(L'Indépendant (ml) 28/03/2011)

NOS DIRIGEANTS SONT DES PEUREUX, DES HYPOCRITES, ...

En marge de la Grande marche de soutien à Mouammar Kadhafi, organisée par la Coalition malienne de soutien à la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne contre l'ingérence occidentale, Modibo Sangaré, en sa qualité de membre du Comité des Sages de l'Union des Jeunes Musulmans du Mali (UJMMA), nous a accordé une interview devant l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique où il a enflammé la foule venue nombreuse, ce 25 mars, pour protester contre "l'agression des Occidentaux contre la Libye".

Connu pour son franc-parler, Modibo Sangaré, qui est également ancien candidat à l'élection présidentielle de 2002, n'a pas mâché ses mots pour fustiger l'attitude des dirigeants de nos Etats, dont beaucoup étaient pourtant des abonnés permanents à la table de Kadhafi, pour leur attitude timorée voire hypocrite face à ce qui arrive aujourd'hui au Guide de la Révolution libyenne.

L'Indépendant : Quelles sont vos réelles motivations en participant à cette marche de soutien à Mouammar Kadhafi?

Modibo Sangaré : D'abord en tant que musulmans, nous agissons par principe. Parce que la politique de deux poids deux mesures nous indigne et nous révolte. Nous ne pouvons pas comprendre qu'
il y a un pays qui n'a jamais respecté une seule résolution des Nations Unies, en l'occurrence Israël. Là, l'Occident ferme carrément les yeux sur les faits et gestes abominables de cet Etat. Par exemple, en janvier 2008, le peuple palestinien a été bombardé. Pratiquement 1400 personnes en sont mortes dont des femmes et des enfants. Mais la communauté internationale n'a pris aucune sanction contre l'Etat hébreux. Ce sont donc les pays musulmans qui subissent cette politique de deux poids deux mesures. C'est une justice à deux vitesses : d'une part, les Occidentaux laissent crever le peuple palestinien et de l'autre ils disent défendre le peuple libyen. Ce sont donc des hypocrites ces puissances occidentales qui n'ont de démocratie que de nom. Ce sont des injustes, des pilleurs, des criminels, des voleurs. Sarkozy est un criminel, un assassin, un fanfaron. D'autre part, Kadhafi a beaucoup fait pour l'Islam au Mali, à travers, par exemple, la formation des cadres dans des universités de Benghazi et d'autres villes, la construction de centres culturels islamiques, de mosquées et la prise en charge, par le biais de l'Appel Islamique Mondial, de certains professeurs arabes enseignants dans des médersas arabes.

Vous venez de traiter Sarkozy de criminel. Que pensez-vous de l'attitude de ces chefs d'Etat africains, devenus subitement aphones en se terrant dans un mutisme assourdissant alors qu'ils étaient des abonnés quasi-permanents à la table du Guide comme ils aiment à l'appeler eux-mêmes ?

M.S : Nos dirigeants sont des peureux, des hypocrites, des lâches. Ils sont frileux. Ils ont bénéficié des largesses de Kadhafi. Et maintenant qu'il est agressé par des puissances occidentales, nos dirigeants se taisent, s'abritent derrière un silence assourdissant.

Il y a pourtant des pays arabes qui participent, aux côtés de la Coalition, à l'opération "Aube de l'Odyssée"…

M.S : Justement, c'est ce qui fait que des peuples arabes se soulèvent aujourd'hui contre ces régimes qui sont à la solde de l'Occident. Ils pensent qu'en le faisant, ils seront à l'abri de ces soulèvements. Après Kwamé Khrumah du Ghana, Mouammar Kadhafi est le seul chef d'Etat africain qui a repris le flambeau de l'Unité africaine. Et nous avons eu la chance d'avoir cet homme qui a non seulement les moyens financiers, la carrure mais aussi et surtout la volonté politique. Il est donc une chance pour l'Afrique. Si Kadhafi est un mal, il est alors un mal nécessaire. Beaucoup de présidents africains ont bénéficié de ses largesses. Aujourd'hui, parce qu'il rencontre des difficultés, ils se taisent. Parce qu'ils ne savent pas de quel côté le vent va tourner. Nos dirigeants ont peur de l'Occident parce qu'ils attendent de tous les côtés des espèces sonnantes et trébuchantes.

Vous avez dit aux manifestants devant l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique qu'il y aura d'autres marches…

M.S : Oui, nous l'avons dit et nous le réaffirmons. Tant que cette politique indigne des Occidentaux continuera, la mobilisation ne faiblira pas. Nous allons continuer à sensibiliser les Maliennes et les Maliens pour d'autres actions. Au pire des cas, nous allons appeler au boycott des produits occidentaux au Mali. Car, ces Occidentaux-là ont assez profité de nous.

Mamadou FOFANA
 

Guerres et rébellions ou quand la France et les Etats-Unis deviennent les plus grands maux du monde.

De Benjamin KORE


Le monde entier est au bord de l`explosion. Les petits pays paient pour la richesse de leur sous-sol. Un impérialisme mené par la France et les Etats-Unis qui financent les rébellions qui minent la planète.


