http://www.hirondelle.org/arusha.nsf/Francais?OpenFrameSet
 
Agence Hirondelle d'information, de documentation et de formation, Arusha (Tanzanie): News


08.04.06

TPIR/RWANDA - UN AVOCAT DU TPIR TAPE DU POING SUR LA TABLE EN EVOQUANT LA MISE EN ACCUSATION DE KAGAME

Arusha 7 avril 2006 (FH) - Un avocat plaidant devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Me Peter Erlinder, a affirmé vendredi que le président rwandais, Paul Kagame, devait être mis en accusation au vu des preuves et des témoignages accumulés contre lui par le TPIR.

Cet éclat intervient alors que le Rwanda célèbre l'anniversaire du génocide. Le TPIR s’efforce depuis douze ans de juger et de mettre en accusation les auteurs présumés du génocide sans jamais mettre en cause leurs anciens adversaires arrivés au pouvoir.

Le mandat de ce tribunal, créé quelques mois après le génocide, permettrait pourtant de le faire car il couvre non seulement les auteurs du génocide mais aussi les auteurs de crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis en 1994 dans le pays.

Erlinder, qui est Américain, défend Aloys Ntabakuze, l’ancien major commandant le bataillon de para- commandos, un bataillon d’élite.

Avocat reconnu parmi la centaine exerçant au sein du TPIR, ancien président de l’ordre des avocats américains, Erlinder a prétexté l’annonce d’une visite d’Etat du président rwandais Paul Kagame au Canada pour mettre en garde le gouvernement canadien.

Selon lui, des éléments dont dispose la Cour et auquel le gouvernement canadien peut accéder, prouvent que le Front patriotique rwandais (FPR, ancien mouvement rebelle actuellement au pouvoir à Kigali) était la seule force militaire capable d’interrompre le génocide mais qu’il l’a laissé se perpétuer.

D’après plusieurs témoignages et des documents des Nations unies qu’il évoque, l’armée régulière rwandaise n’était pas en mesure de le faire car elle luttait depuis 4 ans en situation d’infériorité contre l’invasion rebelle. Il cite pour appuyer ses propos le général Roméo Dallaire, ancien responsable militaire des Nations Unies au Rwanda, ainsi que l’ambassadeur américain à Kigali à l’époque.

L’avocat américain évoque également le témoignage d’un ancien officier du FPR, le lieutenant Abdul Ruzibiza, qui a accusé le FPR et son chef Paul Kagame d’avoir tiré les deux missiles contre l’avion du président Juvénal Habyarimana donnant ainsi le signal du début du génocide.

Kagame, dit-il, a ordonné l’assaut final de ses troupes avant que la moindre action en représailles de l’attentat contre l’avion du président n’ait été signalé dans le pays. De même alors que l’armée rwandaise a proposé à plusieurs reprises un cessez- le- feu afin d’interrompre les massacres, le FPR l’a refusé.

Kagame lui-même aurait été présent lors d’un massacre survenu au stade de Byumba au nord du pays dans une zone contrôlée par le FPR et où des dizaines de milliers de civils auraient été tués, ajoute-t-il.

Pour toutes ces raisons, il affirme qu’une requête est en préparation pour demander la mise en accusation de Paul Kagame pour meurtre, conspiration en vue de commettre un meurtre et divers crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Il conclut que les charges contre son client et d’autres responsables de l’armée, actuellement jugés pourraient être lancés contre les vainqueurs de 1994.

PB/GF

© Agence Hirondelle

 

 

Agence Hirondelle d'information, de documentation et de formation, Arusha (Tanzanie): News


05.04.06

TPIR/ MILITAIRES I - PAS DE PREUVE D’UN PLAN DE GENOCIDE EN 1994 (EXPERT DE LA DEFENSE)

Arusha, 4 avril 2006 (FH) - Le père belge Serge Desouter, cité comme expert par la défense dans le procès de quatre officiers de l’ancienne armée rwandaise a affirmé mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qu’il n’y a de preuve d’un plan de génocide contre les Tutsis en 1994.

«Mon point de vue général est qu’on n’a pas prouvé un plan, quand il a été fait, qui l’a fait et comment, et ce qu’il y a dedans», a estimé l’expert.

D’après lui, le terme génocide a été utilisé par l’ex-rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) actuellement au pouvoir «à des fins politiques et économiques, en amassant des fonds qui lui permettaient de maintenir une armée surdimensionnée».

Serge Desouter a indiqué que les anciennes Forces armées rwandaises (FAR), dont faisaient partie les accusés, n’avaient pas planifié le génocide des Tutsis, contrairement aux allégations du procureur du TPIR.

Le témoin a vécu au Rwanda de 1968 à 1986 en tant que missionnaire. Il témoigne comme expert en histoire et en droits de l’homme.

Il a déclaré que l’histoire de la tragédie rwandaise de 1994 «n’a pas été correctement rapportée». Selon lui, la source du mal rwandais réside dans l’invasion du pays, en 1990, par le FPR. «Il n’est pas correct de dire que les FAR ont préparé un génocide depuis longtemps comme si l’invasion (du FPR) n’était qu’un aspect anodin», a-t-il déclaré.

Le père Desouter s’est à l’occasion attaqué à un témoin expert du parquet, l’historienne américaine Alison Des Forges, qui avait soutenu l’existence de ce plan. Desouter a reproché à Mme Des Forges d’accorder peu d’importance à l’attaque menée contre le Rwanda par le FPR en 1990.

De l’avis du père belge, le FPR a réussi à faire admettre qu’il y a eu génocide au Rwanda «pour faire oublier ce qu’il a fait durant les quatre années de guerre, et ce qu’il allait faire plus tard, notamment dans le Kivu».

Fin 1996, une rébellion congolaise soutenue notamment par le Rwanda avait détruit les camps de réfugiés hutus rwandais au Kivu, faisant quelque 200 000 morts, avant de s’emparer du pouvoir à Kinshasa.

Sont jugés dans ce procès dit «Militaires I», l’ancien directeur de cabinet au ministère rwandais de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, l'ancien responsable des opérations militaires à l'état major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (nord-ouest), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva ainsi que l’ancien commandant du bataillon para- commando de Kigali, le major Aloys Ntabakuze.

Les quatre officiers plaident non coupable de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Leur procès a débuté en avril 2002.

GA/AT/GF

© Agence Hirondelle