régis par des conventions internationales et ceux-ci étaient des congolais qui ne revandiquaient rien du Rwanda. Curieusement, au moment où les autorités congolaises et burundaises exigeaient une enquête pour établir les faits, Paul Kagame ménace d’intervenir militairement avec pour conséquence d’ arrêter le processus de transition en RDC que réclame avec tous ses voeux le Munyamulenge Azarias Ruberwa en perte de popularité dans son pays.

On se souviedra que Azarias Ruberwa sortait d’une rencotre avec Paul Kagame à Kigali et qu’ils s’étaient convenus d’imposer à Kinshasa , au risque de bloquer le processus de transition, des mesures qui n’avaient que pour finalité de faire plaire le pouvoir de Kigali au détriment de la sécurité nationale et de l’unite du Congo. La présidence congolaise a aussitôt désavoué A. Ruberwa avant même qu’il ne rentre de sa mission pour Kinshasa. On se souviendra également que ces réfugies, en tant que banyamulenge congolais, avaient fui les massacres dont ils se sont eux-mêmes rendus coupables. Leur auteur principal est leur chef Mutebusi, aujourd’hui réfugié au Rwanda. Azaias Ruberwa avait été le voir après son escale de Kigali.

 Tout le monde sait bien que n’eût été l’objection des Nations-Unies, Paul Kagame, pour des calculs d’intérêts, avait, à un moment donné ménacé de renvoyer chez-eux au Kivu, en plaine guerre, les banyamurenge qui s’étaient réfugiés chez-lui sachant bien qu’ils allaient être tués, une fois rentrés. Il est aussi de notoriété publique que Kigali fait des incursions au Burundi à sa volonté au regard impuissant du pays envahi. Les attaques de Gatumba se sont passées en présence de Azarias Ruberwa dans la région. Les observateurs avisés savent bien que les processus de démocratizations engagés au Burundi et au Congo ne peuvent en aucun cas se solder en faveur des tranches extremistes des minoritiés tutsi qui souhaitent se maintenir ou se forger le pouvoir quelques soient les monoeuvres et calculs savants des politiciens du monde contemporains.

A y voir de très près, les rapports de force exhibés par Paul Kagame ne sont en tout cas pas signe de détraisse d’une personne dont l’ethnie est ménacée d’extermination mais significatifs de ménace que cette force pèse sur la sécurité de l’humanité, lui-même ayant prouvé que les limites de son intervention sont indéfinies. Si demain Kagame entre de force au Congo ou au Soudan comme il l’a déjà fait entendre, sans mandat ni de la SADC ni de l’UA et encore moins du Conseil de Sécurité, il va le faire au nom de quelle organization régionale, continentale ou mondiale?

Doit-on chercher loin aujourd’hui à comprendre ses visées de toujours après sa déclaration d’intention de guerre sous un prétexte du Burundi ou du Darfur quand on sait comment il est sorti de l’ Ouganda en 1990, comment il a renversé le pouvoir hutu au Rwanda en 1994, et surtout au nom de qui et par quelle voie il est allé au Zaire en 1996? S’ il est vrai que les banyamulenge sont des tutsi, ils ne sont pas des rwandais et Paul Kagame s’est fait élire en tant que président du Rwanda. Il sait que tous les arabes ne sont pas irakiens et que le siège du Centre de la Civilisation Bantu n’est pas au Congo. Si Paul Kagame veut utiliser toutes ses forces pour éliminer les hutus et congolais pour protéger les tutsi où qu’ils se trouvent, faut-il donc comprendre que Paul Kagame se veut être:
    - plus Tutsi que rwandais?
    - plus président des Tutsi du monde entier qu’il ne l’est pour les rwandais?
    - plus president d’un Rwanda, terre des Tutsi que de rwandais?

On ne peut plus jouer ce jeux aujourd’hui et de tout temps, on ne cours pas deux lièvres à la fois. On ne peut pas utiliser contre les autres le génocide pendant logtemps alors qu’on a le sang raciste dans ses veines et sur ses propres mains. Si vous avez raison de crier haut et fort pour dénoncer les crimes commis à Gatumba, respectez tout de même l’ordre établi dans le traitement des dossiers, puis dans ce pays-là, rien ne sert de courir; chaque chose a son temps. S’agissant du Rwanda comme c’est probablement le cas au Congo, n’oubliez pas qu’il ya des cas sans dossiers depuis maintenant 10 ans avant de vouloir finaliser celui de Gatumba ou Darfur .

 A force de monter trop vite et trop haut pour chercher un dossier qui n’est pas encore mûr , on risque de découvrir trop vitre vos mauvaises intentions et la chute étant libre, vous perdez la tête et le dossier.

Zephanie BYILINGIRO