CENTRE DE LUTTE CONTRE L’IMPUNITE
ET L’INJUSTICE AU RWANDA
BP 141  Bruxelles 3                                                                   Bruxelles, le  10 juillet 2006
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COMMUNIQUE  n° 92/2006
 
Rwanda : Emprisonnement arbitraire de Monsieur Bangamwabo Stanislas, un homme intègre
 
            Lentement mais sûrement, les derniers intellectuels et hommes d’affaires Hutu intègres, qui n’avaient rien à se reprocher et qui tentaient de reconstruire leur pays, sont assassinés, contraints de s’exiler ou emprisonnés arbitrairement au Rwanda. L’une des victimes récentes de cette liquidation aveugle de citoyens Hutu est Monsieur Stanislas BANGAMWABO arrêté arbitrairement ce vendredi 7 juillet 2006. Ce travail macabre de liquidation physique, économique et/ou judiciaire de l’intelligentsia Hutu est confié à la DMI (Directorate of Military Intelligence)[1] qui se charge de planifier et de faire aboutir des complots de nature judiciaire ou autre contre des Hutu innocents depuis 12 ans. Ces complots criminels aboutissent généralement aux arrestations et détentions arbitraires grâce à un réseau très impressionnant de « syndicats de délateurs » créés, entretenus, protégés et implantés dans tout le pays par la junte militaire du président rwandais, le Général Paul KAGAME. Cette junte militaire Tutsi jouit d’un pouvoir occulte (une sorte de « gouvernement parallèle ») qui noyaute, contrôle et paralyse toutes les institutions officielles de l’Etat Rwandais telles que la Magistrature, le gouvernement, le Sénat, le Parlement, la police, etc.
Cette élimination massive et continue de l’intelligentsia Hutu est favorisée par les financements aveugles et sans conditions octroyés au régime de Kigali par des pays occidentaux tels que les USA, le Canada, la Belgique, l’Angleterre et d’autres pays de l’Union Européenne. Selon le modus operandi devenu classique depuis 12 ans, tout intellectuel Hutu à liquider est livré en pâture à ces implacables « syndicats de délateurs » qui se déchaînent et rivalisent dans l’art de mentir devant leur nouvelle tribune que sont devenus les tribunaux GACACA qui recommenceront à fonctionner le 15 juillet 2006. 
 
Depuis qu’ils fonctionnent dans tout le pays le 10 mars 2005, l’emprisonnement arbitraire et massif des centaines de cadres, de fonctionnaires et d’intellectuels Hutu a convaincu tous les observateurs et organismes des droits humains que les juridictions GACACA ont été complètement détournées de leurs objectifs pour servir d’instrument criminel dans les mains d’extrémistes tutsi, qui se sont donnés des moyens de réprimer et d’exclure à volonté des Hutu innocents. Ainsi, cette capacité des autorités rwandaises de « travestir la vérité, donner le change, manier l’intrigue et le mensonge » leur permettra de jeter en prison plus de 761.448 nouveaux suspects du génocide dont 54.573 personnes sont déjà catégorisées.
 
Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR)* condamne l’emprisonnement arbitraire de Stanislas BANGAMWABO arrêté ce vendredi le 7 juillet 2006 vers 20h suite à une procédure judiciaire apparemment maffieuse comme cela devient la coutume dans les juridictions rwandaises.  Provisoirement, Bangamwabo peut recevoir ses médicaments et son régime alimentaire suite à une autorisation incomplète délivrée à son épouse le 8 juillet 2006. Une signature du directeur de prison devrait la compléter.
 
Monsieur BANGAMWABO Stanislas est persécuté depuis 1997 :
 
En réalité, le chantage et les persécutions judiciaires contre Bangamwabo n’ont jamais cessé depuis 2001, année où il a comparu devant le tribunal GACACA de la cellule RWIMBOGO, secteur NYANDUNGU, commune KANOMBE. Une recommandation de la justice rwandaise l’obligea à ne plus voyager hors du Rwanda tant que son procès ne sera pas terminé. Depuis 2001, son pays devint ainsi une prison à ciel ouvert car toutes les dates de comparution lui fixées ont continuellement été reportées sans justification valable.
Dès lors, il lui fut impossible de respecter ses visites médicales à l’Hôpital universitaire UCL à Bruxelles où il était suivi, depuis longtemps, pour ses problèmes de santé. Il lui fut impossible de faire des voyages d’affaires pour la société commerciale SOCOBICO dont il est Directeur administratif depuis le 2 mars 1985. Ainsi, en 2002, il n’a pas pu assister au mariage de sa fille en Belgique.
 
