Délégation belge à Kigali pour négocier extradition du père Theunis

Bron: Belga

15/10/2005 17:56


KIGALI 15/10 (BELGA/AG) = Des représentants du ministère belge des affaires étrangères ont engagé à Kigali des discussions avec les autorités rwandaises pour obtenir l'extradition du Père Theunis. Guy Theunis, prêtre catholique qui a vécu au Rwanda de 1970 à 1994, avait été arrêté le 6 septembre pour incitation au génocide et négationnisme, au moment où il transitait par l'aéroport de la capitale rwandaise. Le ministère belge des Affaires étrangères avait annoncé le 4 octobre que les autorités rwandaises avaient accepté de transférer à la justice belge le dossier du père Theunis.(PRS)


Le religieux belge arrêté à Kigali et transféré à la prison centrale

AFP 09.09.05 | 14h34

Le missionnaire catholique belge, le père Guy Theunis, arrêté mardi soir au Rwanda pour "complicité de génocide", a été transféré à la prison centrale de Kigali, a-t-on appris vendredi de source judiciaire rwandaise.

"Il a été transféré à la prison centrale de Kigali", a expliqué à l'AFP Domitille Mukantaganzwa du département du ministère rwandais de la Justice qui gère les tribunaux populaires "gacaca", chargés de juger les auteurs présumés du génocide de 1994 au Rwanda.

M. Theunis, qui était en poste au Rwanda de 1970 à 1994, pourrait devenir le premier religieux étranger à être inculpé pour son rôle présumé pendant les massacres de 1994, qui ont fait, selon l'Onu, environ 800.000 morts.

"L'étape suivante sera sa présentation devant le gacaca de la cellule d'Ubumwe", un quartier de la ville de Kigali, a poursuivi Mme Mukantaganzwa, précisant que cette présentation était prévue pour dimanche.

Le gacaca devra déterminer quelle juridiction pourra éventuellement poursuivre le père, à savoir les gacaca ou les tribunaux ordinaires.

Mme Mukantaganzwa a rappelé que le missionnaire belge, membre de la Société des missionnaires d'Afrique (SMA), était accusé "d'incitation au génocide", notamment à travers le journal rwandais "Dialogue", dont il était le directeur au moment du génocide.

Le père Theunis, aujourd'hui âgé d'une soixantaine d'années, est aussi accusé d'avoir tenu des propos négationnistes après le génocide, selon le parquet.

Il a été arrêté mardi au Rwanda alors qu'il transitait par Kigali après avoir séjourné, dans le cadre des ses fonctions, huit jours à Bukavu, ville de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) voisine.

Plusieurs hommes d'Eglise rwandais ont déjà été poursuivis et jugés pour leur rôle présumé

 

 

Génocides: Bruxelles proteste contre l'arrestation d'un prêtre à Kigali
(L'Express 09/09/2005)


La Belgique a émis jeudi une protestation contre l'arrestation, mardi à Kigali, du prêtre belge Guy Theunis, accusé de "crimes contre l'humanité" par le gouvernement rwandais.


Dans un communiqué transmis à la PANA, le ministre belge des Affaires étrangères, Karel de Gucht, déclare avoir adressé une demande d'explication à l'ambassade du Rwanda à Bruxelles pour connaître les raisons de l'arrestation du religieux belge.

Dans son communiqué, M. De Gucht s'étonne qu'aucune plainte n'ait jamais été introduite par les autorités rwandaises en Belgique, sachant que les tribunaux belges ont déjà eu à juger des Rwandais - notamment deux religieuses - impliqués dans le génocide survenu en 1994 au Rwanda.

Le prêtre belge a été arrêté à l'aéroport international de Kigali où il était en transit en provenance de Bukavu et en route pour Bruxelles. Résidant habituellement à Rome, le père Guy Theunis venait d'effectuer en RD Congo une tournée au cours de laquelle il a animé des séminaires sur la non-violence, notamment à Lubumbashi, à Kalemie et à Goma.

Les services de la Sûreté de l'Etat rwandais qui l'ont arrêté l'accusent d'avoir eu des contacts avec des officiers des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), groupe rebelle rwandais basé dans le Kivu, en RDC.

Selon la presse belge, qui commente largement cette affaire, le père Guy Theunis a vécu au Rwanda de 1970 à 1994. Il avait quitté Kigali par le dernier avion militaire qui évacuait ses compatriotes après le massacre des dix parachutistes belges par les soldats des Forces armées rwandaises (FAR).

Ces militaires belges avaient été massacrés au lendemain de la mort du président rwandais Juvénal Habyarimana dont l'avion fut abattu par un missile sol-air, événement à l'origine du génocide.

A Kigali, le père Theunis était le directeur du mensuel "Le Dialogue", qui offrait ses colonnes aux intellectuels rwandais sans discrimination ethnique. Après son départ du Rwanda, il a continué à publier la revue en Belgique où, au fil des années, elle devenue la tribune des intellectuels hutus qui s'en servaient pour lancer des attaques contre le régime de Kigali.

Le périodique, qui circule clandestinement à Kigali, est accusé de soutenir des opinions "divisionnistes", délit assimilé à un crime contre l'humanité au Rwanda.

La Société des missionnaires d'Afrique dont le prêtre est membre, a fait savoir à Bruxelles qu'après avoir quitté le Rwanda en 1994, le père Guy Theunis y était rentré à plusieurs reprises sans avoir jamais été inquiété.

Les diplomates de l'ambassade de Belgique à Kigali ont été autorisés mercredi à rendre visite en prison au prêtre belge, indique le communiqué du ministère belge des Affaires étrangères.PANAPRESS

POINT DE VUE ,

Fait à Bruxelles le 9/9/05

 

Le cas du Père  Guy Theunis illustre une fois de plus la politique du FPR dont les contours sont mal compris ou mal cernés.

Elle se résume en une phrase : faire mal et en tirer profit.

Ce qui est évident, le temps va le prouver, ce père blanc qui s’est battu pour les droits de l’homme à travers le monde entier est un innocent dans l’affaire rwandais. Le FPR le sait !

 

Je l’ai toujours dit, ce régime ne recherche pas les coupables dont il fait parti lui-même, mais s’attaque à tout ce qui l’empêcherait d’exister dans sa forme actuelle.

Son combat de tous les jours, faire accepter à l’opinion que c’est lui, lui seul et unique victime de la tragédie rwandaise !

 

Cette arrestation injuste et scandaleuse m’inspire deux hypothèses :

 

  1. Arrêter un père blanc d’une grande respectabilité jette le trouble sur l’église catholique la Belgique et l’Union européenne. Cet acte réveille les sentiments de compassion qui appellent un certain paternalisme à l’égard de ce régime qui s’essouffle.

 

C’est certain, ce prêtre sera traîné dans la boue et ensuite acquitté. Il aura subi un traumatisme (comme l’évêque de Gigongoro qui après sa sortie de la prison n’ose plus parlé d’aucun sujet concernant le FPR) qui le rendra « inerte » tout le reste de sa vie. Ce sont des méthodes qui ont connu beaucoup de « succès » dans l’ex-URSS.

 

In fine, en innocentant le père blanc,  le FPR aura prouvé que ses institutions judiciaires et particulièrement la scandaleuse GACACA a une indépendance qui ne souffre d’aucune faille, vis à vis du régime (qui se veut démocratique, entendez par-là la séparation des pouvoirs), et de surcroît  faire croire que le Gacaca dispose  « d’une intelligence judiciaire »de distinguer les innocents des coupables. Ce sera un coup d'arrêt aux critiques contre le Gacaca.

