RDCongo: sommet international à Nairobi pour arrêter l'engrenage du conflit

 

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Le président rwandais Paul Kagame (g.) et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon, à leur arrivée au sommet de Nairobi le 7 novembre 2008
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NAIROBI (AFP) - vendredi 07 novembre 2008 - 11h41 - Un sommet international sur les moyens d'arrêter l'engrenage de violences dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) qui menace de provoquer un désastre humanitaire s'est ouvert vendredi à Nairobi, alors que combats et exactions se poursuivent dans le Kivu.

Les travaux, en présence du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ont commencé dans un hôtel à la périphérie de la capitale kényane par des entretiens bilatéraux à huis-clos entre les participants, avant une séance plénière au cours de laquelle M. Ban devait prononcer un discours sur la crise congolaise.

Ce sommet, auquel participent les présidents congolais Joseph Kabila et rwandais Paul Kagame ainsi que plusieurs autres chefs d'Etat africains, a été convoqué d'urgence face à la détérioration rapide de la situation humanitaire et militaire dans le Nord-Kivu, province de l'Est de la RDC frontalière du Rwanda et théâtre d'une série de tragédies humanitaires et de conflits meurtriers depuis le début des années 90.

Les organisateurs du sommet n'ont pas précisé si MM. Kabila et Kagame auraient des entretiens directs lors de la réunion, alors que les deux gouvernements multiplient les accusations réciproques sur leur responsabilité dans la crise.

Sur l'objectif du sommet, le Commissaire européen au développement Louis Michel a souhaité qu'il aboutisse à "une déclaration qui ré-engage les différents chefs d'Etat de la région" sur les accords déjà signés pour mettre fin au conflit, essentiellement sur la neutralisation des groupes armés qui sévissent dans le Kivu.

Ces accords visent particulièrement le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du général congolais tutsi Laurent Nkunda, et les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), rébellion hutue rwandaise basée dans l'est de la RDC.

"J'espère qu'ils (les chefs d'Etat) vont mettre au point une feuille de route opérationnelle avec des mécanismes de contrôle", a commenté M. Michel en marge de la réunion, ajoutant: "nous demandons tous un cessez-le-feu et des risques de sanctions pour tous ceux qui ne le respectent pas".

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Corps de cinq civils tués lors des combats, à Kiwanja dans le Nord-Kivu, le 6 novembre 2008
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La rébellion de Laurent Nkunda, qui a par avance jugé inutile le sommet de Nairobi, a infligé jeudi un nouveau revers majeur à l'armée de la RDC en s'emparant d'au moins une nouvelle localité de l'est du pays, Nyanzale.

Avant l'ouverture des débats à Nairobi, Kudura Kasongo, porte-parole de M. Kabila, a accusé les rebelles d'avoir commis des "tueries" dans le Kivu et dénoncé l'inaction la mission de l'ONU en RDC (Monuc) face à ces exactions.

"Il y a des tueries de commises et apparemment la Monuc n'a rien fait", a accusé le porte-parole dans des déclarations à la presse.

Il a également une nouvelle fois accusé le Rwanda d'être impliqué dans le conflit dans le Kivu. "Il faut que le Rwanda cesse d'intervenir dans le problème congolais. Le Rwanda est impliqué dans les violences actuelles", a-t-il affirmé.

Jeudi l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a accusé les rebelles de Laurent Nkunda et les miliciens pro-gouvernementaux Maï-Maï d'avoir "délibérément" tué des civils lors de combats dans le Kivu.

De son côté, la Monuc s'est dite "extrêmement préoccupée" par des rapports qui "concernent des exactions graves contre des civils, y compris des exécutions sommaires" qui auraient été perpétrées par les rebelles dans une autre localité de l'Est, Kiwanja.

"Les Casques bleus de l'ONU dans l'est de la RDC sont tout simplement incapables de protéger des civils qui sont délibérément visés", a par ailleurs déploré HRW, qui cite l'un de ses experts sur l'Afrique, Anneke Van Woudenberg.