Pour alerter le système international déjà atteint par le syndrome génocide.

 Depuis que la communauté internationale a accepté dans la précipitation la responsabilité de la non assistance à population en danger, Kigali en profite et utilise le génocide pour miner et détruire la réputation que le systeme international avait acquise depuis la fin de la deuxieme guerre mondiale. Le syndrome génocide de 1994 au Rwanda a tellement atteint le système mondial que personne n'ose même se rappeler un seul instant qu'une décision sur ce génocide contre le gouvernement d’alors a été prise sans rapport circostancié d’experts ayant constaté les faits ni même qu’il eut la chance de presenter sa défence en tant que gouvernement accusé.

Mon propos ne vise pas de renier les faits du génocide approuvé mais de faire remarquer les conséquences sur les grandes décisions de portée internationale biaisées par l’ effet du syndrome génocide qui détourne l’attention de l’analyste culpabilisé et symplifie les conclusions au détriment du professionalisme reconnu aux institutions internationales. Pour me faire comprendre, imaginez aujourd’hui une décision qui peut être prise par une quelconque instance contre le Rwanda, comme cela s’est passé en Irak, au Liberia ou en Yougoslavie, sans un accord préalable des autorités de Kigali. Si je rappelle le cas de Carl del Ponte, renvoyée à La Haye pour avoir trouvé la cause du blocage des dossiers au TPIR et proposé une solution sans tenir compte du goût de Kigali, c’est juste pour illustration.

Imaginez que dès l’invasion du Zaïre par le Rwanda, celui-ci a aussitôt démanti les affirmations du pays agressé selon lesquelles le Rwanda serait derrière les troubles de l’Est du Congo sans être contredit. Plustard, lorsque Kigali a confirmé sa présence au Congo, la communauté internationale a trouvé fondée son argumentation sécuritaire sans se rendre compte que Kigali s’était rendu maitre du port de Matadi (Ouest du Congo) et de Kinshasa, le rwandais James Kabarebe s’étant fait proclamé chef d’état-major de l’armée congolaise. Apres 8 ans, le Congo paie encore le prix d’avoir été envahi alors qu’au Kuwait il a sufit un coup de fil pour bouter l’envahisseur.

 Imaginez ce que sont devenus les rapports d’experts faisant état de crimes de l’armée du FPR contre les camps de réfugiés hutu rwandaais et Burundais, la population civile congolaise et les crimes économiques dont cette armée s’est rendue coupable lors de son séjour forcée au Congo/Zaïre. Bien que ces rapports soient plus circonstanciés que ceux ayant été à la base des décisions du Conseil de Sécurité de l’ONU sur le génocide au Rwanda, ils ont été frappé de nullité sans appel.

 Kigali a reçu les faveurs dues aux bons élèves en matière de bonne gouvernance par l’une des institutions de réputation mondiale au moment où le pays venait même de vendre son patrimoine aux étrangers sans aucun intérêt économique ni un minimum de respect des règles de vente publique. Aujourd’hui, le pays est sans eau ni électicité; la vallée est vendue, le peuple crève de misère.

 Le Tribunal Pénal International d’Arusha, conçu et monté en toute pièce par l’ONU pour juger les crimes relevant du droit international commis au Rwanda et dans les pays voisins durant l’année 1994, se contredit chaque jour, selon les humeurs de Kigali, au regard complaisant de cette même ONU. Il est absurde que l’ONU, connaissant la mission qu’elle avait confiée au TPIR, se taise devant le refus de celui-ci de mener une enquête sur l’attentat d’un avion civil qui a été détruit par des missiles en descente d’atterrissage, le 6 avril 1994, à Kigali. Personnellement, je n’arrive pas à comprendre la logique d’un génocide conçu, préparé et exécuté par un gouvernement dont le doyen est déclaré innocent. Ne s’agirait-il pas d’un génocide dont les planificateurs sont encore non identifiés pour rester plus coherents eu égard aux enquêtes qui continuent et aux emprisonnements de Kigali qui contralient toute la thèse des hutu modérés.

 Aujourd’hui, on parle encore du transfert au Rwanda des dossiers judicaires qui relèvent de la compétence de cette institution internationale pour autoriser l’accasation à juger la défense et/ ou la défense à se juger elle-même. Dans la plaie de l’épée des victimes silecieux le TPIR y enfonce le clou au marteau judiciaire. Qui vivra verra les rapports ou communiqués de l’UA sur le Congo (R.D) depuis que le Rwanda assure la vice-présidence de cette organization panafricaine pour comprendre que l’effet génocide rwandais est arrivé dans le système comme une tâche de sang tombe sur un tablier blanc. Les dossiers internationaux traités sous couvert du génocide rwandais gardent la même tâche (syndrome) discréditant ainsi les institutions qui étaient supposées être à dimension et vocation internationales. Est-il réellement difficile de voir un jeu d’enfant dans la fabrication de la mission de l’armée du FPR au Soudan alors qu’elle n’est pas encore blanchie de son implication au génocide et que le pays ne laisse pas passer une seconde sans crier au secours mondial pour justifier sa présence armée au Congo? Le monde a-t-il oublié si vite que cette même armée s’était battue avec l’armée ougandaise à Kisangani (R.D.Congo) alors qu’officiellement seule l’armée rwandaise se trouvait au Congo et pour chasser les génocidaires? – Qui va verifier si ce ne sont pas les soudanais du sud qui sont envoyés au Darfur par Kigali, de la meme facon que personne ne peut prouver que l’armée sud africaine envoyée au Congo ne compte pas parmi elle les éléments armés du FPR.

On a tendance à oublier aussi les Accords de Paix et de partage du pouvoir entre Hutu et Tutsi rwandais à Arusha. Les Tutsi (moins de 15% de la population) s’étaient imposés avec plus ou moins 40% des parts dans l’adminisatration de l’Etat, au commencement de la transition. Tout le monde sait que cette formule est restée sur papier. Après transition, le partage n’est même plus de mise. Voilà que le syndrome affecte les voisins du sud qui eux imposent chez-eux la formule 40-60 après transition, indépendamment des resultats des élections qui, du reste, ne peuvent pas conclure à un tel partage. Dès lors, quel est le sens que les tenants de cette formule donnent-ils à l’égalité des hommes devant la loi? Quel est le sens des elections et quelle formule électorale - pense-t-on - pourra justifier qu’un Hutu cède 25% au tutsi alors que c’est celui-ci qui doit au premier?

Cette tendance à oublier accrèdite l’Afrique du Sud comme “médéateur” dans les crises politiques en Afrique centrale. Cela s’entendait avec la disparition tragique de Mwalimu Nyerere que Nelson Mandela prenne la relève, c’était plus que normal. Les gens confondent cependant Mandela et l’Afrique du Sud. L’expérience de Mandela est différente de celle des autres qui l’entourent. Son dauphin a la même expérience que celle de l’homme fort de Kigali et c’est l’équipe de celui-là qui conçoit les formules de partages négociés du pouvoir au Congo et au Burundi. Ce sont ses compagnons de lutte qui dirigent au Rwanda, Uganda, Ethiopie, Erithree et ailleurs. C’est lui qui est allé à Paris négocier la mise sous scellage du rapport du juge Bruguière sur l’attentat qui est à la base du génocide au Rwanda. C’est encore grâce à l’ Afrique du Sud de l’après Mandela que la rencontre entre francais et rwandais de Kigali pour négocier les derniers accords de mémoire du génocide viennent d’avoir lieu. Ce n’est pas sans surprise que dans ces circonstances de trou de mémoire et de familialité que le professionalisme cède la place au syndrome pour retrouver au sommet de l’organization panafricaine un homme déjà démi de ses fonctions pour corruption par les représentants du peuple de son Etat mais imposé par force pour être transféré plustard à l’Union Africaine pour veiller aux intérêts de son patron au risque de discréditer et même détruire l’institution continentale.

Faut-il rappeler que dans l’histoire de l’organisation continentale, seul le Rwanda, en moins de dix ans, a opposé un veto, à deux reprises, aux résolutions de cette organization, foulant aux pieds l’unité panafricaine pour finalement constater qu’il s’y impose aujourd’hui en maitre absolu? Faut-il rappeler que seul le Rwanda a osé décreter nul et non avenu un ambargo contre le Burundi au lendemain du deuxieme coup de force du major Pierre Buyoya avant de revenir sur sa decision de lui-même sans objection de la communauté internationale! Peut-on faire une pause un instant, revoir un peu l’empleur des erreurs commises par la non assistance à population en danger, en comprendre les causes et réflechir sur les conséquences genocidaires de la culpabilité sur d’autres populations qui en ont resulte? La non intervention de la communauté internationale au Rwanda est sans aucun doute le resultat d’une pression politique sur demande du FPR lui-même qui, considerant qu’elle était sans objet, menacait d’attaquer toute force d’intervention.

 Cette injonction des supposés victimes du genocide soulève de la part des plus généralement lucides le problème de fond sur le génocide lui-même. Sans compremettre les décisions prises antérieurement, les décideurs peuvent-ils se rendre à l’évidence que quoique les faits caractérisés par le génocide au Rwanda sont globalement valables et juridiquement incontestables mais relèvent d’un échantillonage tiré sur un champ donné et son étude ne peut, en aucun cas, donner meilleur résultat qu’ une analyse exhaustive du champ lui-meme? De ce fait, pourquoi multiplier les erreurs aux risques incalculables au lieu de tirer les leçons de ces erreurs et faire du génocide non pas une ombre humaine mais son défi. Un génocide ne justifie pas un ou deux autres, un Tutsi ne vaut pas deux Hutu ou trois congolais et la culpabilité permanente par manque de lucidité conduit au suicide. Ce n’est que le jour qu’on réalisera que ce syndrome est une réalité qu’on pourra relever le défi.

Zephanie BYILINGIRO