A la libération de ce pauvre prêtre, les média vont applaudir la lucidité du régime et louer le modèle de gouvernance rare en Afrique noire!

 

  1. Le FPR, est au courrant des menaces d’arrestation par la justice européenne qui pèsent sur eux, notamment en France, en Espagne et pourquoi pas en Belgique.

Il est de bonne guerre que ce régime adopte une stratégie d’anticipation dont l’objectif est de focaliser l’opinion sur les victimes (eux) et discréditer plus tard toute tentative d’inculpation du régime. S’attaquer à ce régime après les faits serait qualifiée de vengeance ou de règlement de compte.

C’est cette stratégie qui a pu freiner l’élan de la justice française, en faisant croire à l’opinion, que les menaces contre Kagame était un refus( de la part de la France)de reconnaître « sa culpabilité prouvée » dans le génocide rwandais !Rappelez-vous des incidents diplomatiques au Stade Amahahoro lorsque Kagame en personne a humilié le Représentant de la France! Incroyable, non!

 

Concernant la Belgique qui est lié à ce régime plus par des intérêts privés que les affaires d’Etat,  ce coup médiatique infléchira davantage son attitude et l’amènera au statut  de négociateur que de donneur d’ordre dont certains dirigeants belges voulaient acquérir à l’instar de ce qu’ils font en RDC. Kagame dispose des dossiers ( sur le pillage des ressources de la RDC), attention il peut être maître chanteur!

Donc la prudence sera de mise!

 

En conclusion

 La libération de Guy Theunis est certaine, la durée de détention dépendra des concessions des uns et des autres et de l’objet du marchandage qui n'est pas essentiellement la libération du Père blanc. L'incarcération et la libération du Père Guy Theunis sont des moyens, l'objectif est ailleurs.

             C’est un nouveau genre de terrorisme qui ne dit pas son nom et qui pourra donner des idées aux autres terroristes 
 
Alphonse

De l'assassinat des évêques rwandais et d'autres ecclésiastiques à Gakurazo, le dimanche 5 juin 1994

Vénuste LINGUYENEZA
Waterloo
2 décembre 1999


Je m'en vais raconter les événements qui ont trait à l'assassinat des évêques Vincent NSENGIYUMVA, archevêque de Kigali, Joseph RUZINDANA, évêque de Byumba et Thaddée NSENGIYUMVA, évêque de Kabgayi et président de la conférence épiscopale, avec 9 prêtres ainsi que le Supérieur Général des Frères Joséphites, Jean Baptiste NSINGA. Les prêtres assassinés sont tous du diocèse de Kabgayi sauf l'Abbé Denis MUTABAZI du diocèse de Nyundo: il avait fui Nyundo où il avait reçu une vilaine blessure d'un coup de lance dans la main (droite si je me rappelle bien) et le malheureux avait cru avoir échappé à la mort. Il s'agit de Monseigneur Jean Marie Vianney RWABILINDA, vicaire général; Monseigneur Innocent GASABWOYA, ancien vicaire général; les Abbés Emmanuel UWIMANA, recteur du petit séminaire, Sylvestre NDABERETSE, économe général, Bernard NTAMUGABUMWE, représentant préfectoral de l'enseignement catholique, François Xavier MULIGO, curé de la cathédrale, avec ses vicaires Alfred KAYIBANDA et Fidèle GAHONZIRE(ce dernier étant en même temps aumônier de l'hôpital). C'est donc pratiquement tout le staff du diocèse de Kabgayi qui a été ainsi décapité.

J'en fais le récit parce que témoin, parce que de fausses ou incomplètes relations circulent, parce qu'on ne demande pas aux témoins ce qui s'est réellement passé (même l'épiscopat rwandais, jusqu'à ce jour, ne m'en a jamais demandé le récit) et parce que, même les études les plus récentes, donnent toujours, des faits, la version du Front Patriotique Rwandais (F.P.R.). Et pourtant beaucoup de témoins sont encore en vie qui pourraient en faire chacun sa relation: le recoupement de ces différents témoignages donnerait un récit le plus complet et le plus fiable possible. On pourrait même retrouver les noms des responsables militaires du site de Kabgayi, qui sont vraisemblablement les responsables de cet assassinat prémédité, faut-il le souligner.

D'entrée de jeu, j'atteste que les évêques savaient plus ou moins ce qui les attendait, mais ils ont refusé de fuir. Ils en avaient discuté avant avec tous les prêtres responsables des communautés de Kabgayi.

Le F.P.R. arrive le jeudi 2 juin 1994. Tout le site de Kabgayi tombe en leurs mains avec la fin de la matinée. Tout Kabgayi, c'est-à-dire jusqu'au garage du diocèse: toutes les propriétés du diocèse avec l'hôpital, les écoles, les ateliers, le grand séminaire de philosophie et les résidences du personnel.

Comme toujours le F.P.R. arrive un peu avant les heures du repas. C'est ainsi qu'ils sont arrivés à l'évêché entre 11h et midi; l'infiltration datait déjà de plusieurs jours, si ce n'est de plusieurs semaines. Ils ont cherché les évêques et spécialement l'archevêque de Kigali; celui-ci fêtait précisément l'anniversaire d'ordination épiscopale, puisqu'il a été ordonné le 2 juin 1974; on avait donc préparé un bon repas de circonstance, mais ceux qui s'en sont régalés n'étaient pas invités!

Les soldats du F.P.R. ont regroupé, devant la cathédrale, les trois évêques avec Mgr Gasabwoya, Mgr Rwabilinda, l'Abbé Muligo, le Frère Nsinga et plus tard l'Abbé Uwimana. On va garder tout le groupe là sous le soleil jusque vers 15h quand on les descend sur la route devant l'école des infirmières. Aux alentours de 19h, les militaires les remontent à l'évêché pour qu'ils prennent quelques effets personnels. Les soldats en profitent pour ramasser tous les prêtres qui se trouvaient à Kabgayi (à l'exception de ceux qui se trouvaient encore au Philosophicum). Trois jeunes filles tiennent à accompagner et à rester avec le groupe, bien que les soldats feront tout pour les éloigner. Ils leur proposaient par exemple, d'aller se mettre à l'abri, mais elles refusaient. Vers 3 h du matin du vendredi, on conduisit tout le groupe en voiture à Ruhango à une quinzaine de kilomètres; on les garda chez un particulier près de la maison communale. Dans la pièce d'à coté, d'autres prisonniers étaient ligotés à la manière F.P.R. qui va les passer par les armes tôt dans la matinée. Les évêques vont rester là avec les prêtres jusqu'au matin du dimanche 5 juin.

Le dimanche 5 juin dans la matinée, on conduit tout le groupe au noviciat des Frères Joséphites. Le curé de Byimana a la surprise de les voir là quand il va célébrer la messe dominicale pour les frères, les religieuses et les fidèles réfugiés là-bas: le Frère Vivens était venu lui demander de faire la messe parce qu'il n'y avait pas de prêtre et il concélébrera avec le groupe qui venait de Ruhango. Ce sera leur dernière messe puisqu'ils seront assassinés dans la soirée du même jour vers 19h. Est-ce une coïncidence que c'était la Fête-Dieu, appelée aussi Fête du Précieux Sang?

Il faut dire qu'entre-temps les militaires devaient attendre des ordres d'en-haut. Tout comme ils avaient voulu rassembler en un même lieu tous les responsables des communautés de Kabgayi. C'est ainsi que là où j'étais à Byimana, avec quatre autres confrères (le préfet des études de philosophât et les prêtres de la paroisse de Byimana), et avec la secrétaire de l'évêché, on est venu vendredi 3 juin au matin, nous dire que bientôt un véhicule viendrait nous emmener rejoindre les autres "banyakiliziya" (néologisme arrivé au Rwanda avec le F.P.R. pour dire "les gens de l'Eglise"). Celui qui nous a ordonné de nous préparer à partir, convoyait une camionnette qui emmenait les Sœurs Benebikira de Byimana ; pour des raisons que j'ignore on n'est pas venu nous embarquer. Y aurait-il eu divergences au sein du F.P.R., car même si le sort des évêques était déjà scellé, il n'en était pas de même pour tous les prêtres qui étaient avec eux et dont certains étaient tutsi. Finalement, les militaires tireront sur le groupe sans distinction.

J'étais donc à Byimana paroisse. En effectuant un flash-back, je me suis rendu compte que la tension était montée chez le militaires ce dimanche-là. Nous subissions une perquisition presque toutes les heures, et chaque fois la hargne était plus visible. Spécialement dans l'après-midi de ce dimanche, deux militaires ont failli même nous tuer; ils ont prétendu que ce qui les retenait, c'est que leur armé ne tue pas les prêtres, ce que nous avons cru à l'instant, sans savoir ce qui se tramait, et sans savoir à ce moment-là, que tous prêtres du diocèse de Byumba qui étaient sur place en avril 1994, avaient été exterminés sans en laisser échapper un seul. Les militaires qui nous ont malmenés cet après-midi, cherchaient à justifier leur colère par les accusations devenues habituelles selon lesquelles l'Eglise n'a pas protégé les Tutsi (et pourtant à Kabgayi, le personnel et les infrastructures du diocèse ont pu sauver plus ou moins 30.000 personnes) ; ils ont même accusé l'évêque de Kabgayi (qu'ils confondaient tout le temps avec l'archevêque de Kigali et le traitaient de "cya gikaridinali", c'est-à-dire le gros cardinal) d'avoir chez lui un immense dépôt d'armes. Visiblement ils cherchaient à forger une culpabilité qui justifierait le massacre qui se préparait.

L'assassinat s'est fait comme partout ailleurs où le F.P.R. a tiré sur les gens: on réunit tout le monde soi-disant pour parler sécurité, puis brusquement on ouvre le feu. C'est ce qui s'est passé avec les évêques et le groupe qui était avec eux. Vers 19h, on les a réunis au réfectoire des Frères Joséphites pour parler de leur séjour et de leur sécurité, leur a-t-on dit. Les militaires se sont énervés quand ils ne voyaient pas arriver l'archevêque (qui était à la chapelle) : on est allé le quérir illico presto. Entre-temps, le chef de poste s'est éclipsé avec ses subordonnées qui jusque-là étaient restés assis à l'écart. Puis des militaires enragés ont fait irruption dans la salle en demandant ce que les "femmes" faisaient là: il s'agit des trois demoiselles qui avaient accompagné les ecclésiastiques depuis Kabgayi et qui s'était obstinées à entrer et à rester avec les religieux au réfectoire alors que les militaires avaient voulu les éloigner en leur disant que la réunion ne les concernait pas ; elles ont été séparées du groupe et jetées dans un coin avec violence ; deux sont restées sur place, littéralement pétrifiées et elles ont assisté à toute la scène quand on a tiré sur tout le monde. La troisième fille s'est échappée avec le seul prêtre rescapé du massacre : ils ont réussi à s'échapper par la porte du fond du réfectoire, une autre que celle par laquelle étaient entrés les militaires. Ils ont couru vers la ferme des frères; ils se sont cachés quelques minutes, puis quand on les a retrouvés, on ne leur a rien fait: l'orage était passé.

On a donc tiré sur les évêques et leur groupe vers 19h-20h. Vers minuit, les militaires rassemblèrent les religieux, les religieuses et tous ceux qui étaient chez les frères Joséphites. De force, tout le monde devait aller regarder les corps des victimes. Ceux qui étaient près de la porte comme Sylvestre NDABERETSE, étaient réduits à de véritables passoires. Toutes les victimes étaient allongées et avaient reçu le coup de grâce, une balle dans la tête: RWABILINDA et GAHONZIRE avaient même les yeux crevés. Un seul était resté assis dans son fauteuil et n'avait pas reçu le coup de grâce: l'évêque de Kabgayi avec sa carrure large, a reçu peut-être toute la première rafale et a dû mourir sur le coup.

Avec les ecclésiastiques, sont morts deux jeunes gens qui étaient restés sans rien savoir du danger qui les guettait. Et l'on s'étonne de la présence du Supérieur Général des Frères Joséphites parmi les victimes. Car les frères avaient su ce qui se tramait et lui-même devait le savoir, mais il est resté volontairement, peut-être parce qu'il pensait qu'on allait tuer l'un ou l'autre, et pas tout le monde. Le Frère Balthazar, maître des novices (hutu, burundais par surcroît) avait essayé de sauver quelques prêtres; il avait inventé un stratagème pour les avertir de l'imminence de l'assassinat: il les faisait sortir un à un soi-disant pour leur montrer leurs chambres; mais quand il a vu que celui qu'il venait d'avertir retournait obstinément dans le groupe, il y a renoncé. On l'a lui-même assassiné quelques semaines après à Kinazi, tout comme le Frère Vivens, neveu de Monseigneur KALIBUSHI. La plupart des autres frères Joséphites présents à Gakurazo en cette nuit du massacre, ont, comme par hasard, rejoint l'armée du F.P.R. la semaine qui a suivi.

Le matin du lundi 6 juin, les militaires du FPR accompagnent le seul prêtre rescapé pour nous annoncer la terrible nouvelle, dans la version qui sera désormais officielle: des jeunes écervelés ont commis la bavure, parce qu'ils auraient trouvé leur famille décimée alors que l'Eglise n'a rien fait pour empêcher les tueries.

Nous sommes atterrés et nous pensons que notre tour viendra bientôt. En début d'après-midi, nous prenons notre courage à deux mains pour aller voir les corps des victimes: ils ont été déplacés dans une autre salle et le réfectoire a été lavé; il n'y a plus de traces, sauf l'odeur forte et caractéristique du sang, ainsi que les impacts des balles, des nombreuses balles, dans les murs. Ce sont les Sœurs de Sainte Marthe (de Kabgayi) et celles du Foyer de Charité (Remera-Ruhondo) qui ont lavé les corps et les ont placés côte à côte sur des nattes et des tapis. Tous les visages ont été couverts.

Quand nous demandons à ensevelir les corps, l'on nous dit que justement des officiers voulaient arranger cela avec nous. On m'a dit plus tard qu'il y avait trois colonels dans le groupe. Nous faisons une réunion avec eux. Nous leur faisons trois propositions qu'ils rejettent l'une après l'autre. Heureusement d'ailleurs. La première était que chaque évêque devait être enseveli dans sa cathédrale, que ce serait possible certainement pour ceux de Byumba et Kabgayi puisque c'était en zone F.P.R., tandis que l'archevêque de Kigali pouvait être confié à la MINUAR ou à la Croix-Rouge pour être enterré à Kigali. Niet. Heureusement, car on ne sait jamais ce que seraient devenus les corps, tandis que maintenant c'est sûr qu'ils ont été enterrés, ce sont eux qui gisent dans la cathédrale de Kabgayi et ils ont eu une belle messe concélébrée (des photos ont été prises). La deuxième proposition était que ce n'est pas n'importe qui, qui enterre un évêque, que donc l'autorité du F.P.R. pouvait aller chercher l'évêque de Kibungo (zone F.P.R. également) pour venir enterrer ses confrères. Deuxième niet: les "civilians" ne circulaient pas. C'était notre troisième proposition qui allait rencontrer leur agrément: enterrer les évêques dans la cathédrale à Kabgayi, et le reste dans une fosse commune à Gakurazo.

