Les "vérifications" Rwanda/RDC seront actives dès la semaine prochaine
Le mécanisme de vérification conjoint que les présidents congolais et rwandais, Joseph Kabila et Paul Kagamé, ont décidé de mettre en place lors d'un mini-sommet vendredi au Nigeria sera actif "d'ici la semaine prochaine", a annoncé samedi à l'AFP le ministre congolais des Affaires étrangères, Antoine Ghonda.

M. Ghonda, qui a participé au sommet d'Abuja, a rappelé que le Rwanda et la République démocratique du Congo allaient "mettre en place un mécanisme bilatéral de vérification, avec l'assistance de la Monuc (Mission des Nations unies en RDC) et de l'Union africaine (UA)".

Ce système doit permettre de s'assurer du désarmement des rebelles hutus rwandais encore présents en RDC, et de l'absence de troupes rwandaises sur le sol congolais, conformément à l'accord signé en juillet 2002 par MM. Kagamé et Kabila à Pretoria (Afrique du Sud), et réactivé vendredi à Abuja.

Concrètement, "si des informations font état par exemple de la présence de soldats rwandais dans une localité congolaise, on forme immédiatement une patrouille mixte avec des soldats rwandais et congolais, ainsi que des observateurs de la Monuc et/ou de l'UA, pour aller vérifier sur place", a expliqué le chef de la diplomatie congolaise.

"D'ici la semaine prochaine, il pourra y avoir les premières patrouilles", a-t-il ajouté, précisant que les deux pays devaient à présent régler les détails logistiques de ces opérations.

L'accord de paix de Pretoria, réactivé à Abuja, prévoit le désarmement et le regroupement des combattants hutus rwandais opposés au régime de Kigali et réfugiés depuis dix ans dans l'ex-Zaïre, puis leur rapatriement au Rwanda, en échange du retrait des troupes rwandaises de RDC.

Officiellement, Kigali a retiré son dernier soldat le 5 octobre 2002, mais l'armée rwandaise a depuis été accusée à plusieurs reprises d'avoir envoyé des hommes en RDC, et notamment depuis le début d'une "dissidence" au sein de l'armée congolaise, fin mai dans l'est du pays.

Kigali est accusé d'avoir soutenu les dissidents, qui se sont emparés pendant une semaine début juin de Bukavu, le chef-lieu du Sud-Kivu frontalier du Rwanda.

"Pour couper court à toutes les rumeurs et établir la vérité, nous avons créé ce mécanisme de vérification", a assuré M. Ghonda, estimant que M. Kagamé avait fait preuve de "bonne volonté" lors du sommet nigérian.

"Nous ne voulons pas de nouvelle guerre, au contraire nous voulons enlever tout prétexte à ceux qui veulent la guerre", a-t-il poursuivi.

Il a réaffirmé que les quelque 10.000 hommes de l'armée congolaise envoyés en renfort dans l'est de la RDC ces derniers jours devaient uniquement "restaurer l'autorité de l'Etat, régler le problème des officiers félons, et veiller à sécuriser la population".

Le Rwanda avait dénoncé ces mouvements de troupes comme une menace d'agression.

Interrogé sur le sort du colonel Jules Mutebusi, l'un des deux chefs des dissidents qui s'est réfugié lundi dernier au Rwanda avec 300 hommes après avoir abandonné à l'armée régulière la dernière localité qu'il contrôlait au Sud-Kivu, M. Ghonda a répondu que la RDC souhaitait son extradition.

"On aimerait qu'il vienne ici et soit jugé, car il y a eu des crimes horribles, comme le viol et le pillage", a-t-il affirmé