CENTRE DE LUTTE CONTRE L’IMPUNITE

ET L’INJUSTICE AU RWANDA

BP 141 Bruxelles 3                                                              Bruxelles, le 22 septembre 2005.

10 30 BRUXELLES   - Tél/Fax:32.81/60.11.13

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Objet : Le père Guy THEUNIS est

un otage et non un détenu.

 

 

                                                                       Monsieur Guy VERHOFSTADT

                                                                       Premier Ministre du Royaume de Belgique

                                                                       Rue de la Loi, n°16

                                                                       1000 BRUXELLES

 

Monsieur le Premier Ministre,

 

Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR)* a l’honneur de vous demander d’exiger la libération immédiate et sans conditions du père Guy THEUNIS pris en otage par un groupe terroriste tutsi qui domine le Front Patriotique Rwandais (FPR) et qui a pris le pouvoir par la force au Rwanda après le génocide de 1994 qu’il venait de déclencher. Ce groupe terroriste, qui est devenu expert en matière de prise d’otages, continue de prendre en otage les institutions officielles et la population du Rwanda. Nous y reviendrons plus loin.

 

Selon des sources journalistiques internationales, rapporté dans une dépêche de l’agence MISNA, le président rwandais Paul Kagame que vous avez rencontré– en marge du Sommet de l’Onu à New York – vous aurait assuré qu’il allait personnellement se pencher sur le dossier du Père Theunis et qu’il n’était pas opposé à son transfert devant la magistrature belge. D’après les informations diffusées vendredi 16 septembre 2005 par la VRT, les ministres des affaires étrangères de la Belgique et du Rwanda, Monsieur Karel De GUCHT et Monsieur Charles MULIGANDE ont pris part à votre entrevue avec Kagame. Vous avez demandé au Président Paul KAGAME que le dossier du père Guy THEUNIS soit jugé sur les faits et le contenu en toute objectivité. Vous savez aussi bien que nous que cette prise d’otage est basée sur de fausses accusations dont est victime globalement l’Eglise catholique du Rwanda que le FPR veut détruire. Donc on ne peut pas juger les faits et le contenu d’un dossier qui n’existent pas.

Permettez-nous, Monsieur le Premier Ministre, de vous mettre en garde contre toute tentative de tomber dans les pièges et de succomber au chantage planifiés contre les autorités belges par ce groupe terroriste du FPR dirigé par le Général Paul KAGAME. Selon le journal le Soir du vendredi 16/09/2005, « la Belgique pourrait éventuellement juger le père Guy THEUNIS, mais peut-être contre une monnaie d’échange : le Rwanda désire en effet l’extradition présumés auteurs du génocide présents sur son territoire ». Comment la Belgique pourra-t-elle juger un prêtre dont l’innocence est criante ? A moins que la justice belge apprenne à fonctionner comme la magistrature rwandaise qui est contrôlée et paralysée par le groupe terroriste FPR depuis plus de 11 ans.

Les véritables raisons de la prise en otage du père Guy THEUNIS consisteraient donc à forcer la Belgique de conclure des accords d’extradition avec le groupe terroriste FPR. Si la Belgique,  qui a toujours été le maillon faible de l’Union Européenne grâce à la prétendue « neutralité » de ses dirigeants politiques, conclut un quelconque accord d’extradition avec le régime terroriste du Général Paul KAGAME, c’est tous les pays de l’Union Européenne qui tomberont dans ce gigantesque complot dirigé contre les opposants politiques, les journalistes, les défenseurs des droits humains ainsi que tous les réfugiés Hutu éparpillés en Europe. A propos de cette neutralité, voici ce qu’en dit Monsieur Elie WIESEL : « Il faut prendre parti. La neutralité favorise l’oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage le persécuteur, jamais le persécuté ». La neutralité et le silence des dirigeants belges ne peuvent en aucun cas faire libérer le père Guy THEUNIS pris en otage. Cette neutralité a favorisé le soutien politique et diplomatique ainsi que le financement aveugles de la Belgique et de l’Union Européenne en faveur du régime terroriste du FPR.

Un otage transformé en détenu monnayable:

 

Lorsqu’un terroriste irakien, tchétchène ou un membre d’Al Quaïda prend en otage un journaliste ou employé d’une agence humanitaire, tous les pays de l’Union Européenne crient au scandale et exigent sa libération immédiate. Les armées ou les forces spéciales américaines ou britanniques s’apprêtent à intervenir pour libérer les otages et anéantir par force les terroristes preneurs d’otages.

Le père Guy THEUNIS a été victime d’un enlèvement terroriste qui a été transformé en arrestation puis en emprisonnement arbitraire. Cela veut dire que c’est un otage que le président rwandais Paul KAGAME tente de transformer en un détenu monnayable pour négocier des accords d’extradition contre des survivants Hutu exilés en Europe. Comme nous l’avons écrit au Ministre rwandais de la Justice le 11/09/2005, le procureur Emmanuel RUKANGIRA a été sollicité, comme d’habitude, par les chefs de la DMI pour couvrir leur acte terroriste avec un habillage judiciaire. Après cette mise en scène judiciaire, l’otage Guy THEUNIS, fut accusé, par le procureur Emmanuel RUKANGIRA, d’incitation au génocide et de révisionnisme et négationnisme successif sur la base de sa participation à la revue Dialogue, dans laquelle il aurait reproduit des articles de la revue extrémiste Kangura. Il est également accusé d’avoir propagé, à travers des fax envoyés en avril 1994, une fausse information sur ce qui se passait alors au Rwanda.

Depuis leur maison générale sise à Rome, les Missionnaires d’Afrique précisent que : « La revue Dialogue était une revue d’information et de réflexion abordant tous les problèmes économiques, sociaux, culturels, politiques, religieux et autres, intéressant le Rwanda. La revue livrait des données brutes et des données de sens, ne défendait aucune idéologie et cherchait à promouvoir une politique de l’espérance. Ils soulignent en outre qu’aucun dossier d’accusation n’a été présenté en Belgique contre le Père Theunis, qui avait d’ailleurs séjourné librement au Rwanda une vingtaine de jours en septembre 2004 ».

 

Le terrorisme triomphant du président Paul KAGAME :

Après avoir exterminé ou emprisonné les opposants politiques intérieurs et exilé quelques opposants survivants, le chef d’Etat terroriste Paul KAGAME aura réussi là où les autres terroristes (islamistes tchétchènes, irakiens, Al-Quaïda, etc.) ont échoué : un prêtre otage innocent transformé en monnaie d’échange contre des réfugiés innocents. Le chantage du président Paul KAGAME a déjà fait marcher les autorités burundaises qui ont expulsé le 13 juin 2005 sans aucun remord plus de 10.000 demandeurs d’asile rwandais qui croyaient trouver refuge au Burundi.

Le Père Guy Theunis, est un prêtre catholique âgé de 60 ans. Ce membre de la Société des Missionnaires d’Afrique (SMA) a été arrêté arbitrairement à l’aéroport international de Kanombe à Kigali (au Rwanda) le mardi 6 septembre 2005 par la Directorate of Military Intelligence (DMI). Il était arrivé au Rwanda la veille (05/09/2005) en provenance de la République Démocratique du Congo (RDC) et se préparait à s’embarquer dans un avion de SN Brussels Airlines pour la Belgique. Il a été détenu à la Brigade Policière de Remera près de l’aéroport de Kanombe jusqu’à vendredi 9 septembre le jour où il a été transféré à la Prison Centrale de Kigali.

Ce n’est donc pas la justice rwandaise qui l’a arrêté mais la DMI qui est une structure reconnue comme terroriste par des rwandais et de nombreux observateurs et chercheurs étrangers. La DMI est une sorte de GESTAPO rwandaise et une véritable machine à tuer et à terroriser mise en place par la junte militaire du Général Paul KAGAME. En outre la DMI est impliquée dans la majorité des assassinats, des crimes de torture, des emprisonnements arbitraires, des kidnappings et des disparitions forcées. La DMI est une structure terroriste qui sert à terroriser les magistrats, les ministres, les parlementaires, les autorités locales et tous les citoyens rwandais ainsi que des étrangers qui résident ou visitent le Rwanda. Elle est la principale source d’insécurité pour tous les rwandais.