En effet, depuis 1997, il avait déjà fait l’objet de plusieurs fausses accusations de meurtres et de vols de la part des personnes qui cherchent uniquement à lui prendre ses biens et à le priver de liberté voir même à le supprimer en tant que Hutu. Progressivement, Monsieur BANGAMWABO a dû faire face à un « syndicat de délateurs » dont les principaux meneurs sont les suivants :
 
La 1ère personne est Madame Caritas Kabagwira, épouse de feu Jean Berchmans Rwakabayiza alias « Militant » (fils de Saulve), qui l’a accusé d’avoir tué son époux. Devant le tribunal Gacaca qui a eu lieu, le 10/01/2004, Mr. Bangamwabo a pu prouver avec des témoignages et des faits concrets à l’appui qu’il est innocent, car il était absent au moment du crime (cfr lettre adressée au Président du tribunal Gacaca dans la région de Kanombe ).
Or, Mme Caritas Kabagwira était à Kibuye avec tous ses enfants au moment où son mari fut tué. Elle n’a jamais cité les noms des personnes qui lui auraient dit que le coupable était Bangamwabo.
La belle soeur de Mme Caritas Kabagwira, Mme Joséphine MUNYERI (sœur de Jean Berchmans Rwakabayiza et veuve de Monsieur Habiyaremye Laurent (ancien directeur de l’Office Rwandais du Tourisme et des Parcs Nationaux mort de maladie en Italie) a révélé à Mr Bangamwabo «qu’elle a essayé en vain d’empêcher sa belle sœur Caritas de l’accuser injustement, mais que celle-ci lui a répondu qu’elle ne tirerait aucune indemnité matérielle de la part des véritables assassins de son époux».
Au lieu d’acquitter Bangamwabo, les juges GACACA de Kanombe se sont contentés de suspendre le dossier en attendant que d’autres fausses accusations leur parviennent.
 
Par ailleurs, un prisonnier relaxé (qui veut garder son anonymat pour des raison de sécurité  car il vit encore au Rwanda) a raconté à Mr. Bangamwabo  que quand il était encore en prison, des agents de la DMI (Directory of Military Intelligence) l'ont contacté  pour lui demander de témoigner à charge devant le Tribunal  Gacaca, moyennant une remise en liberté. Il devait mentir et affirmer qu’il avait vu Mr Bangamwabo tuer des gens
sur une barrière à Kanombe. Cet  ancien prisonnier a refusé de succomber à la délation car il ne pouvait pas confirmer des faits qui sont survenus dans une région qu'il n'avait jamais habitée.
 
La 2ème personne est un militaire du F.P.R., Monsieur GASORE Jean Paul, qui l’accuse de l’avoir vu tuer 37 personnes dans le camp militaire de Kanombe en Novembre 1990 (dont certains soldats du FPR prisonniers de guerre : cfr Procès verbal du Parquet Général de Kigali. Cette accusation est fausse car, Mr. Bangamwabo avait démissionné dans l’armée rwandaise (F.A.R.) le 8 juillet 1987. Etant devenu un civil et homme d’affaires au moment des faits, il n’avait aucun intérêt et aucun pouvoir de fusiller des gens dans un camp militaire.
 
Qui est Stanislas BANGAMWABO ?
 