On me donna tout de suite dans la même après-midi, une camionnette (avec un mineur d'âge comme chauffeur) pour aller chercher au 'Philosophicum', le matériel pour creuser les tombes et la fosse commune. J'en profitai pour me rendre compte des dégâts faits à mon établissement et pour prendre au passage ma soutane. Le lendemain très tôt, on creusa les tombes. A la cathédrale, une tombe fut creusée profondément pour l'évêque du lieu; les deux autres arrivèrent à 1 m puisqu'on pensait que pour les deux autres évêques, la sépulture était provisoire, qu'on les transférerait dans leurs cathédrales respectives le plus tôt possible. A Gakurazo, on creuse une longue fosse commune. A Kabgayi comme à Gakurazo, les militaires furent alignés pour aider à creuser.

Les funérailles étaient prévues pour 14h le mardi 7 juin. Nous commencerons la messe avec un retard. Elle est chantée; je la préside: Seuls les cercueils sont sortis de la salle et rangés près de l'autel de fortune sur la 'barza' devant la salle où les autres corps restent allongés. Je fais un sermon qui a failli me coûter cher: il semble qu'on n'a pas attendu la fin de la messe pour tirer quelques personnes à l'écart et leur demander si je ne suis pas interahamwe, car je prenais la défense des évêques assassinés, de l'Eglise calomniée, et je m'en prenais à toute violence. Après la communion, le F.P.R. demande à parler: l'officier qui prend la parole affirme qu'ils sont tous navrés de cet assassinat, mais qu'on cherche avec acharnement les auteurs qui ne sont personne d'autres que de jeunes gens qui ont trouvé leurs familles décimées, et qui ont pensé que les évêques auraient dû empêcher ce malheur; il ajoute qu'un des coupables s'est tiré une balle parce qu'il savait qu'il serait sérieusement puni (sur le lieu-même, personne n'avait entendu aucun coup de fusil depuis la nuit horrible où furent assassinés nos confrères).

Après la messe, l'abbé Jean NSENGIYUMVA s'occupe de l'enterrement à Gakurazo; on lui demande de prendre la précaution de noter dans quel ordre les corps sont rangés, pour pouvoir les reconnaître à l'avenir. Moi je vais à la cathédrale avec d'autres personnes pour enterrer les évêques. Il fait déjà nuit et on termine l'enterrement à la bougie, avec, à l'extérieur de la cathédrale, on concert de rugissement de mitraillettes. Des journalistes anglophones passeront mais feront semblant de n'avoir rien remarqué, sauf un qui posera deux ou trois questions à la dérobée. Encore une fois, à Kabgayi comme à Gakurazo, les militaires aident à combler les fosses.

Quand nous rentrons à Byimana, quelle ne fut pas notre surprise de remarquer qu'on a démoli toutes les portes de la paroisse, que nos affaires ont été volées, et que le reste est dispersé par terre. Pourtant des militaires avaient reçu l'ordre de garder la paroisse. Mais cela n'est rien.

Vers 2h du matin (c'est l'heure des exécutions chez le F.P.R.), un groupe de militaires nous terrorise. Il a pour chef KAMARAMAZA (nom de guerre comme il est de coutume chez le F.P.R.). Deux prêtres les accompagnent (Alexandre NGEZE qui est décédé au Bugesera début juillet, et un deuxième dont je dirai le nom en cas de besoin); visiblement, ces deux-là ne se doutent pas qu'une exécution est dans l'air. On me demande de suivre la troupe. Je passe ma soutane par dessus le pyjama et on me fait une place dans la cabine de la camionnette. On file sur Gakurazo. Le chef "afandi" va en conciliabule à l'intérieur avec ses homologues ou ses supérieurs encore sur les lieux. Quand il revient, il me dit qu'il me ramène à la paroisse. C'est par après que j'ai su avec certitude le danger que j'avais pressenti, que j'ai couru cette nuit-là, et même tout le temps que je suis resté au Rwanda: comment se fait-il que je sois encore en vie, alors que tous les chefs de communautés de Kabgayi ont été tués avec les trois évêques, sauf moi? Comment rester en vie encore après ce que j'ai dit à la messe des funérailles?

C'est le lendemain qu'un journaliste de Radio-Muhabura (du F.P.R.) est venu prendre des notes. On lui a donné tous les noms des victimes, mais il s'obstinait à demander pourquoi on ne dirait pas que le Frère NSINGA est dixième prêtre assassiné! Il semble que les membres du F.P.R. de parenté proche avec NSINGA (ceux de la famille GASABWOYA d'ailleurs aussi) avaient protesté contre son assassinat. On connaît la version qui a été lue à Radio-Muhabura. Ils ont faussé les dates en disant que l'assassinat avait eu lieu "hier", c'est-à-dire le mardi 7 juin; on n'a jamais donné le nom du Frère NSINGA, mais on a donné plutôt...le mien!

Vénuste LINGUYENEZA
(Sé)

Humiliation de l'Eglise Catholique

Les INKOTANYI sont méchants. Très méchants. Foncièrement méchants. Irrémédiablement
 (Nikozitambirwa)

 

Le cas du Père  Guy Theunis, de l'avis d'Alphonse Krugger, illustre une fois de plus la politique du FPR dont les contours sont mal compris ou mal cernés.

faire mal et en tirer profit

 
dimanche 11 septembre 2005, 11h16
Guarded by two Rwandan policemen, Father Guy Theunis, 60, right, appears before a Gacaca court in Kigali, Rwanda, Sunday, Sept. 11, 2005. The Belgian priest was arrested while he was transiting in Rwanda and accused of reproducing articles encouraging the killings of the Tutsi minority by the Hutu extremists. Gacaca courts are a new form of community justice that have been used in Rwanda in the wake of the Rwandan genocide. The system involves both victims and witnesses in an interactive court proceeding against alleged criminals. ( AP Photo/Riccardo Gangale) Height (pixels): 362 Width (pixels): 512
• RICCARDO GANGALE (AP - dimanche 11 septembre 2005, 11h16)

 

Si jamais Guy Theunis est emprisonné/ Kagame creuse sa propre tombe

 

Nous avons vu l'Allemagne intervenir en faveur de ses ressortissants condamnés par la Sharria en Iran pour avoir dormi avec les filles mineures. ´Tous ont été relachés une semaine après leur condamnation à mort. L´Allemagne a menacé de prendre des mesures coercitives auxquelles le gouvernement d´Iran n´a pas pu résister.

 

Ceci dit, si jamais le Père Guy Theunis reste en prison plus d´une semaine, si le Père Guy Theunis est condamné, il l´aura été avec la conspiration du Gouvernement Belge à commencer par le Premier Ministre Belge. Toute la responsabilité incombe à la Belgique. Il se sera avéré incapable et indigne pour n´avoir pas su défendre les intérêts belges. De source bien informé, le Rwanda est en train de faire pression sur les pays comme la France, la Belgique  pour que ceux-ci, sur proposition des USA, acceptent que(lors de la Session ordianire des Nations Unies) le Rwanda ne soit plus sous contrôle des droits de l´homme et qu´il soit considéré comme un pays normal alors que plusieurs milliers de Rwandais restent en exil, pendant que les droits civils élémentaires ne sont pas respectés ceci et pour cause, les droits civils ne peuvent pas être respectés alors que leurs droits humains sont piétinés au vu et au su de la communauté internationale.

 

Aussi faut-il rappeler que plusieurs dossiers restent sans réponse sur les mega-massacres des  Hutus et des Tutsis à l´intérieur du Pays et des réfugiés Hutus en RDC. Les Etats-Unis refusent les défendent parce qu´ils les ont aidés à piller la RDC. Voilà en fait l´enjeu du problème. C´est ainsi que les Belges, et en l´auccurence le Premier ministre belge a en moitié condamné le Père Guy Theunis lorsque le FPR lui a demandé de déclarer qu´il a la Responsabilité première dans le génocide et que pour cela, il fallait une demande de pardon fait Publiquement. Ce qu´il a fait sans en mesurer les conséquences!

 

Par ailleurs, il est vrai que la Belgique a trempé dans le génocide rwandais en aidant le FPR dans l´assassinat des Présidents Rwandais et Burundais. Pour cela, il faudra qu´ils se taisent sinon Paul Kagame - je ne sais pas si vous vous en souvenez - il a menacé de raconter tout ce qui s´est passé en 1994 en disant qu´il ne fera pas la prison alors que plusieurs des occidentaux n´ont pas les mains propres dans les massacres de millions de Rwandais.

 

Je pense que la Belgique va la fermer si Paul Kagame raconte ce qui s´est réellement passé. Souvenez-vous qu´il n´a rien a sauver.

 

The Truth Mainlly,

 

Jean-Christophe

RWANDA   14/9/2005   17.38
MISSIONNAIRE ARRÊTÉ: INTERVIEW DE LA MISNA AU PROCUREUR NATIONAL RWANDAIS
Divers Divers, Standard

"Physiquement et mentalement père Theunis se porte bien. Ses conditions de détentions se sont améliorées. Il a plus d'espace, a des livres à sa disposition et peut même travailler en toute tranquillité dans sa cellule. Il tient le coup". Telles sont les dernières nouvelles du missionnaire belge, retenu à Kigali depuis une semaine, transmises à la MISNA par père Gérard Chabanon, le Supérieur Général des Missionnaires d'Afrique (Pères Blancs), la congrégation à laquelle appartient père Theunis. Il y a maintenant une semaine qu'il a été arrêté à l'aéroport international rwandais où il transitait, de retour d'un mois en République démocratique du Congo voisine. De nombreux médias internationaux suivent le cas de près, comme 'Libération' ou 'Le Monde'; ce dernier, dans un article publié sur son édition d'aujourd'hui, avance trois hypothèses explicatives. Le quotidien français parle de cette arrestation comme d'un moyen pour Kigali de faire pression sur le gouvernement belge, qui tolère la présence dans le pays d'opposants au parti du président rwandais Kagamé (le Fpr); d'une tentative de règlements de comptes avec l'Église catholique et de nombreux exilés qui critiquent les violations des droits de l'homme dans leur pays; mais aussi pour contester les entraves des autorités belges aux exportations illégales de minerais à partir de Kigali. La MISNA, qui dès le départ a suivi de près 'l'affaire Theunis', propose aujourd'hui une interview faite au procureur rwandais compétent au niveau national, Maître Emmanuel Rukangira, dans une tentative de tirer au clair certaines zones d'ombre et mécanismes complexes du fonctionnement de la justice au Pays des Mille Collines.


Question: Dimanche dernier, le Gacaca devant lequel s'est présenté le père Guy Theunis l'a inséré dans la catégorie 1, celle des planificateurs du génocide, et transmis le dossier à la justice ordinaire. Quelle est la procédure suivie par la justice rwandaise à ce stade ?
Réponse: Le parquet compétent pour le dossier Theunis est celui de Kigali puisque l'audience du Gacaca, au vu des témoignages entendus, a établi qu'il faisait partie de la première catégorie des responsables de génocide. À présent le parquet de Kigali procède à la phase d'instruction du dossier, c'est-à-dire que des témoins à la charge et à la décharge de l'accusé sont entendus, des pièces sont ajoutées pour compléter le fascicule. Le parquet présentera ensuite un acte d'accusation formel devant le tribunal de Kigali, qui fixera alors une date d'audience.


Q: L'attention de la communauté internationale est grande sur cette affaire. Quels délais prévoyez-vous pour l'audience ?
R: Ne faisant pas partie du parquet compétent, je ne peux avancer aucune date précise. Ce que je peux vous dire c'est qu'il ne s'agit pas du seul dossier classé dans la catégorie 1. Il y en a beaucoup d'autres et c'est le parquet de Kigali qui devra décider quelles sont les priorités. Le procureur de Kigali en charge de ce dossier est Maître Raphaël N'Garanbe.


Q : Quels sont les chefs d'accusation formellement adressés à père Theunis ?
R : Il est accusé d'incitation à commettre le crime de génocide. L'autre accusation – révisionnisme et négationnisme successifs – formulée vient renforcer le caractère intentionnel de la première accusation. La première accusation fait référence à la période 1990-1994 tandis que la seconde à la période successive du génocide. Le révisionnisme est une infraction à part. (Ce délit est passible de 5 à 10 ans de prison, selon la loi rwandaise, ndlr)


Q : Quelle est la peine encourue par Père Theunis ?
R : Notre loi prévoit la peine de mort comme peine maximale pour les accusés faisant partie de la catégorie 1 à savoir les planificateurs, organisateurs, incitateurs, superviseurs et encadreurs du crime de génocide. Mais je ne veux pas faire ici le procès de Theunis. Nous verrons bien quelle sera la sentence finale.


Q : Entre temps, où père Theunis est-il détenu ?
R : Il est en état de détention préventive dans la prison centrale de Kigali, et ce jusqu'au jour de l'audience.


Q : Comment se fait-il que le religieux belge n'ait pas été inquiété plus tôt, lors d'un de ses passages précédents au Rwanda ?
R : Il a été arrêté par les services habilités à le faire. Sans doute ces dernières années sa présence n'avait pas été remarquée, il n'avait pas été vu…


Q : Pourquoi les autorités de Kigali n'ont-elles jamais demandé la collaboration de la justice belge sur ce dossier ?
R : Le génocide représente un contentieux beaucoup trop grand, il y a tellement de dossiers à traiter. Dans tous les cas la question n'est pas de savoir pourquoi il n'a pas été arrêté avant. Le crime de génocide est imprescriptible.(propos recueillis par Véronique Viriglio)[ VV

 

C'est le fruit de leur politique.

 
Si les innocents sont aujourd'hui traînés dans la boue, je me garde de dire dans la merde, c'est le résultat de la politique étrangère des puissances qui sont derrière ce système de sang. A force de pactiser avec Paul Kagame dans des affaires louches, ce dernier finit par se moquer de ses parrains. Que de fois ne crie-t-on que cet animal écervelé est en train d'exterminer tout un peuple? Et quelle est la réaction de ces puissances? Elles apportent vite vite de l'argent, comme si elles avaient intérêt à remercier Paul Kagame de ses crimes. Et à la fin? Le plus grand criminel président encore en exercice fait chanter ces grands hommes? Il sait bien qu'ils ne peuvent rien dire. Ils se sont mis la corde au cou en trempant avec lui dans des affaires ignobles. Quelle est la réaction de ces puissances? Elles s'inclinent devant ce mystérieux être qui a assis son pouvoir sur le torrent de sang.
 