En quoi la Société des Nations (SDN) diffère-t-elle de l`ONU dans la prévention et le règlement des conflits ? Créée en 1920, au lendemain de la Première Guerre mondiale, la SDN a été remplacée en 1946 par l`ONU parce qu`elle a été jugée inefficace. Malheureusement, depuis 1946, l`ONU est à l`œuvre et on se rend encore compte qu`on est à la case départ. Car rien n`a véritablement changé. Les guerres meurtrières, les trafics d`influence et les crises d`intérêts continuent de secouer le monde. De grandes puissances reconnues comme les pays de vieilles démocraties mettent à mal les souverainetés des petits pays et des anciennes colonies. On a estimé que la SDN n`avait pas été efficace. Mais l`ONU a, elle aussi, failli à sa mission. Le mal est que l`ONU s`est vidée de toute sa substance et a perdu toute sa crédibilité pour devenir un vrai outil de répression et de domination de certains grands Etats du monde. Au nombre de ces grands figurent la France et les Etats-Unis toujours prompts à exporter les rébellions. Ces deux Etats n`ont jamais contenu leur soif d`écraser les autres pour exploiter leurs sous- sols. Ils utilisent l`ONU comme un arsenal de guerre pour anéantir les petits Etats. Ainsi, avec l`Organisation des Nations unies, le monde bascule dans le chaos et le pire est aux portes de tous. Toutes les contrées de la planète deviennent des foyers de tension par la faute de la France et des Etats-Unis qui n`ont aucune vertu face à leurs intérêts.
On constate que
les hommes se succèdent à la tête de ces Etats, mais la politique qui ne consiste qu`à agresser impunément et à imposer leur diktat aux petits pays reste la même. On a cru que Georges Bush avait commis l`erreur en allant chercher une guerre à l’Irak de Saddam Hussein d`abord sous le prétexte de sortir le Koweit des mains de l`Irak en 1991 et ensuite en accusant Saddam Hussein de disposer des armes de destruction massive. A la réalité, ce n`était pas une erreur. C`était plutôt l`itinéraire que doivent suivre tous les présidents des Etats-Unis. La preuve, usant de l`argument fallacieux de possession des armes de destruction massive, les Etats-Unis, sans état d`âme, sont allés occuper l`Irak. Ils ont tué Saddam Hussein et ses proches par pendaison. C`est exagérément inhumain. Malgré ces gros crimes contre l`humanité commis en Irak, les soldats américains ne parviennent toujours pas à pacifier l`Irak. Mais ils ont honte de se retirer de ce territoire. Et pourtant ils y ont commis tous ces crimes en méprisant l`ONU qui, rappelons-le, était opposée à cette intervention militaire. Que pouvait faire concrètement l`ONU contre les Etats-Unis ? Incapable de freiner les Américains dans leur sale guerre, cette organisation dite de paix s`est résolue à couvrir les crimes des Américains en Irak. Tous les présidents qui se sont relayés aux Etats-Unis sont restés dans la même dynamique de guerre. Barack Obama, qui a fait rêver le monde entier et certains peuples noirs, s`est lui aussi révélé comme la plus grande déception. Homme sans carapace, il est tenu par le bout du nez par Nicolas Sarkozy. Ce dernier aussi, son avènement à la tête de l`Etat français, a fait espérer plus d`une personne. On a cru qu`il ferait mieux que Jacques Chirac et ses prédécesseurs. Mais erreur d`appréciation sur cet individu qui traîne sa bosse partout et met son nez dans toutes les affaires qui ne le regardent pas. Pour si peu, il court à l`ONU pour brandir les résolutions comme un chiffon rouge. Sarkozy entraîne Barack Obama et l`Union européenne dans les affaires internes aux pays. Comme ses prédécesseurs, sous son mandat, l`ingérence dans les affaires intérieures des pays est devenue la chose la plus prisée. Et le discours de la Baule consacré à la démocratie par feu François Mitterrand n`a plus fait tache d`huile. Faisant place aux rébellions et aux guerres qui déchirent le monde entier. Les élections sont devenues de simples formalités parce que devenues nulles et de nul effet. La souveraineté de chaque pays est foulée aux pieds parce que Nicolas Sarkozy et ses alliés le veulent ainsi. Pendant qu`ils endorment les peuples avec des discours sur la démocratie, les présidents français et américains financent eux-mêmes les rébellions et cautionnent les tueries dans les pays où ils veulent désigner les gouvernants en lieu et place des peuples. La guerre israélo-palestinienne n`a jamais de solutions.

L`ONU se trouve incapable d`imposer la paix parce que les Etats-Unis et leurs alliés soutiennent un camp. La Syrie a longtemps occupé le Liban sans que cela n`émeuve l`ONU. Cette dernière préfère plutôt mettre la pression sur la Corée du Nord parce que les Etats-Unis le veulent ainsi.
En Afrique, l`Afrique du Sud a payé pour le racisme. La France et les Américains sont restés silencieux contre ce fléau. Le Rwanda a été décimé par la France qui était en première ligne du génocide du peuple rwandais. La guerre d`Angola a été la plus longue du continent africain parce que le chef rebelle Jonas Savimbi avait le soutien des Américains qui faisaient un pont aérien pour l`approvisionner en armes et en vivres. La guerre du Liberia a révélé Charles Taylor comme un chef rebelle soutenu par les grandes puissances. La crise en RDC est aussi l`œuvre des grandes puissances impérialistes.
En Côte d`Ivoire depuis septembre 2002, la France de Jacques Chirac a financé et engagé une rébellion contre le régime de Laurent Gbagbo. Son successeur, Nicolas Sarkozy n`a pas varié. Pendant que les chefs rebelles Alassane Ouattara, Guillaume Soro et Blaise Compaoré sont traités comme des enfants de cœur, l`élu du peuple, Laurent Gbagbo subit toute sorte de pressions et d`embargos.

On se demande si Sarkozy n`a pas perdu la raison. Sa même folie s`est déchaînée sur la Libye. Dans ce pays, le président français a eu le courage de reconnaître une rébellion au point qu`il lui donne son accord d`ouvrir une ambassade dans son fief de Benghazi alors qu`elle n`a même pas évincé le guide libyen Kadhafi.

De par leurs mauvais agissements, la France et les Etats-Unis ont inspiré le terrorisme qui est en train d`être perçu comme un mal salutaire qui pourra calmer les ardeurs de ces deux puissances .

