Le procès de Mme Victoire Ingabire Umuhoza reporté au 20 juin 2011 dès son ouverture


Ce lundi 16 mai 2011, à 8h40, à la Haute Cour de Kigali s’est ouvert le procès de Mme Victoire Ingabire Umuhoza, Présidente des FDU-Inkingi. Elle a été présentée à la cour avec quatre co-accusés: Tharcisse Nditurende, Jean Marie Vianney Karuta, Noël Habiyaremye et Vital Uwumuremyi. Ils étaient escortés par une multitude d’agents pénitenciers, de policiers et d’agents des services de renseignement (CID: Département des Investigations Criminelles, D.M.I). Cette équipe était dirigée par le chef de la police dans le district de Nyarugenge, M. Mutezintare, accompagné par le directeur de la prison centrale de Kigali, dite «Prison 1930».

Toutes les personnes ont été systématiquement et corporellement fouillées à l’entrée de la salle d’audience, à commencer par les accusés eux-mêmes. Une ambiance d’intimidation était très perceptible, si bien que sur les 44 places assises prévues dans cette salle, près de 16 étaient occupées par des agents de sécurité dont huit armés jusqu'aux dents, alors que l’extérieur du bâtiment était quadrillé par d’autres agents en armes. Près de 150 personnes venues suivre ce procès, sont restées debout à l’intérieur comme à l’extérieur du bâtiment.

Le président du Tribunal, la juge Angéline Rutazana a ouvert le procès par la description des identités des accusés ainsi que les chefs d’accusation pour lesquels ils sont poursuivis avant de donner la parole aux accusés et à leurs avocats.

En prenant la parole, Mme Victoire Ingabire a d’emblée rappelé que son procès est politique, et que son issue sera politique. Elle a ensuite demandé le report de son procès, justifiant qu’elle a été privée de ses droits d’accès au dossier, que des dossiers des pseudo co-accusés n'avaient jamais été disponibles et que le procureur refuse toujours de dévoiler certains documents versés au dossier. Elle a précisé que le tribunal avait été informé par voies directes, par elle et par ses avocats de cette anomalie, mais qu’il a continué de faire sourde oreille. Mme Ingabire et ses avocats avaient aussi rappelé que ce procès ne pouvait avoir lieu avant que tout le dossier d’accusation soit traduit en anglais, langue parlée par ses avocats britanniques.

Du côté de l’accusation, le procureur Bonaventure Ruberwa a expliqué que l’accusée a le droit d’être assistée par un avocat, comme cela est garanti par la Constitution mais il a rappelé qu’elle doit être jugée rapidement et il a demandé qu’un délai ne dépassant pas un mois puisse lui être accordé.

Chose étonnante, les co-accusés et témoins à charge du parquet contre Mme Ingabire dans ce dossier, ont demandé que le procès commence très rapidement, sans même chercher à savoir si le dossier était complet ou pas. Feignant ignorer que leurs dossiers avaient été regroupés avec celui de Mme Ingabire, ils ont dit qu’ils étaient prêts à comparaître immédiatement. Ils ont tout de suite appuyé la requête du procureur qu’ils soient jugés dans un délai ne dépassant pas un mois. Rappelons que dans la lettre qu’ils ont adressée au Tribunal, les avocats de Mme Ingabire avaient demandé à ce que le procès ne débute pas avant septembre 2011 pour que tous les obstacles liés au dossier, notamment l’accès à certains documents et la traduction complète du dossier, soient levés.

A 10 heures locales, la juge qui présidait l'audience a annoncé le report du procès au 20 juin 2011. Elle a promis à Mme Ingabire que ses demandes seront considérées.

Les FDU-Inkingi expriment leur grande inquiétude du fait que les autorités rwandaises veulent que ce procès se déroule rapidement tout en refusant l’accès à certains éléments du dossier à l’accusée; cela fait craindre un simulacre de procès. Pourtant comme le rappelle Mme Victoire Ingabire Umuhoza, ce procès est politiquement motivé et seule une approche politique pourrait lui trouver une issue.

Les FDU-Inkingi demandent constamment aux autorités rwandaises la libération immédiate et sans condition de leur présidente, afin qu’elle puisse librement participer à la vie politique du pays en exposant son projet de société, comme alternative au pouvoir actuel et que le peuple puisse avoir le droit de choisir librement ses dirigeants.

 

Fait à Kigali, le 16 mai 2011

FDU-INKINGI
Vice-président intérimaire
Boniface Twagirimana



Mwemma