Affaire Karegeya: déclarations sans précédent des Etats-Unis à l'égard du Rwanda

Jen Psaki, porte-parole du Département d'Etat américain, le 7 janvier 2014.
AFP Photo/Paul J. Richards

Par RFI

A la veille de l'enterrement de Patrick Karegeya, les Etats-Unis ont tenu des propos sans précédent sur cette affaire. Lors d'une conférence de presse, la porte-parole du département d’Etat américain a renouvelé la condamnation du meurtre de l'ancien chef des renseignements extérieurs du Rwanda dont le corps avait été retrouvé le 1er janvier dans un hôtel de Johannesburg. Mais Jen Psaki est allé plus loin en disant que Washington était « troublé par une succession de meurtres d'exilés rwandais qui semblent avoir une motivation politique ». Washington qui se dit également très inquiet des récentes déclarations du président rwandais.

 

 
Selon plusieurs sources diplomatiques, le gouvernement américain s'était dans un premier temps contenté d'un avertissement officieux à l'égard de Kigali. Mais il y a eu cette déclaration de la porte-parole du département d'Etat, Jen Psaki :

« Nous sommes troublés par une succession de meurtres d'exilés rwandais importants, meurtres qui semblent avoir une motivation politique. Les déclarations récentes du président Kagame à propos, "des conséquences pour ceux qui trahiraient le Rwanda", nous inquiètent au plus haut point. »

 → A (RE)LIRE : Affaire Karegeya: Washington condamne le meurtre

« La trahison a des conséquences », avait prévenu Paul Kagame dimanche. « Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une victime », avait-il poursuivi, sans jamais citer le nom de Patrick Karegeya. Un faux pas diplomatique, selon un expert sur le Rwanda, qui ajoute que ce durcissement de ton de la part des Etats-Unis était dans la continuité d'un progressif revirement de Washington à l'égard de Kigali, notamment après les accusations de soutien à la rébellion congolaise du M23.

 → A (RE)LIRE : le compte-rendu de la déclaration de Jen Psaki (en anglais)

 ► A (RE)VOIR : la conférence de presse de Jen Psaki (en anglais)

 
Le Rwanda abordé à 53'25

 

Première réaction rwandaise

Interrogé sur Twitter à propos de ces déclarations et sur une éventuelle réaction officielle de son pays, le représentant adjoint du Rwanda auprès de l'ONU, Olivier Nduhungirehe a déclaré que « la réaction officielle viendra des résultats de l'enquête sud-africaine ». « Ce n'est pas la première fois d'un officiel américain essaie de faire la leçon à un chef d'Etat africain », a-t-il déclaré ajoutant que « les États-Unis devraient s'occuper d'al-Qaïda et laisser les Rwandais s'inquiéter du terrorisme auquel ils font face ». Le représentant adjoint du Rwanda auprès du conseil de l'ONU a précisé à RFI qu'il s'exprimait à titre personnel et pas au nom de la diplomatie rwandaise.