Rwanda: Villepin, mis en cause, accuse Kigali de "jouer avec l'Histoire"

 

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L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin avec Alain Juppé, dont il était le chef de cabinet en 1994, le 15 janvier 2004 à Bordeaux
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PARIS (AFP) - dimanche 24 août 2008 - 20h44 - L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, mis en cause dans un rapport rwandais sur le génocide de 1994, a accusé dimanche les autorités de Kigali de "jouer avec l'Histoire", affirmant de son côté "ne pas craindre" la vérité.

Dans un rapport publié début août, le Rwanda a une nouvelle fois accusé la France d'avoir activement "participé" à l'exécution du génocide de 1994 et a envisagé des suites judiciaires. M. de Villepin, alors directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, figure parmi les 13 dirigeants français incriminés par ce rapport.

"Il ne faut pas tout mélanger", a déclaré dimanche M. de Villepin au Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro. "Il s'est produit un drame, un génocide. Le seul pays au monde qui a pris le risque d'une intervention (...) c'est la France".

"Faut-il faire le procès du pays, de l'armée française, qui a pris le risque d'aller au Rwanda pour sauver des milliers de vies", a-t-il poursuivi, affirmant s'être personnellement "battu pour que l'on ferme Radio mille collines, (...) pour que nous allions sauver des Rwandais dans des quartiers qui étaient menacés et menaçants".

"Il y a bien sûr un devoir de mémoire, il y a bien sûr une exigence de vérité, et moi je ne crains en aucun cas cet exercice là, mais je crois qu'il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes".

"Quand les autorités rwandaises, parce qu'elles craignent une mise en cause judiciaire de la part de la justice française, prennent cette occasion pour faire un rapport et remettre les compteurs à zéro, je crois qu'elles jouent avec l'Histoire, cela n'est pas conforme à la vérité historique", a-t-il conclu.

Les autorités françaises ont rejeté comme "inacceptables" les conclusions du rapport rwandais.

Kigali a rompu en novembre 2006 ses relations diplomatiques avec Paris après que le juge Jean-Louis Bruguière eut réclamé des poursuites contre le président rwandais Paul Kagame pour sa "participation présumée" à l'attentat contre l'avion de l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, qui avait déclenché le génocide.