Human Rights Watch accuse
CONGO (RDC) - 24 juin 2002- par CHEIKH YÉRIM SECK

« Il fallait attirer l'attention de la communauté internationale sur l'usage de la violence sexuelle comme arme de guerre par toutes les parties au conflit dans l'est de la RDC. Les souffrances endurées par des centaines de femmes et de filles ont jusqu'ici été moins connues que le pillage des ressources naturelles du pays », indique l'auteur du rapport présenté par l'organisme américain de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW), le 20 juin, à Bruxelles. Intitulé La Guerre dans la guerre : violences sexuelles contre les femmes et les filles de l'est de la RDC, ce document de 114 pages a été rédigé par une historienne allemande, responsable des relations avec les ONG à la division Afrique de HRW. Juliane Kippenberg a mené une enquête de terrain, entre octobre et novembre 2001, accédant non sans risques à la région du Kivu via le Rwanda voisin.

Tant les victimes que les ONG, les responsables religieux et les personnels médicaux ont confirmé l'existence d'un recours systématique aux viols et autres violences sexuelles dans les régions de l'est de la RDC occupées par les forces rwandaises et administrées par leurs alliés congolais du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). En cause : les soldats de l'armée rwandaise et du RCD, les rebelles congolais Maï Maï, ainsi que les groupes armés dissidents rwandais et burundais.

Pour mettre fin à ces violences qui traumatisent les victimes et les exposent au rejet de leur communauté et au risque de contagion du sida, Human Rights Watch a formulé plusieurs propositions. L'ONG suggère notamment à la communauté internationale d'exercer des pressions pour que le Rwanda et ses alliés se retirent de l'est de la RDC. Elle réclame par ailleurs l'organisation d'une enquête internationale, qui serait suivie de sanctions, sur tous les crimes de guerre commis dans ce pays depuis le milieu des années quatre-vingt-dix. Elle préconise enfin l'octroi d'une aide médicale et financière aux victimes, notamment par le biais de la prévention ou des soins contre le sida.