AFP    Afrique 12 février 2004

 Trois ans de Nepad: beaucoup de paroles, peu d'actes concrets

 Trois ans après son lancement en grande pompe, le programme du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad), qui vise à sortir le continent africain du sous-développement, a donné lieu à beaucoup de belles paroles mais peu d'actes concrets. Et des voix commencent à s'élever, notamment de la part de personnalités opposées à la mondialisation libérale, pour critiquer ce plan de développement qui ne serait, selon eux, qu'un "nouvel intrument de mendicité" initié par des chefs d'Etat acquis aux thèses libérales. Le Nepad est pourtant loué par ses initiateurs - Thabo Mbeki (Afrique du Sud), Abdoulaye Wade (Sénégal), Abdelaziz Bouteflika (Algérie) et Olusegun Obasanjo (Nigeria) - comme le symbole de la "renaissance" d'un continent marginalisé aussi bien politiquement qu'économiquement. Le projet du Nepad le plus avancé est relatif au Mécanisme africain d'évaluation par les pairs, qui doit être mis en place lors d'un sommet de chefs d'Etat vendredi et samedi à Kigali (Rwanda). Ce mécanisme - qui doit concerner cette année quatre Etats (Ghana, Kenya, Maurice, Maurice) - doit permettre aux pays africains participants de contrôler les actions menées en vue de promouvoir une bonne gouvernance, une gestion efficace et le respect des droits de l'Homme. Le 10 octobre 2003 à New York, le secrétaire général adjoint de l'Onu Ibrahim Gambari, également conseiller spécial pour l'Afrique de Kofi Annan, avait admis que, si "la mise en oeuvre du Nepad progresse", "ces efforts ne sont toujours pas suffisants". "Il faut de toute urgence trouver de nouveaux moyens de remédier au surendettement, au fléau que représente la pandémie de VIH/sida et au contexte macroéconomique", avait-il insisté. Certaines régions, comme l'Afrique centrale, sont particulièrement en retard. Dans un rapport publié le 7 août 2002 consacré au Nepad, le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, soulignait pourtant un frémissement à la hausse de l'aide publique au développement destinée à l'Afrique en 2001 et 2002. Mais il est difficile de dire si cela était lié au lancement du Nepad. Cette aide avait dégringolé dans les années 90, passant de 26,6 milliards de dollars en 1990 à 16,4 milliards en 2000. En 2001, elle s'est établie à 17,8 milliards de dollars, puis à 18,6 milliards l'année suivante, ce qui est encore loin des chiffres de 1990. Le montant total de l'aide accordée à l'Afrique reste modeste, comparé aux "énormes subventions agricoles qui sont versées aux agriculteurs des pays développés", avait souligné M. Annan. Apparemment sensible aux critiques adressées au Nepad, le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, a admis lundi qu'"après un lancement fulgurant, le Nepad connaît une petite crise de croissance, comme tous les grands projets". Beaucoup plus virulente, Aminata Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali et figure de l'altermondialisme africain, avait qualifié fin janvier à Paris le Nepad de "fuite en avant", de "nouvel instrument de mendicité" à l'égard de pays riches. Selon elle, "une poignée de décideurs africains voués au néo-libéralisme sont parvenus à dire ce que l'on a envie de faire dire à l'Afrique" sans consulter leurs populations. Pour Mme Traoré, il s'agit d'"un nouvel ajustement" qui ne fait que prendre le relais de "trente ans de plans d'ajustement structurels conduits par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale qui ont eu des conséquences désastreuses". "A ce niveau, le Nepad n'a pas entraîné une augmentation dans les échanges commerciaux ou dans l'aide au développement en Afrique", estime de son côté Herman Hanekon, chercheur à l'Africa Institute d'Afrique du Sud, interrogé par l'AFP. Avant de conclure: "Le Nepad n'a rien fait de mal car il n'a pas fait grand chose".

Hôtel INTERCONTIENTAL (qui a hebergé le NEPAD) préféré jusqu'à détruire l'hôtel des DIPLOMATES!!!!  N'y avait-t-il pas d'autres pacelles sur le plateau?????? BONNE GOUVERNANCE!

Les (nombreuses) priorités du Nepad pour une "renaissance" de l'Afrique

KIGALI, 13 fév (AFP) - Voici les (nombreuses) priorités du programme du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad), lancé en 2001 et dont un sommet doit se dérouler vendredi et samedi à Kigali:

Etablissement des conditions favorables au "développement durable" en assurant:

- La paix et la sécurité

- La démocratie et la bonne gouvernance politique, économique et d'entreprise

- L'intégration et la coopération régionale

- Le renforcement des capacités

Réforme des politiques et augmentation des investissements dans les secteurs prioritaires suivants:

- Agriculture

- Développement humain axé sur la santé, l'éducation, les sciences et technologies, le développement des compétences

- Construire et améliorer les infrastructures, y compris les Technologies de l'information et de la communication (TIC), l'énergie, les transports, l'eau, l'assainissement

- Promouvoir la diversité de la production et des exportations, plus particulièrement au niveau des agro-industries, du secteur industriel, des mines, des minerais de qualité supérieure, et du tourisme

- Accélérer le commerce intra-africain et améliorer l'accès aux marchés des pays développés

- L'environnement

Mobilisation des ressources par:

- L'augmentation de l'épargne et des investissements domestiques

- L'amélioration de la gestion des revenus et dépenses publics

- L'augmentation de la part de l'Afrique dans le commerce mondial

- L'attraction des investissements directs étrangers (IDE) et l'augmentation des flux de capitaux à travers une réduction plus conséquente de la dette et une augmentation des flux de l'APD (Aide publique au développement).

Organigramme du Nepad, un programme de l'Union africaine

KIGALI, 13 fév (AFP) - Voici l'organigramme du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (Nepad), un programme de l'Union africaine (UA) en vue d'attirer les investissements privés sur le continent le plus pauvre du monde:

- Assemblée de l'Union africaine (UA) réunie en sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA. Il s'agit de la plus haute autorité en charge du processus de mise en place du Népad.

- Comité des chefs d'État et de gouvernement chargé de la Mise en Oeuvre du Nepad (HSIC). Il comprend trois Etats par région de l'UA tel que défini par le Sommet de l'OUA (organisation de l'Unité africaine, remplacé par l'UA) en juillet 2001 et ratifié par le Sommet de l'UA en juillet 2002.

Le HSIC rend compte au Sommet de l'Union Africaine sur une base annuelle.

- Le Comité pilote du Nepad. Il comprend les représentants personnels des chefs d'Etat et de gouvernement du Nepad. Ce comité surveille les projets et les programmes de développement.

- Le Secrétariat du Nepad coordonne l'exécution des projets et des programmes approuvés par le HSIC.

- Le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP). Ce mécanisme doit permettre aux pays africains participants de contrôler les actions menées en vue de promouvoir une bonne gouvernance, une gestion efficace et le respect des droits de l'Homme.

A ce jour, 16 pays ont accepté d'adhérer à ce programme.