LE MANDAT D'ARRÊT CONTRE ROSE KABUYE LEVÉ PAR PARIS, SELON LE RWANDA

 

La justice française a levé le mandat d'arrêt visant Rose Kabuye, chef du protocole de la présidence rwandaise mise en examen pour son rôle présumé dans l'attentat qui a coûté la vie en avril 1994 au président Juvenal Habyarimana, annoncent les autorités rwandaises.

Rose Kabuye

"Le gouvernement rwandais a exprimé sa satisfaction aux autorités judiciaires françaises qui ont finalement levé le mandat d'arrêt, initiative qui permettra à Mme Kabuye de reprendre ses fonctions et de voyager librement", indique le gouvernement rwandais dans un communiqué diffusé mardi.

Rose Kabuye, considérée comme une proche du président Paul Kagame, regagnera Kigali immédiatement, précise-t-on.

Aucun représentant des autorités françaises n'a pu être contacté.

Arrêtée le 9 novembre 2008 en Allemagne, Rose Kabuye a été extradée vers la France où elle a été mise en examen le 18 novembre pour "complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste".

Elle nie toute implication dans l'attentat contre l'avion du président Habyarimana, abattu le 6 avril 1994 par des missiles sol-air à son atterrissage à Kigali. Onze autres personnes ont été tuées, dont quatre membres d'équipage français. Cet événement est considéré comme le début du génocide qui a vu périr 800.000 Tutsis et Hutus modérés en trois mois.

"Depuis son arrestation, Mme Kabuye coopère avec les autorités françaises et continuera à le faire jusqu'à ce que l'affaire soit classée et son innocence établie", lit-on dans le communiqué de Kigali.

Au total, neuf fonctionnaires rwandais sont visés depuis novembre 2006 par des mandats d'arrêt internationaux délivrés par la justice française. Le dossier a entraîné la rupture des liens diplomatiques entre Paris et Kigali.

En août, le Rwanda a accusé à son tour 33 responsables politiques et militaires français d'implication dans le génocide. Kigali estime que Paris, qui a soutenu le gouvernement du président Habyarimana mais a toujours nié avoir trempé dans le génocide, cherche à faire diversion.

Hereward Holland, version française Jean-Philippe Lefief

 

RWANDA
Rose Kabuye : le mandat d'arrêt n'a pas été levé
NOUVELOBS.COM | 02.04.2009 | 11:17

Contrairement aux informations relayées par certaines agences de presse, la chef du protocole de la présidence rwandaise est toujours soumise à un contrôle judiciaire qui, sur le papier, lui interdit de quitter le territoire français.
Selon les autorités rwandaises, la justice française a levé le mandat d'arrêt visant Rose Kabuye. Faux, répond son avocat. (Reuters)
Pour la troisième fois depuis son arrestation le 9 novembre 2008 en Allemagne et son transfert en France, Rose Kabuye, chef du protocole de la présidence rwandaise, a été autorisée à retourner dans son pays. Contrairement aux informations relayées par certaines agences de presse, elle est toujours soumise à un contrôle judiciaire qui, sur le papier, lui interdit de quitter le territoire français.
Mais les autorités judiciaires françaises ont visiblement décidé de ménager cette proche du chef de l?Etat Paul Kagamé. Comme huit autres Rwandais, elle faisait l?objet d?un mandat d?arrêt délivré par le juge Bruguière dans le cadre de son enquête sur l?attentat qui avait coûté la vie le 6 avril 1994 au président hutu, Juvenal Habyarimana.
Un mandat qui avait été levé dès sa mise en examen le 18 novembre pour "complicité d?assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et non le 31 mars comme l?affirmait mardi une dépêche Reuters.
"C?était un ordre de transfert chez un juge qui a pris fin dès sa première comparution" , explique son avocat, maître Léon Lev Forster. Depuis, elle a été entendue sur le fond durant deux journées entières par les juges d?instruction Philippe Coirre et Marc Trévidic, qui ont hérité du dossier Bruguière. Une troisième audition est prévue en mai.
"Les juges sont absolument corrects dans leur façon d?opérer et instruisent à la fois à charge et à décharge", se félicite Me Forster qui n?exclut pas de demander prochainement la levée de son contrôle judiciaire. Les deux magistrats devraient ensuite auditionner plusieurs témoins de Bruguière qui se sont rétractés depuis, et notamment Joshua Ruzibiza, l?une des figures clefs de cette affaire.
Christophe Boltanski