Alison Desforges, interdite au Rwanda.
Lu dans la Lettre du Continent n°554 du 11 décembre 2008 (Page 2) :

Principale conseillère d’Human Rights Watch (HRW) sur l’Afrique, Alison DESFORGES qui avait coordonné le rapport sur le génocide au Rwanda, a été à nouveau interdite d’entrer dans ce pays le 2 décembre. Arrivée sur le vol de SN Bruxelles, elle s’est vue notifier cette interdiction par un officier monté à bord de l’appareil. Malgré l’intervention de plusieurs ambassades occidentales, Alison Desforges est repartie vers Bruxelles à bord du même appareil… En septembre, cette historienne diplômée de Yale avait été bloquée, pendant trois jours, au poste frontière du Burundi. Elle avait fini par faire demi-tour. En juin, HRW a publié un rapport très critique sur l’état de la justice et des droits de l’homme au Rwanda ».

 

Arusha, 17 décembre 2008 (FH) 
L’organisation internationale de défense des droits de l’homme Human Rights watch (HRW) a exhorté le procureur en chef du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à engager des poursuites judiciaires relativement aux crimes allégués de l’ancienne rébellion du Front patriotique rwandais (FPR, actuellement au pouvoir à Kigali), dans une lettre ouverte reçue mardi à l’agence Hirondelle.

 
Tout en saluant le travail du tribunal pour les jugements des principaux auteurs du génocide de 1994, HRW affirme que le FPR « a tué des milliers de civils » en 1994.
 
« Comme vous le savez, les crimes allégués du FPR ont été bien documentés par une commission d’experts des Nations unies qui a conclu que le FPR a commis des violations graves du droit pénal international et des crimes contre l’humanité », écrit l’organisation dans sa lettre ouverte.
 
«Ces crimes n’étaient pas de la même nature, ni de la même échelle que le génocide, mais ce sont des crimes graves qui rentrent dans le mandat du TPIR », écrit l’organisation qui souligne que « les victimes de ces crimes ont aussi droit à la justice».
 
« Permettre que ces crimes soient jugés au Rwanda n’est pas une alternative acceptable », estime cette organisation basée à New York. « Les chambres de première instance du TPIR ont conclu, à trois reprises, dans des décisions confirmées en appel qu’il persiste des obstacles sur la possibilité de procès équitables dans des affaires de génocide au Rwanda », rappelle HRW qui doute de « la volonté politique du Rwanda de rendre une justice complète aux victimes de crimes du FPR ».
 
« Il est essentiel pour vous de notifier au Conseil de sécurité que le TPIR aura besoin de délais pour les procès du FPR », ajoute HRW pour qui, ignorer les crimes allégués de l’ancienne rébellion compromettra «la légitimité » du tribunal « aux yeux de générations futures ».
 
Selon HRW, le procès des militaires jugés à Kigali ces derniers mois pour le meurtre de 14 religieux dont trois évêques à Kabgayi en  Juin 1994, a été "un echec". Ce procès, qui s'est déroulé après que le TPIR avait transmis le dossier aux autorités rwandaises, a abouti en octobre dernier à deux acquittements et deux condamnations à huit ans d'emprisonnement.
 
L’historienne américaine Alison Des Forges, responsable de la division Afrique à HRW, est l’un des principaux témoins experts de l’accusation dans des procès au TPIR.
 
Jusqu’à présent, ce tribunal créé par les Nations unies ne juge que les dignitaires de l’ex-régime hutu sous lequel fut perpétré d’avril à juillet 1994, le génocide dans lequel ont été tuées, selon l’ONU, près de 800.000 personnes, essentiellement d’ethnie tutsie. 
PB/GF 
© Agence Hirondelle