 

Depuis le déclenchement de sa guerre de conquête du Rwanda le 1er octobre 1990 et celle d’occupation du Congo Kinshasa en octobre 1996, les victimes de ce groupe terroriste FPR, le plus célèbre et le plus meurtrier de l’Afrique Centrale, se comptent par millions. Le bilan des pertes en vies humaines est très lourd :

-          Plus de 2.500.000 de morts au Rwanda (dont environ entre 500.000 et 800.000 tutsi) selon les estimations des chercheurs indépendants ;

-          Plus de 4.500.000 personnes massacrées par les militaires du FPR ou tuées en République Démocratique du Congo  par les conséquences de la guerre d’occupation des armées Tutsi du Rwanda appuyées par celles du Burundi et de l’Ouganda;

-          Plus de 200.000 réfugiés Hutu massacrés par les militaires du FPR entre octobre 1996  et mai 1997, selon le rapport d’une Commission d’enquête de l’ONU ;

-          Cinq évêques catholiques assassinés par le groupe terroriste FPR (dont quatre étaient des évêques Hutu du Rwanda plus l’archevêque de Bukavu Mgr Christophe MUNZIHIRWA assassiné le 29 octobre 1996 à Bukavu). Son successeur, Mgr Emmanuel KATALIKO, a été déporté de Bukavu et séquestré à BUTEMBO pendant plus de six mois. Il est mort subitement à ROME après sa libération par le groupe terroriste du FPR qui occupe la RDC. Des dizaines de prêtres et de religieuses catholiques ont été assassinés systématiquement par les militaires du FPR

-          Quatre (4) chefs d’Etat assassinés en 8 ans, soit entre 1993 et 2001. Il s’agit du président Hutu burundais élu démocratiquement en juin 1993 et tué à Bujumbura par les militaires Tutsi burundais en octobre 1993. Les présidents Hutu, celui du Rwanda le Général Juvénal Habyarimana et celui du Burundi Monsieur Cyprien NTARYAMIRA, tués à Kigali par les terroristes Tutsi du FPR dans l’attentat terroriste aérien du 6 avril 1994. Le président congolais Joseph Désire KABILA assassiné à Kinshasa le 16 janvier 2001.

-          Plusieurs personnalités et fidèles collaborateurs HUTU du FPR ont été systématiquement assassinés par les agents de la DMI que ce soit au Rwanda ou dans les pays africains (Le ministre de l’Intérieur Seth SENDASHONGA, le colonel Théoneste LIZINDE, Le président du Conseil d’Etat Richard NSANZABAGANWA, le président de la Cour de Cassation Lt Colonel Augustin CYIZA, l’ex-directeur de Banque Africaine Continentale du Rwanda Monsieur Pasteur DUSABE. Des commerçants Hutu assassinés au Kenya et en Uganda, etc…

 

 

Une comparution mise en scène devant les Juridictions GACACA :

 

Le dimanche 11 septembre 2005, le père Guy THEUNIS a comparu devant le tribunal GACACA de la cellule UBUMWE dans le secteur Rugenge, dans la ville de Kigali.

Le Père Guy THEUNIS a comparu ce dimanche 11 septembre 2005 devant les juridictions participatives GACACA de la Cellule UBUMWE , Secteur RUGENGE, District NYARUGENGE, Mairie de la Ville de KIGALI. C’est dans cette localité que se trouve la Communauté des Missionnaires d’Afrique (dit communément CELA, Centre d’Etude des Langues) dont faisait partie le Père Guy THEUNIS jusqu’en avril 1994. Cette comparution du père Guy THEUNIS devant ce tribunal GACACA a été une mise en scène d’un véritable cinéma dont le scénario a été imaginé et écrit par les chefs de la Directorate of Military Intelligence (DMI).

 

Les séances de Gacaca dans la Cellule Ubumwe ont débuté vers 9h00 du matin sur le terrain de la Paroisse Ste Famille. Elles se sont déroulées en kinyarwanda (langue nationale) sauf deux témoins qui ont eu besoin d’un interprète en français et en anglais. Beaucoup de témoins à charge se sont relayés pour l’accuser de tous les maux : collaborateur des génocidaires, ami des génocidaires, idéologue du génocide, génocidaire comme les autres, révisionniste, négationniste, tortionnaire, nazi, ennemi du FPR, etc…

 

Certaines de ces accusations se réfèrent à son engagement comme journaliste de la Revue Diaologue que les accusateurs considèrent comme le canal de diffusion de l’idéologie génocidaire, parmehutu, entretenue par des génocidaires ou des Hutu power. Ces témoins à charge sont ceux qui ont travaillé ou vécu ensemble avec le Père Theunis ; d’autres sont ceux qui se sont improvisés comme chercheurs en génocide ou des journalistes « spécialistes » de l’idéologie du génocide. D’autres sont ceux qui ont entendu parler du Père Guy Theunis, qui se disent être rescapés de la Paroisse Sainte Famille et qui déclarent avoir vu le Père THEUNIS en compagnie des génocidaires durant toute la période du génocide. Ces témoins ignoraient que Theunis avait quitté le Rwanda le 13 avril 1994 !

 

L’historienne américaine et activiste des droits de l’homme de Human Rights Watch, Madame DESFORGES a été l’unique témoin à décharge à comparaître devant ce tribunal Gacaca. Avant de lever la séance, les juges ont placé le Père Theunis dans la première catégorie des planificateurs du génocide, passibles de la peine de mort si elles sont reconnues coupables. Ils ont ensuite transmis son dossier devant la justice conventionnelle.

Madame Alison Desforges a révélé à l’agence de presse Hirondelle l’essentiel de son témoignage devant le tribunal Gacaca de Kigali en faveur du prêtre belge dans ces termes : « Le Père Theunis a expliqué qu’il s’était investi dans la défense des droits de l’homme au Rwanda durant les années ayant précédé le génocide (de 1994) en collaboration avec certaines organisations internationales, dont Human Rights Watch. Il a expliqué que j’étais, dans ce contexte, l’une des personnes qui avaient travaillé avec lui. Etant donné qu’il avait mentionné mon nom, je me suis sentie obligée de demander à intervenir pour confirmer ce qu’il avait dit. Si je n’avais pas accepté, l’on aurait pu penser qu’il n’avait dit pas la vérité. Je me suis donc levée pour dire qu’il avait dit la vérité, qu’il s’était impliqué en enquêtant sur les abus (commis) contre les Rwandais-les Tutsis ainsi que les Hutus et les Twas-, au cours des années qui ont précédé le génocide.

J’en ai également profité pour souligner que les tribunaux Gacaca devaient, conformément à la loi, se limiter aux événements qui se sont déroulés jusqu’à la fin de 1994, et pas après.

Certaines des preuves présentées concernaient des choses dont le Père Theunis aurait dites ou écrites après 1994. Et j’ai simplement fait remarquer que le tribunal ne pouvait pas se fonder sur ces éléments lors du jugement parce que tous ces éléments en dehors de la juridiction du tribunal n’étaient pas pertinents.

Le dernier point que j’ai soulevé était que l’incitation (à commettre le génocide) implique le fait de vouloir mobiliser la population à faire une action quelconque. Or dans ce cas précis, la prétendue preuve, dont des fax que le Père Theunis aurait signés et envoyés à ses supérieurs ecclésiastiques en Europe, sans intention de les distribuer en dehors de ce cercle limité, ne constitue pas pour moi une incitation. A ce moment, les juges sont intervenus pour me demander de conclure mon propos, et j’ai obtempéré ».

 

Quant à la crédibilité des tribunaux GACACA, Alison DESFORGES a déclaré : « Au cours de ma dernière visite au Rwanda, j’ai eu l’occasion d’assister à deux sessions Gacaca, l’une concernant le Père Theunis, et l’autre, plusieurs jours plus tôt, un procès proprement dit. Je dirais que sur la base de ce que j’ai pu observer, ma première observation à savoir qu’il y aurait des variations en termes de qualité s’est avérée fondée, c’est à dire que le procès impliquant une autre personne, un Rwandais, m’a donné l’impression d’être plus objectivement conduit que celui du Père Theunis.  

Cela dit, le procès du Père Theunis, même s’il est apparu comme une démonstration publique de grande envergure, lui a quand même permis de s’expliquer et de répondre aux accusations portées contre lui. Ce qui n’est pas toujours le cas à ce stade de Gacaca en phase accusatoire. En d’autres termes, c’était sans nul doute bon signe que le Père Theunis ait pu s’exprimer librement, et qu’il pouvait fort heureusement le faire en Kinyarwanda. Il a fait entendre sa voix très clairement et logiquement, de sorte que ceux qui étaient à l’audience pouvaient comprendre, s’ils le voulaient, ses points de vue sur les accusations pesant sur lui. Maintenant que le procès a été remis au parquet, tout ce que nous pouvons espérer est que les autorités judicaires vont libérer le Père Theunis, au cas où les preuves s’avèrent insuffisantes. Il faut le faire comparaître devant des instances qui soient compatibles avec les normes internationales de justice car, après tout, le Rwanda dit être un gouvernement qui applique la loi, et il a adhéré à certaines conventions internationales sur la manière dont les individus doivent être jugés dans des systèmes judiciaires ».

 

Quand à l’impact de cette arrestation arbitraire sur les relations entre le Rwanda et la Belgique, Alison DESFORGES donne son point de vue : « Je pense que cette arrestation a déjà eu un impact considérable. Le Rwanda bénéficie d’un soutien énorme de la Belgique avec laquelle il a déjà signé un accord de coopération en matière judiciaire, surtout en ce qui concerne des questions en rapport avec le génocide. Pourtant, les autorités belges affirment qu’elles n’ont jamais été informées que les Rwandais préparaient un dossier contre le Père Theunis, qui est un citoyen belge. Elles ont été mises devant le fait accompli.

Cela paraît surprenant étant donné le degré de coopération qui existe déjà et qui a impliqué les mêmes personnes du bureau du procureur ayant joué un rôle dans la préparation du dossier contre le Père Theunis.

L’on ne peut donc pas dire que le parquet rwandais n’était pas au courant de l’existence de telles relations avec les autorités judiciaires belges car en fait l’une des personnes du bureau du procureur avait joué un rôle très important dans cette coopération avec les Belges ».

 

Les crimes terroristes du FPR pour détruire la Société civile :

 

Le père Guy THEUNIS n’est pas la première victime belge du groupe terroriste FPR. Le 21 juillet 1998, deux pères blancs belges Jean Lefebvre et Marc François ont été enlevés et séquestrés par de « prétendus rebelles Hutu » pendant plusieurs jours avant d’être libérés. Des sœurs canadiennes, espagnoles et rwandaises ont été kidnappées avant d’être libérées par des « prétendus rebelles » qui ont été identifiées plus tard comme des soldats du FPR.

- Le 15 mars 1995, trois ONG belges de développement (COOPIBO, Iles de paix et S0S-Faim) très proches et principaux bailleurs de fonds du  mouvement coopératif paysan rwandais ont été expulsés afin d’appauvrir la paysannerie et anéantir le « Mouvement Coopératif » déjà initié à la démocratie et aux droits humains. Les membres des coopératives et les paysans progressistes, assassinés et pourchassés par le régime actuel, avaient suivi de nombreux séminaires de formation et de sensibilisation aux droits humains et à la démocratie organisés par le Centre IWACU (ONG d’appui au Mouvement coopératif) entre 1991 et 1994. La volonté de harceler et de persécuter les témoins étrangers se manifeste par des faits suivants :

- Le 6 décembre 1995, 38 ONG humanitaires ont été expulsées et 18 suspendues. Parmi elles, l’ONG « MEDECINS DU MONDE » dont trois médecins espagnols (le médecin Manuel Madrazo Osuna, âgé de 42 ans, l’infirmière Maria Flores Sirena, 33 ans et le logisticien Luis Vatuena Gallego, 30 ans) furent assassinés par le FPR dans la soirée du 18 janvier 1997 afin de contraindre tous les témoins gênants étrangers de quitter les campagnes et les villages rwandaises.

Le 4 février 1997 en commune Karengera (Cyangugu) le FPR a assassiné cinq observateurs des droits humains de la Mission du Haut Commissariat de l’ONU aux Droits de l’Homme. Il s’agit de :

- Sastra CHIM-CHAN, de nationalité Cambodgienne;

- Graham TURNBULL, de nationalité Britannique.

- Leurs interprètes rwandais, Jean Bosco MUNYANEZA et Aimable NSENGIYUMVA.

- Agrippin NGABO, Assistant rwandais dans le cadre d’un projet de recensement de la population carcérale. Certains témoignages affirment que les tueurs se seraient cachés dans les plantations de thé. La tête d’une des victimes a été coupée et a été retrouvée dans ces plantations.

 

Le 30 juin 2004, après trois jours de débat, le Parlement rwandais a demandé au Gouvernement de dissoudre cinq organisations de la Société Civile en raison de leur prétendu soutien à des idées génocidaires. Il a aussi  demandé qu'une action soit intentée contre certaines organisations non gouvernementales internationales actives au Rwanda. Ces organisations internationales sont accusées de soutenir les groupes locaux accusés de nourrir une idéologie génocidaire. Ce Parlement a aussi nommé les Pays-Bas et la France comme pays accordant un soutien à des organisations rwandaises qui ont une idéologie génocidaire. Dans le rapport parlementaire, des allégations ont aussi été porté contre plusieurs établissements d’enseignement secondaire et supérieur ainsi que les confessions religieuses. D’après les informations diffusées par Radio « Voice of America » le 11 octobre 2004, notre Centre a appris avec consternation l’emprisonnement arbitraire et massif des dizaines de directeurs, de professeurs et d’élèves des écoles secondaires du Rwanda. Certains de ces élèves étaient âgés de 5 ans en 1994 pendant le génocide rwandais !!

 

Vu le caractère arbitraire de l’emprisonnement du père THEUNIS, il y a lieu de se demander si les deux procès du génocide rwandais tenus devant la Cour d’Assises de Bruxelles n’étaient pas fondés sur de fausses accusations alimentés par les délateurs du FPR.

 

En conclusion, nous vous demandons, Monsieur le Premier Ministre, d’exiger la libération immédiate du père Guy THEUNIS et de refuser toute signature d’un accord d’extradition vers un pays où la magistrature ainsi que toutes les institutions officielles sont contrôlées et paralysées par la junte militaire du président Paul KAGAME. Cette junte militaire est constituée par un petit noyau de chefs militaires et politiques du FPR impliqués dans des crimes de génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre.

 

Comptant sur votre habituelle perspicacité, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’assurance de notre haute considération.

 

Pour le Centre, MATATA Joseph, Coordinateur.

 

 

 

CLIIR* : Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda est une association de défense des droits humains basée en Belgique, créée le 18 août 1995. Ses membres sont des militants des droits humains de longue date. Certains ont été actifs au sein d’associations rwandaises de défense des droits humains et ont participé à l’enquête CLADHO/Kanyarwanda sur le génocide de 1994. Lorsqu’ils ont commencé à enquêter sur les crimes du régime rwandais actuel, ils ont subi des menaces et ont été contraints de s’exiler à l’étranger où ils poursuivent leur engagement en faveur des droits humains.



Centre de Lutte contre l'Impunité
et l'Injustice au Rwanda (CLIIR)
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