Si on n'a pas été à même de se désolidariser des systèmes comme celui de Paul Kagame, si on  coopère avec eux dans des forfaits de tous genres, comment voudra-t-on qu'on ne soit pas désavoué un jour? Que dit cet animal? Accusé de piller le Congo, il répond: je n'ai pas de moyens pour exploiter les ressources de ce pays. Ceux qui ont les moyens pillent plus. Ils m'en veulent parce que j'imite ce qu'ils ont fait depuis plusieurs décennies. Accusé de tuer son peuple? Il réplique: où êtiez-vous pendant le génocide? Vous n'avez fait qu'apporter du riz pour venir en aide à ceux qui étaient déjà morts?
 
Kureba ibyo abana bakora bituma wumva politiki yigiwe mu ishyamba. Umwana abwira undi ati: ndakurega ko wakoze mu nkono. Undi akamusubiza ati ubivuge nanjye ndavuga ko wakoze mu rwina. Bose bahitamo kwicecekera! Ngibyo nguko.
 
Witsirita ku mbwa igihe ikagusiga imbaragasa. Ni akataraza kari inyuma!
 
Bituye Muramira


La Belgique, le maillot faible!

 

 

Je ne veux pas m'attarder sur le cas particulier de la Belgique dans l'histoire de l'Afrique que vous connaissez tous, toutefois, il faut rappeler certaines situations paradoxales:

-La Belgique a colonisé le Congo, depuis son indépendance, ce pays n' a connu aucun répit.

Des coups bas, des vols et détournements scandaleux, des guerres fratricides interminables jusqu'à ce que ce pays grand et riche devienne tout simplement "un espace géographique".

 

Ce pays est actuellement un terrain de jeu des mafia, des voyous, des grandes puissances. Et les belges sont là observateurs ou acteurs. Ils s'en foutent, ou ils 'en plaisent!!!

 

-Le Rwanda et le Burundi. Deux petits pays qui ont essayé de s'en sortir chacun à sa façon, mais rattrapés par les démons belges. Les guerres fratricides interminables, le chaos, le désordre organisés  etc..

Cette région des Grands Lacs d'Afrique est la seule grande zone trouble sur le continent noir et où l'espoir n'est pas pour demain et pour cause, une région où Trois Présidents ont été assassinés comme des vulgaires voyous. Ailleurs on réclame des enquêtes, dans les ex Colonies belges, ce n'est pas nécessaires ceux sont des nègres cela fait parti de leur quotidien.

 

Enfin, le Père Guy Theunis, un ressortissant belge, se fait arrêter comme un "interahamwe", traîné dans la boue, humilié en habit de prisonnier, accusé de crime contre l'humanité, le plus grand crime commis par l'être humain. Et la Belgique, son pays, se contente des discours diplomatiques et d'autres réactions à la belge! Vive les belges.

Si c'était un pays européen ou même africain dont une personnalité de l’envergure du Père Theunis était arrêtée de cette façon, la première réaction aurait été de suspendre les relations diplomatiques car c'est un affront! Mais c'est la Belgique, c'est ainsi.

Le Ministre profitera de son voyage à l'ONU pour demander au parrain américain d'intervenir auprès de Kagame.

Les citoyens des pays des Grands Lacs l'auront compris, ce pays qui ne peut pas défendre son illustre citoyen, ne défendra pas son "colonisé". Ce n'est pas un problème de racisme, c'est de l'ignorance, de  l'impuissance à la belge. Kagame les connaît bien, les politiciens belges sont le maillot faible de l'Europe.

Kagame a au moins ce mérite d'avoir mis à nu la Belgique. Bravo monsieur le Président !

Quel drame d’avoir été colonisé par le maillot faible !!

Pierre < balingap@yahoo.fr>

 

Interview d'Alison Desforges avec Hirondelle (affaire Guy Theunis)

"Moi je me demande si Ndashimye Bernardin et Guy Theunis ce sont reconnus. Puisqu'ils ont travaillé ensemble à la Radio Amahoro." (Agnès Murebwayire)
 
Bonjour Agnès Murebwayire,
 
Si ce que tu dis est vrai, il est pour le moins bizarre, que Bernardin Ndashimye, qui a travaillé avec le Père Guy Theunis à la Radio Amahoro, ne témoigne pas (à charge ou à décharge); qu'il se voit plutôt confier le rôle d'huissier de Gacaca, pendant que ceux, tels Businge et Ingabire, qui ne voient le Père Guy Theunis que pour la toute première fois de leur vie, prétendent témoigner sur des faits qui ont eu lieu en leur absence !(Nikozitambirwa)

 

Ndashimye B. arahiza A. Desforges

Des Forges a révélé à l’agence de presse Hirondelle l’essentiel de son témoignage devant le tribunal Gacaca de Kigali en faveur du prêtre belge.

Hirondelle: Pourriez-vous résumer les points saillants que vous avez abordés lors de votre comparution pour la défense du Père Guy Theunis?
 Alison Des Forges: Le Père Theunis a expliqué qu’il s’était investi dans la défense des droits de l’homme au Rwanda durant les années ayant précédé le génocide (de 1994) en collaboration avec certaines organisations internationales, dont Human Rights Watch. Il a expliqué que j’étais, dans ce contexte, l’une des personnes qui avaient travaillé avec lui. Etant donné qu’il avait mentionné mon nom, je me suis sentie obligée de demander à intervenir pour confirmer ce qu’il avait dit. Si je n’avais pas accepté, l’on aurait pu penser qu’il n’avait dit pas la vérité. Je me suis donc levée pour dire qu’il avait dit la vérité, qu’il s’était impliqué en enquêtant sur les abus (commis) contre les Rwandais-les Tutsis ainsi que les Hutus et les Twas-, au cours des années qui ont précédé le génocide. J’en ai également profité pour souligner que les tribunaux Gacaca devaient, conformément à la loi, se limiter aux événements qui se sont déroulés jusqu’à la fin de 1994, et pas après. Certaines des preuves présentées concernaient des choses dont le Père Theunis aurait dites ou écrites après 1994. Et j’ai simplement fait remarquer que le tribunal ne pouvait pas se fonder sur ces éléments lors du jugement parce que tous ces éléments en dehors de la juridiction du tribunal n’étaient pas pertinents. Le dernier point que j’ai soulevé était que l’incitation (à commettre le génocide) implique le fait de vouloir mobiliser la population à faire une action quelconque. Or dans ce cas précis, la prétendue preuve, dont des fax que le Père Theunis aurait signés et envoyés à ses supérieurs ecclésiastiques en Europe, sans intention de les distribuer en dehors de ce cercle limité, ne constitue pas pour moi une incitation. A ce moment, les juges sont intervenus pour me demander de conclure mon propos, et j’ai obtempéré.

Hirondelle: Le Père Theunis est accusé, entre autres choses, d’avoir publié dans la revue ‘Dialogue’ des extraits de la revue extrémiste ‘Kangura’. Qu’en pensez-vous ?
Alison Des Forges: La reprise d’un document n’est pas nécessairement une mauvaise chose, surtout dans le contexte d’une revue dont l’objectif est d’informer le monde sur un ensemble de points de vue. Dans ce cas j’ai essayé de vérifier si oui ou non la reprise de ces extraits avait effectivement eu lieu et sous quelle forme. J’ai contacté plusieurs individus dont ceux qui en avaient parlé dans leur témoignage dans le but d’obtenir des copies, mais personne ne pouvait me donner une copie. Je me suis alors tournée vers d’autres personnes en Europe qui disposent de copies de la revue Dialogue, ainsi que d’autres petites publications dont Dialogue avait repris des extraits. J’ai demandé à ces personnes si elles pouvaient trouver une référence pour moi, mais jusqu’à présent, je n’ai pas trouvé la référence qui avait été mentionnée par les témoins. J’ai plutôt trouvé une autre référence qui en fait dit le contraire: dans la référence en question, qui date de novembre 1991, tirée de la publication «Radioscopie de la presse rwandaise» et publiée dans la revue Dialogue, il est inclus une phrase qui condamne spécifiquement ‘Les dix commandements des Hutus’ (contenus dans Kangura) comme étant une illustration de l’esprit raciste qui circulait dans la presse rwandaise.

Hirondelle: Quelle idée vous faites-vous des tribunaux Gacaca après avoir comparu devant l’un d’eux?
Alison Des Forges: Les tribunaux Gacaca ont été créés pour résoudre un gros problème, et personne n’a jusqu’à ce jour proposé de solution à ce problème: il s’agit de garder beaucoup de personnes dans des prisons pendant longtemps. C’est un problème sérieux quand on sait que la culpabilité de ces gens n’a pas été démontrée. La solution a été envisagée dans l’espoir d’accélérer le processus de justice, mais elle n’a pas encore réussi à faire avancer le processus de justice. Nous avions anticipé, avant le début des Gacaca, que les résultats allaient varier d’une communauté à l’autre, de même que la performance de tout système de justice peut varier d’une juridiction à l’autre. De la même façon, certains jugements peuvent arriver à se conformer à ce que la plupart des observateurs pourraient qualifier de niveau acceptable d’équité, d’autres n’y arriveront pas Au cours de ma dernière visite au Rwanda, j’ai eu l’occasion d’assister à deux sessions Gacaca, l’une concernant le Père Theunis, et l’autre, plusieurs jours plus tôt, un procès proprement dit. Je dirais que sur la base de ce que j’ai pu observer, ma première observation à savoir qu’il y aurait des variations en termes de qualité s’est avérée fondée, c’est à dire que le procès impliquant une autre personne, un Rwandais, m’a donné l’impression d’être plus objectivement conduit que celui du Père Theunis. Cela dit, le procès du Père Theunis, même s’il est apparu comme une démonstration publique de grande envergure, lui a quand même permis de s’expliquer et de répondre aux accusations portées contre lui. Ce qui n’est pas toujours le cas à ce stade de Gacaca en phase accusatoire. En d’autres termes, c’était sans nul doute bon signe que le Père Theunis ait pu s’exprimer librement, et qu’il pouvait fort heureusement le faire en Kinyarwanda. Il a fait entendre sa voix très clairement et logiquement, de sorte que ceux qui étaient à l’audience pouvaient comprendre, s’ils le voulaient, ses points de vue sur les accusations pesant sur lui. Maintenant que le procès a été remis au parquet, tout ce que nous pouvons espérer est que les autorités judicaires vont libérer le Père Theunis, au cas où les preuves s’avèrent insuffisantes. Il faut le faire comparaître devant des instances qui soient compatibles avec les normes internationales de justice car, après tout, le Rwanda dit être un gouvernement qui applique la loi, et il a adhéré à certaines conventions internationales sur la manière dont les individus doivent être jugés dans des systèmes judiciaires.

Hirondelle: L’arrestation du Père Theunis pourrait-elle avoir un impact sur les relations entre le Rwanda et la Belgique ?
Alison Des Forges : Je pense que cette arrestation a déjà eu un impact considérable. Le Rwanda bénéficie d’un soutien énorme de la Belgique avec laquelle il a déjà signé un accord de coopération en matière judiciaire, surtout en ce qui concerne des questions en rapport avec le génocide. Pourtant, les autorités belges affirment qu’elles n’ont jamais été informées que les Rwandais préparaient un dossier contre le Père Theunis, qui est un citoyen belge. Elles ont été mises devant le fait accompli. Cela paraît surprenant étant donné le degré de coopération qui existe déjà et qui a impliqué les mêmes personnes du bureau du procureur ayant joué un rôle dans la préparation du dossier contre le Père Theunis. L’on ne peut donc pas dire que le parquet rwandais n’était pas au courant de l’existence de telles relations avec les autorités judiciaires belges car en fait l’une des personnes du bureau du procureur avait joué un rôle très important dans cette coopération avec les Belges. GA/AT/GF © Agence Hirondelle

Affaire Theunis: Président rwandais va s'informer du dossier
  
    NEW YORK 15/09 (BELGA) = Le président rwandais Paul Kagame se  penchera, dès son retour à Kigali, sur le dossier ouvert contre le  père belge Guy Theunis. Et à court terme, il prendra lui-même contact  avec Guy Verhofstadt.

    C'est en tout cas ce que le numéro 1 du régime rwandais a promis  au Premier ministre belge au cours d'une rencontre bilatérale en marge  du Sommet du Millénaire à l'ONU. Le ministre des Affaires étrangères  Karel de Gucht et son homologue rwandais Charles Murigande, ainsi que  le ministre de la Coopération Armand De Decker assistaient également à  l'entretien.

    Guy Theunis se trouve dans une prison de Kigali depuis près d'une  semaine. Dimanche passé, un tribunal populaire rwandais ("gacaca") a  ordonné son renvoi devant une cour ordinaire pour incitation présumée  au génocide par le biais du magazine Dialogue.

    Lors de sa rencontre avec le président rwandais, le Premier  ministre belge a insisté pour que ce dossier soit traité en toute  objectivité. Vu mon engagement dans ce dossier, "l'affaire du père  Theunis ne peut me laisser indifférent", a confié Guy Verhofstadt sans  vouloir en dire davantage.

    Selon des indiscrétions, il semble toutefois que l'affaire  pourrait être transmise d'une manière ou d'une autre à la justice  belge.

    Pour rappel, à la fin de la semaine passée, Karel De Gucht avait  exprimé à l'ambassadeur rwandais à Bruxelles ses préoccupations quant  à ce dossier. "La Belgique est le pays qui, après le Rwanda, a  probablement fait le plus pour affronter le génocide rwandais sans  tabou", avait-il alors rappelé./. THA/(MJN)

Les fameux témoins accusateurs de Guy Theunis devant gatchatcha
Les témoins de faux témoignages sont punissables

Ingabire Immaculée,     Businge Johnson,         Bizimana J. D, Mugesera Antoine, Bizimana J.D(père blanc- nègre), Ndahiro Tom
 
Que peuvent avoir vu ou entendu M. Immaculée Ingabire, Johnson Businge,  Antoine Mugesera, le Père Blanc Noir  défroqué Jean Damascène Bizimana, Tom Ndahiro..., qui n'étaient pas au Rwanda au moment des faits?
 
Pire encore, non seulement toutes ces personnes n'étaient pas au Rwanda au moment des faits (1994), mais encore certaines d'entre elles n'y avaient même jamais mis le pied depuis leur naissance !!! Quelle crédibilité peuvent avoir ces "témoins" sur des faits qui se sont passés au Rwanda en 1994 en leur absence? (Nikozitambirwa).

 

Novembre 2005

Reporters sans frontières

Secrétariat international

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RWANDA

Enquête sur l’arrestation de Guy Theunis : les accusations, la procédure, les hypothèses

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Guy Theunis, 60 ans, prêtre catholique de nationalité belge, membre de la Société des missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) et ancien journaliste de la revue Dialogue, résidant au Rwanda de 1970 à 1994, est détenu à la prison centrale de Kigali depuis deux mois.

Son crime ? Avoir incité à la haine ethnique et nié l’existence du génocide, selon ses accusateurs. Avoir dénoncé les violations des droits de l’homme commises par le Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir), selon ses défenseurs. Reporters sans frontières s’est rendue au Rwanda, du 30 septembre au 7 octobre 2005, afi n d’enquêter sur cette arrestation. Les représentants de l’organisation ont pu rendre visite à Guy Theunis en prison. Ils ont également rencontré les principaux témoins à charge présents lors de l’audience du 11 septembre de la gacaca (tribunal traditionnel) qui a placé le père Theunis dans la catégorie 1 des personnes soupçonnées d’être impliquées dans le génocide, c’est-à-dire parmi les «incitateurs» et les «planifi cateurs». Reporters sans frontières s’est également entretenue avec l’un des deux avocats du prêtre journaliste ainsi qu’avec des diplomates, des journalistes de la presse locale et internationale, des membres de la communauté religieuse et des responsables d’organisations de défense des droits de l’homme.

 

Une interpellation in extremis

En août 2005, Guy Theunis est à Kinshasa, en République démocratique du Congo. Il participe en tant qu’intervenant à un séminaire sur la «communication non-violente». Puis, à la demande de confrères, il se rend à Kalemie (sud est du Congo) où il doit animer une session similaire. Mais, suite à plusieurs catastrophes aériennes qui surviennent pendant l’été dans le pays, plusieurs avions congolais sont cloués au sol, empêchant Guy Theunis de rejoindre Kinshasa. Celui-ci décide alors de partir pour Kigali afin de prendre un avion pour la Belgique. Il arrive dans la capitale rwandaise le lundi 5 septembre en fi n de journée. Après avoir passé une nuit au Centre d’études des langues africaines (CELA), lieu de résidence des Pères Blancs à Kigali, il salue quelques amis dans différentes parties de la ville et visite, en compagnie du père Henri Blanchard (Supérieur des Pères Blancs au Rwanda), les nouveaux quartiers de Kigali. Vers 16 heures, le mardi 6 septembre, Antoine Mugesera, ancien collaborateur de la revue Dialogue, ex-commissaire politique du FPR et actuellement sénateur du parti au pouvoir, se présente au CELA et demande à parler à Guy Theunis. Pendant moins d’une demi-heure, Antoine Mugesera explique à Guy Theunis qu’il souhaite rapatrier au Rwanda Dialogue et l’association éditrice de la revue, l’ASBL Dialogue (voir encadré). Le père Theunis rappelle à son interlocuteur qu’il ne travaille plus pour cette publication depuis neuf ans, mais s’engage à transmettre ce message à ses animateurs à Bruxelles. L’entretien est interrompu par le père Blanchard, soucieux de conduire le père Theunis à l’aéroport pour prendre le vol 0463 de 19h50 de la compagnie SN Brussels. Guy Theunis procède à l’enregistrement de ses bagages, puis franchit sans encombre le contrôle de la police de l’air et des frontières avant de gagner la salle d’embarquement. Vers 19 heures, une hôtesse appelle à haute voix «Monsieur Guy». Le père Theunis se présente à elle. Celle-ci le prie alors de prendre ses affaires avec lui et le conduit dans les locaux de la Sûreté de l’aéroport. Un mandat d’arrêt signé par le parquet de la République et portant la mention «incitation au génocide» lui est présenté. Le prêtre parvient à prévenir le père Blanchard par téléphone qu’il est «entre les mains de la sûreté». Vers 23 heures, il est transféré au poste de police de Remera où il passe la nuit dans des conditions difficiles, après avoir été malmené par les forces de l’ordre. «Je n’ai pas dormi cette nuit-là. Les moustiques et l’inquiétude m’ont empêché de fermer l’oeil» (1). Le jeudi 8 septembre, dans l’après-midi, Guy Theunis est informé qu’il va être conduit au parquet. Au lieu de cela, il est incarcéré à la  prison centrale de Kigali (PCK), sans avoir été entendu par un juge.

 

Les conditions de détention de Guy Theunis  a la PCK, surnommée «la 1930» en raison de la date de construction de l’établissement pénitentiaire, sont correctes au regard des standards rwandais. Vêtu de l’uniforme rose des prisonniers, il dispose d’une cellule individuelle et reçoit la visite quotidienne des Pères Blancs qui lui apportent ses repas. Les relations avec

les autres détenus sont facilités par le fait que Guy Theunis parle couramment kinyarwanda, la langue nationale. Il passe ses journées à prier, à lire et à discuter avec d’autres prisonniers. Il écoute la radio, ce qui lui permet de suivre la mobilisation internationale autour de son cas. «Je me sens un peu comme dans une paroisse ici. Une paroisse différente, c’est vrai,

mais si je suis ici c’est peut-être aussi parce qu’on m’a confié une nouvelle mission. En tout cas, les autres prisonniers l’ont pris ainsi, a-til expliqué à Reporters sans frontières. J’écris tous les jours à ma famille et je reçois beaucoup de visites.» (1)

 

La gacaca et les accusations portées contre le prêtre journaliste

Moins de cinq jours après son arrestation, le dimanche 11 septembre, à 10 heures, le juge Raymond Kalisa, président de la gacaca du district de Rugenge (Kigali) ouvre la séance concernant le père Theunis. Procédure inhabituelle : le prêtre assiste à la séance entouré de deux gendarmes. Devant un public évalué à six cents personnes, une dizaine de témoins à charge se succèdent pendant sept heures environ pour expliquer comment l’ancien animateur de la revue Dialogue a, selon eux, incité à la haine ethnique et nié le génocide. Contrairement aux usages, les témoins n’habitaient pas dans le district de Rugenge au moment des faits et la majorité d’entre eux n’étaient pas présents au Rwanda en avril 1994. Seul témoin de la défense, dont la déposition ne sera pas consignée, Alison DesForges, conseillère spéciale auprès de Human Rights Watch. Avant le début de l’audience, l’un des témoins à charge, Jean-Damascène Bizimana, un ancien séminariste chez les Pères Blancs, distribue un

dossier aux neuf juges ainsi qu’à certaines personnalités importantes présentes sur les lieux. En revanche, Guy Theunis, Alison DesForges et les journalistes étrangers présents sur place n’y ont pas accès.

 

Plusieurs témoins prennent la parole et accusent Guy Theunis d’avoir participé au génocide. Ainsi, l’un d’eux affirme, par exemple, que le prêtre a été vu, en avril 1994, en compagnie d’officiers de l’armée rwandaise qui venaient «chercher des gens» à la paroisse de la Sainte-Famille, à Kigali. Accusation peu fondée, Guy Theunis ayant quitté le Rwanda avant que de tels enlèvements aient débuté. Un observateur étranger reconnaît, parmi ces «témoins», un chargé de communication au sein du service national des gacacas, au ministère de la Justice. Ce dernier ne connaît même pas l’accusé.

 

Cinq témoins à charge, qui se connaissent et dont certains se sont rencontrés à plusieurs reprises depuis l’arrestation du prêtre, jouent un rôle prépondérant. