TEL-AVIV

DE NOTRE CORRESPONDANT

Comment s’en dépêtrer?» C’est la question que se posent les diri- geants israéliens suite à l’arrêt du 11 août de la Cour suprême ordonnant au gouvernement de Binyamin Netanya- hou de libérer 1178 demandeurs d’asile africains détenus depuis plus d’un an dans le centre semi-ouvert de Holot, dans le désert du Néguev, à proximité de la frontière égyptienne. Depuis le 26 août, ces migrants rejoignent donc les dizaines de milliers d’autres clandestins d’origine africaine installés dans l’Etat hébreu depuis le début des années 2000 et dont les gouvernements d’Ariel Sharon, d’Ehoud Olmert, puis de Neta- nyahou, n’ont jamais su que faire.

Silencieux, hagards, les anciens de Holot errent par groupes de dix à vingt personnes le long des routes israé- liennes. Sous un soleil de plomb. Cer- tains ont passé leur première nuit d’«homme libre» à même la rue et dans des parcs publics. Voire dans des décharges publiques ou dans des cime- tières, comme à Beer Sheva, à Natanya, et à Petah Tikva.

Les migrants africains, détenus depuis plus d’un an, sortent par centaines du centre de Holot. Mais ils n’ont nulle part où poser leurs maigres bagages... © AFP.

où des dizaines de milliers de clandes- tins majoritairement originaires d’Ery- thrée et du Soudan s’entassent déjà dans des taudis et immeubles insa- lubres.

De l’argent et des armes

Bien sûr, l’injonction n’est pas respec- tée, car c’est à Tel-Aviv et à Eilat que les migrants ont le plus de chance de trou- ver un petit boulot occasionnel, mal payé et non déclaré. « Au lieu de lâcher les gens au hasard, le gouvernement de Netanyahou aurait mieux fait de pré- voir une structure permettant à ces gens-là de subsister dans des conditions décentes, d’avoir accès à des soins médi- caux, et même de travailler un mini- mum », affirme l’ONG « Hotline for mi- grant workers », la seule association is- raélienne à apporter une aide légale aux migrants et aux demandeurs d’asile. « Mais il ne faut pas rêver, ce ne sera ja- mais le cas car les responsables israé- liens ne veulent pas de ces Africains à l’intérieur de leurs frontières. »

Combien sont-ils ? Au moins 35.000 selon les autorités de l’Etat hébreu, 53.000 selon l’ONU et «environ

100.000 » selon les ONG. La quasi-to- talité des clandestins vivant en Israël sont en tout cas chrétiens ou musul- mans. Mais pas juifs. Ce qui explique également pourquoi Israël met tout en œuvre pour les pousser dehors.

En 2013 et 2014, environ 7.000 ont accepté de quitter l’Etat hébreu en échange d’une petite formation profes- sionnelle et d’une prime de 3.500 dol- lars. Puisqu’ils ne pouvaient retourner dans leur pays sans y risquer des ennuis, ils se sont retrouvés au Rwanda, en Ou- ganda et au Sud-Soudan, trois pays avec lesquels les dirigeants israéliens ont mené des négociations secrètes afin de se débarrasser de ces « indésirables ».

On s’en doute, Kigali, Kampala et Ju- ba – les trois capitales concernées – n’ont pas entrouvert leurs frontières pour faire plaisir à l’Etat hébreu : ils ont également trouvé leur intérêt dans ce « deal ». Il se dit d’ailleurs à Jérusalem que d’importantes sommes d’argent, évaluées en millions de dollars, ont été versées à ces pays et que du matériel mi- litaire « made in Israël » leur a discrète- ment été livré.

SERGE DUMONT

Dans certaines villes telles Hadera, Gedera et Arad, les édiles leur ont inter- dit de pénétrer sur le territoire munici- pal. « Nous croulons déjà sous les cas so- ciaux, vous n’imaginez quand même pas que nous allons accueillir des cen- taines d’Africains chez nous? Ce n’est tout simplement pas envisageable », as-

sène le maire d’Arad. «Je comprends que la vie est dure pour ces migrants mais, après tout, personne ne leur a de- mandé de venir en Israël. »

En recevant l’autorisation de quitter Holot, les anciens du centre ont été in- formés qu’il leur était interdit de se rendre à Tel-Aviv et à Eilat, deux villes. 


On Aug 28, 2015, at 8:51 PM, Roza Maziyateke biyogori2014@yahoo.fr [Democracy_Human_Rights] <Democracy_Human_Rights@yahoogroupes.fr> wrote: