AFP

Reporters sans frontières (RSF) a appelé mercredi l'Union européenne et les autres bailleurs de fonds à "suspendre leur soutien au régime de Kigali" et à "cesser leur appui financier" au scrutin présidentiel du 9 août.

"Inquiète de l'extrême dégradation du climat pour la presse au Rwanda, Reporters sans frontières demande à l'Union européenne et aux autres bailleurs de fonds internationaux de suspendre leur soutien au régime de Kigali et de cesser leur appui financier à l'organisation de l'élection du 9 août prochain", écrit l'organisation basée à Paris dans un communiqué.

"Combien de temps la communauté internationale va-t-elle encore cautionner ce régime liberticide?", interroge RSF.
"En soutenant l'élection présidentielle du mois prochain, qui se prépare pourtant dans des conditions exécrables, les autorités ne laissant de répit à personne, la communauté internationale se rend complice du régime", estime l'organisation.

"Si elle arrêtait ses décaissements, l'Union européenne marquerait clairement son opposition aux pratiques des autorités rwandaises", poursuit le texte.

Le 8 juillet, Agnès Uwimana Nkusi, directrice du bimensuel privé Umurabyo, a été arrêtée par la police et placée en détention provisoire au commissariat de Remera, à Kigali.

Selon la presse rwandaise, deux autres journalistes d'Umurabyo ont été arrêtés mardi.

"Cet incident fait suite à la publication dans son journal de plusieurs articles concernant des sujets sensibles", écrit RSF.

Dans les deux derniers numéros du bimensuel, la journaliste avait notamment publié des analyses et des questionnements sur le meurtre du rédacteur en chef d'Umuvugizi, Jean-Léonard Rugambage, et la tentative d'assassinat du général Faustin Kayumba Nyamwasa, exilé en Afrique du Sud.

Elle est poursuivie pour incitation à la désobéissance civile, outrage au chef de l'Etat, propagation de fausses rumeurs et négation du génocide des Tutsi.

"Son arrestation survient après l'assassinat de Jean-Léonard Rugambage, le blocage du site Internet du bimensuel Umuvugizi, et la suspension, pour six mois, des deux principaux journaux indépendants du pays, le bimensuel Umuvugizi et l'hebdomadaire Umuseso", souligne RSF, dénonçant une "véritable série noire".