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ICG dénonce "la dérive autoritaire" du gouvernement rwandais

 

NAIROBI, 14 nov (AFP) - L'ONG International Crisis Group (ICG) a dénoncé "la dérive autoritaire" du gouvernement rwandais qui doit se résoudre à une "libéralisation politique", selon un rapport rendu public jeudi.

"Le Front patriotique rwandais (FPR, ancienne rébellion au pouvoir depuis concentre la quasi-totalité du pouvoir militaire, politique ou économique et ne tolère aucune remise en cause de sa gestion du pays", accuse

"Aujourd'hui, les libertés civiques et politiques sont fortement limitées, les opposants ont été contraints à l'exil et les discours contestataires à la clandestinité. La presse indépendante a été muselée et la société civile doit survivre entre répression et cooptation", s'alarme l'organisation internationale.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse et complice de cette dérive autoritaire du régime rwandais. (...) Huit mois avant la fin de la transition, le gouvernement rwandais doit se résoudre à une libéralisation politique obligée", affirme ICG.

Ses analystes estiment même que "la communauté internationale ne peut financer des élections qui n'offrent aucune garantie politique d'un minimum d'équité entre les forces en présence".

Dominé par la minorité tutsie, le FPR a pris le pouvoir en juillet 1994 et mis fin au génocide organisé et perpétré par le régime alors dominé par les Hutus, qui a fait un million de morts parmi les Tutsis et les Hutus modérés.

La période de transition, en cours depuis 1994, doit s'achever début 2003 avec l'adoption par référendum d'une nouvelle constitution, la tenue d'une élection présidentielle en juillet et la mise en place d'un gouvernement et d'une assemblée élue.

"Aucune indication n'apparaît dans les ébauches de projet constitutionnel que l'opposition politique aura une chance de participer à ces élections sur un pied d'égalité avec le FPR", juge ICG.

"Le contrôle des activités des partis politiques était jusqu'à présent justifié par la fragilité de la situation sécuritaire qu'a vécu le Rwanda depuis 1994", reconnaît cette source.

Seules huit formations politiques, réunies au sein du "forum des partis" présidé par le FPR, sont autorisées.

"La présence des milices hutu rwandaises en République démocratique du Congo (RDC), puis le soutien militaire et politique ininterrompu du régime Kabila (Joseph, président de la RDC) à ces milices depuis 1998 ont maintenu une pression sécuritaire continue sur le pays", constate ICG: "la restriction de l'espace politique s'explique également (...) par l'échec de la transition du début des années 90 et son dérapage incontrôlé menant directement au génocide".

Aujourd'hui cependant, "le FPR devrait reconnaître que son autoritarisme travaille contre les objectifs mêmes du mouvement. La répression de la critique par le gouvernement contribue à radicaliser l'opposition, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur du pays", s'inquiète ICG.

"Cette montée en puissance de l'opposition armée, et la propagation du révisionnisme et du négationnisme qui l'accompagne présente un danger pour la stabilité du pays", juge l'organisation internationale, qui affirme que le FPR "doit permettre à la critique publique de s'exprimer et ne peut rester juge et partie de la compétition politique".

 

Dépèches de l'AFP sur le Rwanda
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