Benjamin Koré

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LIBYE : REVELATIONS ITALIENNNES SUR LES ACTIVITES DES SERVICES FRANCAIS DEPUIS NOVEMBRE 2010
Convoitises et contradictions occidentales sur le dos du peuple libyen

samedi 26 mars 2011


Il serait naïf de croire que c’est l’amour de la démocratie ou du peuple libyen qui met en mouvement les machines militaires occidentales, précédées des semaines et des mois auparavant par les services spéciaux avec leurs scénarios et leurs contacts prévisionnels.
La faiblesse des calculs néocolonialistes est qu’ils n’évaluent pas correctement les impacts des aspirations démocratiques et nationales des peuples qu’ils espèrent manipuler et diviser.

L’ampleur des soulèvements pacifiques des peuples tunisien et égyptien, malgré leurs limites, a obligé les impérialistes à revoir leurs plans dans la précipitation, ce qui a rendu nombre de leurs porte paroles et acteurs plus bavards, maladroits et manquant de cohésion, multipliant les fuites comme celle signalée par le site Nerrassi ou les gaffes du genre "Croisades".

Tout dépend en définitive de la résistance, des peuples, de la capacité de leurs mouvements à ne pas tomber dans les pièges de la militarisation de leurs combats sociaux et démocratiques, sans tenir suffisamment compte des réalités complexes nationales, régionales et internationales.



Selon le journaliste de la droite libérale italienne Franco Bechis, la révolte de Benghazi aurait été préparée depuis novembre 2010 par les « services secrets français ». Comme le remarque, aussi, Miguel Martinez du site internet « progressiste ComeDonChisciotte », ces révélations, encouragées par les « services secrets italiens », doivent se comprendre comme une rivalité au sein du capitalisme européen. Par Franco Bechis (Directeur adjoint du quotidien italien « Liber »).

Le « Réseau Voltaire » précise que Paris a rapidement associé Londres à son projet de renversement du colonel Kadhafi (force expéditionnaire franco-britannique). Ce plan a été modifié dans le contexte des révolutions arabes et pris en main par Washington qui a imposé ses propres objectifs (contre-révolution dans le monde arabe et débarquement de l’« Africom » sur le continent noir). La coalition actuelle est donc la résultante de ces ambitions distinctes, ce qui explique ses contradictions internes.

Première étape du voyage, 20 octobre 2010, Tunis. C’est là qu’est descendu avec toute sa famille d’un avion de « Libyan Airlines », Nouri Mesmari , chef du protocole de la cour du colonel Muhamar Kadhafi . C’est un des grands perroquets du régime libyen, depuis toujours aux côtés du colonel.

Le seul -comprenons-nous- qui avec le minsitre des Affaires étrangères Moussa Koussa avait un accès direct à la résidence du raïs sans avoir à frapper (avant d’entrer, NdT).

Le seul à pouvoir franchir le seuil de la suite « 204 » du vieux cercle officiel de Benghazi où le colonel libyen a accueilli avec tous les honneurs le Premier ministre italien Silvio Berlusconi pendant la visite officielle en Libye. Cette visite de Mesmari à Tunis ne dure que quelques heures. On ne sait pas qui il rencontre dans la capitale où la révolte contre Ben Ali couve sous la cendre. Mais il est désormais certain que dans ces heures-là et dans celles qui ont immédiatement suivi, Mesmari jette les ponts de ce qui, à la mi-février, allait devenir la rébellion de la Cyrénaïque. Et prépare l’estocade contre Kadhafi en cherchant et obtenant l’alliance sur deux fronts : le premier est celui de la dissidence tunisienne. Le second est celui de la France de Nicolas Sarkozy . Et les deux alliances lui réussissent.

C’est ce dont témoignent des documents de la « DGSE » , le « service secret français », et une série de nouvelles fracassantes qui ont circulé dans les milieux diplomatiques français à partir de la lettre confidentielle, Maghreb Confidential (dont il existe une version synthétique et accessible payante).

Mesmari arrive à Paris le lendemain, 21 octobre 2010. Et il n’en bougera plus. En Libye il n’a pas caché son voyage en France, puisqu’il a emmené avec lui toute sa famille. La version est qu’à Paris il doit subir un traitement médical et probablement une opération. Mais il ne verra pas l’ombre d’un médecin. Ceux qu’il verra seront par contre, tous les jours, des fonctionnaires des « services secrets français ».


L’ex compagnon de Kadhafi, Nouri Massoud El-Mesmari, a fait défection le 21 octobre 2010.
Il vit aujourd’hui sous protection des « services secrets français ».LA RÉUNION
On a vu de façon certaine au début du mois de novembre, entrer à l’« Hôtel Concorde Lafayette » de Paris, où Mesmari réside, d’étroits collaborateurs du président français. Le 16 novembre 2010, une file de voitures bleues est devant l’hôtel. Dense et longue réunion dans la suite de Mesmari . Deux jours plus tard une dense et étrange délégation française part pour Benghazi. Avec des fonctionnaires du ministère de l’Agriculture, des dirigeants de « France Export Céréales » et de « France Agrimer », des managers de « Soufflet », de « Louis Dreyfus », de « Glencore », de « Cani Céréales », « Cargill » et « Conagra ».

Expédition commerciale, sur le papier, pour essayer d’obtenir à Benghazi justement de riches commandes libyennes. Mais se trouvent aussi dans le groupe des militaires français, déguisés en hommes d’affaire.

À Bengazi ils vont rencontrer un colonel de l’aéronautique libyenne indiqué parMesmari : Abdallah Gehani . Il est au-dessus de tout soupçon, mais l’ex-chef du protocole de Kadhafi a révélé qu’il était prêt à déserter et qu’il a aussi de bons contacts avec la dissidence tunisienne.

L’opération est menée en grand secret, mais quelque chose filtre jusqu’aux hommes les plus proches de Kadhafi Le colonel se doute de quelque chose. Le 28 novembre 2010 il signe un mandat d’arrêt international à l’égard de Mesmari . L’ordre arrive aussi en France à travers les canaux protocolaires. Les Français s’alarment et décident de suivre de façon formelle l’arrêt

Quatre jours plus tard, le 02 décembre 2010, la nouvelle filtre justement depuis Paris. On ne donne pas de nom mais on révèle que la police française a arrêté un des principaux collaborateurs de Kadhafi . La Libye, au premier abord, retrouve son calme. Puis apprend que Mesmari est en réalité aux arrêts domiciliaires dans la suite du « Concorde Lafayette ». Et le raïs commence à s’agiter.

La colère du raïs. Quand arrive la nouvelle que Mesmari a demandé officiellement l’asile politique à la France, la colère de Kadhafi éclate, il fait retirer son passeport même au ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa , accusé de responsabilité dans la défection de Mesmari. Il essaie ensuite d’envoyer ses hommes à Paris avec des messages pour le traître : « Reviens, tu seras pardonné ». Le 16 décembre 2010, c’est Abdallah Mansour , chef de la télévision libyenne, qui essaie. Les Français l’arrêtent à l’entrée de l’hôtel. Le 23 décembre 2010 d’autres Libyens arrivent à Paris. Ce sont Farj Charrant, Fathi Boukhris et A ll Ounes Mansouri.

Nous les connaîtrons d’avantage après le 17 février 2011 : parce-que ce sont justement eux, avec Al Hadji , qui vont mener la révolte de Benghazi contre les miliciens du colonel.

Les trois sont autorisés par les Français à sortir dîner avec Mesmari dans un élégant restaurant des Champs-Élysée. Il y a aussi là des fonctionnaires de l’« Élysée » et quelques dirigeants des services secrets français. Entre Noël et le Jour de l’an sort dans Maghreb Confidential la nouvelle que Benghazi est en ébullition (à ce moment-là personne ne le sait encore), et aussi quelques indiscrétions sur certaines aides logistiques et militaires qui seraient arrivées dans la seconde ville libyenne, en provenance justement de la France. Il est désormais clair que Mesmari est devenu un levier aux mains de Sarkozy pour faire sauter Kadhafi en Libye. La lettre confidentielle sur le Maghreb commence à faire filtrer les contenus de cette collaboration.

Mesmari est nommé « Libyan Wikileak », parce qu’il révèle un après l’autre les secrets de la défense militaire du colonel et raconte tous les détails des alliances diplomatiques et financières du régime, en décrivant même la carte du désaccord et les forces qui sont sur le terrain. À la mi-janvier 2011 la France a dans les mains toutes les clés pour tenter de renverser le colonel. Mais il y a une fuite. Le 22 janvier 2011 le chef des « services secrets de Cyrénaïque », un fidèle du colonel, le général Aoudh Saaiti, arrête le colonel d’aviation Gehani , référant secret des Français depuis le 18 novembre 2010.

Le 24 janvier 2011 il est transféré dans une prison de Tripoli, avec l’accusation d’avoir créé un réseau social en Cyrénaïque, qui faisait les louanges de la contestation tunisienne contre Ben Ali . Mais c’est trop tard : Gehani a déjà préparé la révolte de Benghazi, avec les Français.

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LES MENSONGES DE LA GUERRE DE L’OCCIDENT CONTRE LA LIBYE de Jean-Paul Pougala  

A- LES  VRAIES RAISONS DE LA GUERRE EN LIBYE

1-     Premier satellite Africain RASCOM 1

C’est la Libye de Kadhafi qui offre à toute l’Afrique sa première vraie révolution des temps modernes : assurer la couverture universelle du continent pour la téléphonie, la télévision, la radiodiffusion et de multiples autres applications telles que la télémédecine et l’enseignement à distance ; pour la première fois, une connexion à bas coût devient  disponible sur tout le continent, jusque dans les zones rurales grâce au système par pont radio WMAX.  

 

L’histoire démarre en 1992 lorsque 45 pays africains créent la société RASCOM pour disposer d’un satellite africain et faire chuter les coûts de communication sur le continent. Téléphoner de et vers l’Afrique est alors le tarif le plus cher au monde, parce qu’il y avait un impôt de 500 millions de dollars que l’Europe encaissait par an sur les conversations téléphoniques même à l’intérieur du même pays africain, pour le transit des voix sur les satellites européens comme Intelsat. Un satellite africain coûtait juste 400 millions de dollars payable une seule fois et ne plus payer les 500 millions de location par an. Quel banquier ne financerait pas un tel projet ? Mais l’équation la plus difficile à résoudre était : comment l’esclave peut-il s’affranchir de l’exploitation servile de son maître en sollicitant l’aide de ce dernier pour y parvenir ? Ainsi, la Banque Mondiale , le FMI, les USA, l’Union Européenne ont fait miroiter inutilement ces pays pendant 14 ans. C’est en 2006 que Kadhafi met fin au supplice de l’inutile mendicité aux prétendus bienfaiteurs occidentaux pratiquant  des prêts à un taux usuraire; le guide Libyen a ainsi mis sur la table 300 millions de dollars, La Banque Africaine de Développement a mis 50 millions, la Banque Ouest Africaine de Développement, 27 millions  et c’est ainsi que l’Afrique a depuis le 26 décembre 2007 le tout premier satellite de communication de son histoire. Dans la foulée, la Chine et la Russie s’y sont mises, cette fois en cédant leur technologie et ont permis le lancement de nouveaux satellites, Sud-Africain, Nigérian, Angolais, Algérien et même un deuxième satellite africain est lancé en juillet 2010. Et on attend pour 2020, le tout premier satellite technologiquement 100% africain et construit sur le sol africain, notamment en Algérie. Ce satellite est prévu pour concurrencer les meilleurs du monde, mais à un coût 10 fois inférieur, un vrai défi. Voilà comment un simple geste symbolique de 300 petits millions peut changer la vie de tout un continent. La Libye de Kadhafi a fait perdre à l’Occident, pas seulement 500 millions de dollars par an mais les  milliards de dollars de dettes et d’intérêts que cette même dette permettait de générer à l’infini et de façon exponentielle, contribuant ainsi à entretenir le système occulte pour dépouiller l’Afrique.