Monsieur Bangamwabo est un ancien Colonel qui a démissionné des anciennes Forces Armées Rwandaises (FAR) en 1987. Il est originaire du secteur Ryinyo dans l’ancienne commune NKULI, en préfecture de Ruhengeri au nord-ouest du Rwanda. Cet intellectuel Hutu fait partie des officiers rwandais de la 3ème promotion qui ont terminé en décembre 1963 l’Ecole Supérieure Militaire de Kigali. Après l’acceptation de sa démission par l’Arrêté présidentiel du 8 juillet 1987, il s’est ensuite reconverti dans les affaires en tant qu’actionnaire et membre fondateur de la SOCOBICO (Société de Commercialisation des Biens de Consommation créé en 1975) dont il est devenu le Directeur Administratif depuis le 2 mars 1985. La SOCOBICO est une société commerciale qui a développé deux principales activités :
1)      L’importation des produits alimentaires, des matériaux de construction et des articles d’habillement.
2)      La SOCOBICO a créé une petite usine de production des papiers de toilette (WC) à partir des gros rouleaux de papier hygiénique importés d’Europe.
Parmi les membres fondateurs de cette société commerciale, il y a le Colonel Stanislas BISERUKA, qui a facilité la réintégration de Mr BANGAMWABO à la SOCOBICO. Le Colonel Biseruka est maintenu en prison arbitrairement depuis 2003 pour fausse accusation de divisionnisme (Il avait été libéré après sa peine de trois années de prison pour une affaire civile. Il fut remis en prison sous prétexte qu’il aurait prêché le « divisionnisme pendant son séjour en prison).
 
Après avoir perdu sa première épouse, Madeleine NYIRAMIVUMBI, Bangamwabo a épousé en second mariage son actuelle femme, Madame Thérèse KAKUZE.
En juillet 1994, il a fui les combats jusqu’à l’Est de la RDC d’où il est rentré en août 1995.
 
Ce qui se passe pour le cas de BANGAMWABO ressemble étrangement à la situation similaire vécu par un autre homme d’affaires Hutu, Monsieur Charles MPORANYI, directeur et grand actionnaire de la Société Rwandaise d’Assurances (SORAS) en 1996.
 
Bangamwabo possède beaucoup de biens immobiliers dans la ville de Kigali et de Ruhengeri qui attire la convoitise des syndicats de délateurs soutenus par la Directorate of Military Intelligence (DMI) devant les juridictions rwandaises dont les magistrats sont soumis au dicktat du Front Patriotique Rwandais (parti-état au pouvoir au Rwanda).
 
Plusieurs anciens militaires Hutu retraités ou non intégrés dans l’Armée Patriotique Rwandaise (ancienne appellation des Forces Rwandaises de Défense (FRD) ont été assassinés systématiquement parfois avec leurs membres de famille. Les exemples sont nombreux. Citons quelques cas : Colonel Stanislas HAKIZIMANA, Colonel SEBAHIRE, Major BIZABARIMANA Laurent, Lieutenant Colonel NZABANITA Augustin, Lt Colonel CYIZA Augustin, Major UWIMANA François-Xavier, etc…
 
RECOMMANDATIONS : Le Centre recommande la libération immédiate de Monsieur Bangamwabo Stanislas, celle des autres intellectuels et hommes d’affaires détenus arbitrairement, celle du Lieutenant Colonel Cyriaque HABYARABATUMA et du Colonel Stanislas BISERUKA ainsi que celle d’autres militaires ex-FAR ou ceux de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) emprisonnés arbitrairement depuis plusieurs années.
 
 
Pour le Centre, MATATA Joseph, Coordinateur.
 
 
 
 
CLIIR* : Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda est une association de défense des droits humains basée en Belgique, créée le 18 août 1995. Ses membres sont des militants des droits humains de longue date. Certains ont été actifs au sein d’associations rwandaises de défense des droits humains et ont participé à l’enquête CLADHO/Kanyarwanda sur le génocide de 1994. Lorsqu’ils ont commencé à enquêter sur les crimes du régime rwandais actuel, ils ont subi des menaces et ont été contraints de s’exiler à l’étranger où ils poursuivent leur engagement en faveur des droits humains.


[1] La DMI (Directorate of Military Intelligence) est une véritable « machine à tuer », une sorte de GESTAPO Tutsi créée et dirigée par le président rwandais et président du FPR (Front Patriotique Rwandais), le Général Paul KAGAME. La DMI a impunément assassiné et fait disparaître des milliers d’opposants politiques (réels ou supposés) et de citoyens rwandais Hutu et Tutsi depuis plus de 11 ans»
 


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