 

2-   Fond Monétaire Africain, Banque Centrale Africaine, Banque Africaine des Investissements

Les 30 milliards de dollars saisis par M. Obama appartiennent à la Banque Centrale Libyenne  et prévu pour la contribution libyenne à la finalisation de la fédération africaine à travers 3 projets phare : la Banque Africaine d’Investissement à Syrte en Libye, la création dès ce 2011 du Fond Monétaire Africain avec un capital de 42 milliards de dollars avec Yaoundé pour siège, la Banque Centrale Africaine avec le siège à Abuja au Nigeria dont la première émission de la monnaie africaine signera la fin du Franc CFA grâce auquel Paris a la main mise sur certains pays africains depuis 50 ans. On comprend dès lors et encore une fois la rage de Paris contre Kadhafi. Le Fond Monétaire Africain doit remplacer en tout et pour tout les activités sur le sol africain du Fond Monétaire International qui avec seulement 25 milliards de dollars de capital a pu mettre à genoux tout un continent avec des privatisations discutables, comme le fait d’obliger les pays africains à passer d’un monopole publique vers un monopole privé. Ce sont les mêmes pays occidentaux qui ont frappés à la porte pour être eux aussi membres du Fond Monétaire africain et c’est à l’unanimité que le 16-17 décembre 2010 à Yaoundé les Africains ont repoussé cette convoitise, instituant que seuls les pays africains seront membres de ce FMA.

Il est donc évident qu’après la Libye la coalition occidentale déclarera sa prochaine guerre à l’Algérie, parce qu’en plus des ses ressources énergétiques énormes, ce pays a une réserve monétaire de 150 milliards d’Euros. Ce qui devient la convoitise de tous les pays qui bombardent la Libye et qui ont tous quelque chose en commun, ils sont tous financièrement en quasi faillite, les USA à eux seuls ont 14.000 Milliards de dollars de dettes,  La France , la Grande Bretagne et l’Italie ont chacun environ 2.000 milliards de dettes publiques alors que les 46 pays d’Afrique Noire ont au total moins de 400 milliards de dollars de dettes publiques.  Créer des fausses guerres en Afrique dans l’espoir de trouver de l’oxygène pour continuer leur apnée économique qui ne fait que s’empirer ne fera qu’enfoncer les Occidentaux dans leur déclin qui a pris son envol en 1884, lors de la fameuse Conférence de Berlin. Car comme l’avait prédit l’économiste Américain Adams Smith en 1865, dans son soutient à Abraham Lincoln pour l’abolition de l’esclavage, «l’économie de tout pays qui pratique l’esclavage des noirs est en train d’amorcer une descente vers l’enfer qui sera rude le jour où les autres nations vont se réveiller »

3- UNIONS  REGIONALES COMME FREIN A LA CREATION DES ETATS-UNIS D’AFRIQUE

 Pour déstabiliser et détruire l’union Africaine qui va dangereusement (pour l’Occident) vers les Etats-Unis d’Afrique avec la main de maître de Kadhafi, l’Union Européenne a d’abord tenté sans y parvenir la carte de la création de l’UPM (Union Pour la Méditerranée ) Il fallait à tout prix couper l’Afrique du Nord du reste de l’Afrique en mettant en avant les mêmes thèses racistes du 18-19ème siècle selon lesquelles les populations africaines d’origine Arabes seraient plus évoluées, plus civilisées que le reste du continent. Cela a échoué parce que Kadhafi a refusé d’y aller. Il a compris très vite le jeu à partir du moment où on parlait de la Méditerranée en associant quelques pays africains sans en informer l’Union Africaine, mais en y invitant tous les 27 pays de l’Union Européenne. L’UPM sans le principal moteur de la fédération africaine était foirée avant même de commencer, un mort – né avec Sarkozy comme Président et Mubarack, le vice-président. Ce que Alain Juppé tente de relancer, tout en misant sur la chute de Kadhafi, bien sur. Ce que les dirigeants Africains ne comprennent pas est que tant que ce sera l’Union Européennes à financer l’Union Africaine, on sera toujours au point de départ, car dans ces conditions, il n’y aura pas d’effective indépendance. C’est dans le même sens que l’Union Européenne a encouragé et financé les regroupements régionaux en Afrique. Il était évident que la CEDEAO qui a une Ambassade à Bruxelles et qui tire l’essentiel de son financement de l’UE, est un obstacle majeur contre la fédération africaine. C’est ce que Lincoln avait combattu dans la guerre de sécession aux Etats-Unis, parce qu’à partir du moment où un groupe de pays se retrouvent autour d’une organisation politique régionale, cela ne peut que fragiliser l’organe central. C’est ce que l’Europe voulait et c’est ce que les Africains n’ont pas compris en créant coup sur coup, la COMESA , l’UDEAC, la SADC et le Grand Maghreb qui n’a jamais fonctionné encore une fois grâce à Kadhafi qui lui l’avait très bien compris.

4- KADHAFI, L’AFRICAIN QUI A PERMIS DE LAVER L’HUMILIATION DE L’APARTHEID

Kadhafi est dans le cœur de presque tous les Africains comme un homme très généreux et humaniste pour son soutien désintéressé a la bataille contre le régime raciste d’Afrique du Sud. Si Kadhafi avait été un homme égoïste, rien ne l’obligeait à attirer sur lui les foudres des occidentaux  pour soutenir financièrement et militairement l’ANC dans sa bataille contre l’apartheid. C’est pour cela que à peine libéré de ses 27 ans de prisons, Mandela décide d’aller rompre l’embargo des Nations Unis contre la Libye le 23 Octobre 1997. A cause de cet embargo même aérien, depuis 5 longues années aucun avion ne pouvait atterrir en Libye. Pour y arriver, Il fallait prendre un avion pour la Tunisie  ; arriver à Djerba et continuer en voiture pendant 5 heures pour  Ben Gardane, passer la frontière et remonter en 3 heures de route par le désert jusqu’à Tripoli. Ou alors, passer par Malte et faire la traversée de nuit, sur des bateaux mal entretenus jusqu’à la côte libyenne. Un calvaire pour tout un peuple, juste pour punir un seul homme. Mandela décida de rompre cette injustice et répondant a l’ex Président Américain Bill Clinton, qui avait jugé cette visite «malvenue», il s’insurgea : «Aucun Etat ne peut s'arroger le rôle de gendarme du monde, et aucun Etat ne peut dicter aux autres ce qu'ils doivent faire ». il ajouta : « ceux-là qui hier étaient les amis de nos ennemis, ont aujourd’hui le toupet de me proposer de ne pas visiter mon frère Kadhafi, ils nous conseillent d’être ingrats et d’oublier nos amis d’hier ». En effet, pour l’Occident, les racistes d’Afrique du Sud étaient leurs frères qu’il fallait protéger. C’est pour cela que tous les membres de l’Anc étaient considérés des dangereux terroristes, y compris Nelson Mandela. Il faudra attendre le 2 Juillet 2008, pour que le Congrès Américain vote une loi pour  rayer le nom de Nelson Mandela et de ses camarades de l’ANC de cette liste noire, pas parce qu’ils ont compris la bêtise d’une telle liste, mais parce qu’on voulait faire un geste pour les 90 ans de Nelson Mandela.  Si les Occidentaux sont aujourd’hui repentis de leur soutient d’hier aux ennemis de Mandela et sont vraiment sincères lorsqu’on lui donnent des noms de rue et de places, comment continuer à faire la guerre à celui qui a permis la victoire de Mandela et son peuple, Kadhafi ?

B- CEUX QUI VEULENT EXPORTER LA DEMOCRATIE SONT-ILS DE VRAIES  DEMOCRATIES ?

Et si la Libye de Kadhafi était plus démocratique que les USA , la France , la Grande Bretagne et tous ceux qui font la guerre pour exporter la démocratie en Libye ? Le 19 Mars 2003, le Président Georges Bush lance les bombes sur la tête des Iraquiens avec le prétexte d’y exporter la démocratie. Le 19 Mars 2011, c’est-à-dire 8 ans plus tard et jour pour jour, c’est le Président Français qui lance ses bombes sur la tête des Libyens avec le même prétexte de leur offrir la démocratie. Monsieur Obama, Prix Nobel de la Paix 2009 et président des Etat Unis d’Amérique, pour justifier qu’il procède à un déferlement de missiles Cruise de ses sous-marins sur la tête des Libyens a dit que c’était pour chasser le dictateur Kadhafi du pouvoir et y instaurer la démocratie.

La question que tout être humain doté de la moindre capacité intellectuel de jugement et d’appréciation  ne peut s’empêcher de se poser est : ces pays comme la France , l’Angleterre, les USA, l’Italie, la Norvège , le Danemark, la Pologne dont la légitimité pour aller bombarder les Libyens se base sur le seul fait de s’être autoproclamés « pays démocratiques » sont-ils réellement démocratiques ? Si oui, sont-ils plus démocratiques que la Libye de Kadhafi ? La réponse, sans équivoque est NON, pour la simple et bonne raison que la démocratie n’existe pas.  Ce n’est pas moi qui l’affirme, mais celui-là même dont la ville natale, Genève abrite l’essentiel du commandement des Nations Unies. Il s’agit bien entendu de Jean-Jacques Rousseau né à Genève en 1712 qui affirme dans le chapitre IV du Livre III de son très célèbre « Contrat Social » que : « il n'a jamais existé de véritable démocratie, et il n'en existera jamais».  Pour qu’un état soit véritablement démocratique Rousseau pose 4 conditions selon lesquelles la Libye de Kadhafi est même de loin plus démocratique que les Etats-Unis d’Amérique, la France et tous les autres qui prétendent lui exporter la démocratie à savoir :

1-      Dimension de l’Etat : plus un état est grand, moins il peut être démocratique, pour Rousseau l’Etat doit être très petit pour que le peuple soit facile à rassembler et que chaque citoyen puisse aisément connaître tous les autres. Avant donc de faire voter les gens, il faut s’assurer que chacun connaisse tous les autres sans quoi voter pour voter est un acte dénué de tout fondement démocratique, c’est un simulacre de démocratie pour élire un dictateur. La structure de l’organisation de l’Etat Libyen se fonde sur une base tribale qui regroupe par définition le peuple en de petites entités. Le sentiment démocratique est plus présent dans une tribu, dans un village que dans une grande Nation, parce que le fait que tout le monde se connaisse et que la vie tourne autour des mêmes points communs apporte une sorte d’autorégulation, d’autocensure même pour peser à chaque instant, la réaction ou la contre-réaction des autres membres pour ou contre les opinions qu’on peut avoir. Sous cet angle, c’est la Lybie  qui répond le mieux  aux exigences de Rousseau, ce qu’on ne peut pas dire de même pour les Etats-Unis d’Amérique, la France ou la Grande Bretagne , des sociétés fortement urbanisées où la majorité des voisins ne se disent même pas bonjour et donc ne se connaissent pas, même vivant cote-à-cote pendant 20 ans. Dans ces pays, on est passé directement à l’étape suivante : « le vote » qu’on a malignement sanctifié afin de faire oublier que ce vote est inutile à partir du moment où je m’exprime sur l’avenir d’une nation sans en connaitre ses membres.  On est ainsi arrivé jusqu’à la bêtise du vote des citoyens vivant à l’étranger.  Se connaitre et se parler est la condition essentielle de la communication pour le débat démocratique qui précède toute élection.

2-    Il faut la simplicité des mœurs et des comportements pour éviter  que l’on passe l’essentiel du temps à parler de justice, de tribunal pour trouver des solutions aux multitudes querelles d’intérêts divers qu’une société trop complexe fait naitre naturellement.  Les Occidentaux se dé finissement comme des pays civilisés, donc aux mœurs complexes et la Libye comme pays dit primitif, c’est-à-dire aux meurs simples. Sous cet angle, encore une fois, c’est la Libye qui répondrait mieux aux critères démocratiques de Rousseau que tous ceux qui prétendent lui donner des leçons de démocratie. Dans une société complexe, les trop nombreux conflits sont résolus par la loi du plus fort, puisque celui qui est riche évite la prison parce qu’il peut se permettre un meilleur avocat et surtout, orienter l’appareil répressif de l’état contre celui qui vole une banane dans un supermarché, plutôt que le délinquant financier qui fait crouler une banque. Dans une ville comme New York où 75% de la population est blanche, 80% des postes de cadres sont occupés par des Blancs et ils ne sont que 20% des personnes en prison.

3-    L’égalité dans les rangs et dans les fortunes.   Il suffit de voir le classement FORBES 2010 pour voir quels sont les noms des personnes les plus riches de chacun des pays qui jette la bombe sur la tête des Libyens et voir la différence avec le salaire le plus bas dans chacun des pays et faire de même pour la Libye pour comprendre qu’en matière de redistribution de la richesse du pays, c’est à la Libye d’exporter son savoir faire à ceux qui la combattent et non le contraire. Même sous cet angle, selon Rousseau, la Libye serait plus démocratique que ceux qui veulent pompeusement lui exporter la prétendue démocratie. Aux Etats-Unis 5% de la population possèdent 60% de la richesse nationale. C’est le pays le plus déséquilibré, le plus inégal du monde.

4-    PAS DE LUXE. Pour Rousseau pour qu’il y ait la démocratie dans un pays, il ne faut pas qu’il y ait de luxe parce que selon lui, le luxe rend nécessaire la richesse et cette dernière devient la vertu, l’objectif à atteindre à tout prix et non le bonheur du peuple, « le luxe corrompt à la fois le riche et le pauvre, l'un par la possession, l'autre par la convoitise ; il vend la patrie à la mollesse, à la vanité ; il ôte à l'Etat tous ses citoyens pour les asservir les uns aux autres, et tous à l'opinion ». Ya-t-il plus de luxe en France ou en Libye ? Ce rapport d’asservissement des employés qui sont poussés jusqu’au suicide les employés mêmes des entreprises publiques ou semi-publique, pour des raisons de rentabilité et donc de possession de luxe d’une des parties est-il plus criant en Libye ou en Occident ?

Le sociologue Américain C. Wright Mills a décrit en 1956 la démocratie américaine comme  « la dictature des élites ». Selon Mills, les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas une démocratie parce qu’en définitive, c’est l’argent qui s’est substitué au peuple. Le résultat de chaque élection y est l’expression de la voix de l’argent et non la voix du peuple.
Après Bush-père et Bush-fils, pour les primaires républicaines de 2012, on parle déjà de Bush-benjamin. En plus, si le pouvoir politique se base sur la bureaucratie, Max Weber fait remarquer qu’il y a 43 millions de fonctionnaires et militaires aux Etats-Unis qui commandent effectivement le pays, mais qui n’ont été votés par personne et qui ne répondent pas directement au peuple de leurs activités. Une seule personne (un riche) est donc votée mais le vrai pouvoir sur le terrain est tenu par une seule caste de riches qui ne résulte purement et simplement que de nominations comme les ambassadeurs, les généraux de l’armée etc...

Combien de personnes dans les pays autoproclamés « démocratiques » savent qu’au Pérou la constitution interdit un deuxième mandat consécutif au président de la république sortant ? Combien de personnes savent qu’au Guatemala, non seulement le président sortant ne doit plus jamais se présenter comme candidat à cette fonction, mais qu’en plus à aucun degré de parenté, aucun membre de sa famille ne pourra plus prétendre à cette fonction ?  Combien savent que le Rwanda est le pays qui intègre politiquement le mieux les femmes au monde avec 49% de parlementaires femmes ? Combien savent que dans le classement de la CIA 2007, sur 10 pays les mieux gérés au monde, 4 sont Africains ? Avec la palme d’or à la Guinée équatoriale  dont la dette publique ne représente que 1,14% de son PIB. Ceux qui disent que Kadhafi a tiré sur son propre peuple savent-ils que c’est exactement ce que le héro de Obama, Abraham Lincoln a fait, mais avec 630.000 morts ?

La guerre civile, les révoltes, les rebellions sont les ingrédients d’un début de démocratie soutient Rousseau. Parce que la démocratie n’est pas une fin, mais un processus permanent pour réaffirmer les droits naturels des humains que dans tous les pays du monde (sans exception) une poignée d’hommes et de femmes, confisquant le pouvoir du peuple, l’oriente pour se maintenir aux affaires. On trouve ici et là des formes de castes qui usurpent le mot « démocratie » qui doit être cet idéal vers lequel tendre et non un label à s’approprier ou un refrain à vanter parce qu’on est juste capable de crier plus fort que les autres. Si un pays est calme comme la France ou les Etats-Unis, c’est-à-dire sans aucune révolte, pour Rousseau cela veut tout simplement dire que le système dictatorial est suffisamment répressif pour empêcher toute tentative de rébellion. Si les Libyens se révoltent, ce n’est pas une mauvaise chose. C’est prétendre que les peuples acceptent stoïquement le système qui les opprime partout dans le monde sans réagir qui est très mauvais. Et Rousseau de conclure : «  Malo periculosam libertatem quam quietum servitium  -traduction : S'il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes ». Dire qu’on tue les Libyens pour leur bien est un leurre.

C- QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE ?

Après 500 ans de relations de dominateur et de dominé avec l’Occident, il est dès lors prouvé que nous n’avons pas les mêmes critères pour définir le bon et le méchant. Nous avons des intérêts profondément divergents. Comment ne pas déplorer le Oui de 3 pays africains au sud du Sahara, Nigeria, Afrique du Sud et Gabon pour la résolution 1973 inaugurant la nouvelle forme de colonisation baptisée « protection des peuples », validant la théorie raciste que les Européens véhiculent depuis le 18ème siècle selon laquelle l’Afrique du Nord n’a rien à partager avec l’Afrique Subsaharienne, l’Afrique du nord  serait ainsi plus évoluée, plus cultivée et plus civilisée que le reste de l’Afrique. Tout se passe comme si la Tunisie , l’Egypte, la Libye , l’Algérie ne faisaient pas partie de l’Afrique. Même les Nations Unies semblent ignorer la légitimité de l’Union Africaine sur ses états membres. L’objectif est d’isoler les pays d’Afrique subsaharienne afin de mieux les fragiliser et les tenir sous contrôle. En effet, dans le capital du nouveau Fond Monétaire Africain (FMA), l’Algérie avec 16 milliards de dollars et la Libye avec 10 milliards de dollars contribuent à eux tous seuls pour près de 62% du capital qui est de 42 milliards de Dollars. Le premier pays d’Afrique subsaharienne et les plus peuplés, le Nigeria suivi de l’Afrique du Sud arrivent très loin derrière avec 3 milliards de dollars chacun.

C’est très inquiétant de constater que pour la première fois de l’histoire des Nations Unies, on a déclaré la guerre à un peuple sans avoir exploré au préalable la moindre piste pacifique pour solutionner le problème.

L’Afrique a-t-elle encore sa place dans une telle organisation ? Le Nigeria et l’Afrique du Sud sont disposés à voter OUI à tout ce que l’Occident demande, parce qu’ils croient naïvement aux promesses des uns et des autres de leur donner une place de membre permanent au Conseil de Sécurité avec le même droit de veto. Ils oublient tous les deux que la France n’a aucun pouvoir de leur attribuer le moindre poste. Si elle l’avait, il y a belle lurette que Mitterrand l’aurait faite pour l’Allemagne de Helmut Kohl. La reforme des Nations Unies n’est pas à l’ordre du jour. La seule manière de compter, est la méthode chinoise : tous les 50 pays africains doivent quitter les Nations Unies. Et s’ils doivent y retourner un jour, ne le faire que s’ils ont obtenu ce qu’ils demandent depuis longtemps, un poste pour toute la fédération africaine, sinon rien.

Cette méthode de la non-violence est la seule arme de justice dont disposent les pauvres et les faibles que nous sommes. Nous devons tout simplement quitter les Nations Unies, car cette organisation de par sa configuration, de par sa hiérarchie est aux services des plus forts.

Nous devons quitter les Nations Unies afin de marquer notre réprobation de cette conception du monde basée uniquement sur l’écrasement du plus faible. Tout au moins ils seront libres de continuer de le faire, mais pas avec notre signature, pas en rappelant que nous sommes d’accord alors qu’ils savent très bien qu’ils ne nous ont jamais interrogés. Et même quand nous avons donné notre propre point de vue, comme la rencontre de samedi 19/3 à Nouakchott avec la déclaration sur la contrariété à l’action militaire, ceci a été passé tout simplement sous silence pour aller accomplir le forfait de bombarder  le peuple africain.

Ce qui arrive aujourd’hui est le scénario déjà vu auparavant avec la Chine. Aujourd ’hui, on reconnaît le gouvernement Ouattara, on reconnaît le gouvernement des insurgés en Libye. C’est ce qui s’est passé à la fin de la deuxième guerre mondiale avec la Chine. La soit disant communauté internationale avait choisi Taiwan comme unique représentant du peuple Chinois en lieu et place de la Chine de Mao. Il faudra attendre 26 ans, c’est-à-dire le 25 octobre 1971 avec la résolution 2758 que tous les Africains devraient lire, pour mettre fin à la bêtise humaine. La Chine est admise, sauf qu’elle a prétendu et obtenue d’être membre permanent avec doit de veto, si non elle n’entre pas. Cette exigence satisfaite et la résolution d’admission entrée en vigueur, il faudra attendre un an pour que le 29 septembre 1972, le Ministre Chinois des Affaires Etrangères donne sa réponse avec une lettre au Secrétaire Général des Nations Unies pas pour dire Oui ou Merci, mais pour faire des mises au point, en garantie de sa dignité et de sa respectabilité. Qu’est-ce que l’Afrique espère obtenir des Nations Unies sans poser un acte fort pour se faire respecter ? On a vu en Cote d’Ivoire un fonctionnaire des Nations Unies se considérer au dessus d’une institution constitutionnelle de ce pays. Nous sommes entrés dans cette organisation en acceptant d’être des serfs et croire que nous serons invités à table pour manger avec les autres dans les plats que nous avons lavés est tout simplement crédule, pire, stupide. Quand l’UA reconnaît la victoire de Ouattara sans même tenir compte des conclusions contraires de ses propres observateurs envoyés sur le terrain, juste pour faire plaisir à nos anciens maîtres, comment peut-on nous respecter ? Lorsque le président Sud-Africain Zuma déclare que Ouattara n’a pas gagné les élections et change à 180° disant le contraire après une petite visite de 8 heures à Paris, on peut se demander ce que valent ces dirigeants qui représentent et parlent au nom de 1 milliard d’Africains.

La force et la vraie liberté de l’Afrique viendront de sa capacité à poser des actes réfléchis et en assumer les conséquences. La dignité et la respectabilité ont un prix. Sommes-nous disposés à le payer ? Si non, notre place reste à la cuisine, aux toilettes pour garantir le confort des autres.
 

Genève le 28/03/2011

Jean-Paul Pougala  - pougala@gmail.com

(*) Jean-Paul Pougala est un écrivain d’origine camerounaise, directeur de l’Institut d’Etudes Géostratégiques et professeur de sociologie à l’Université de la Diplomatie de Genève en Suisse.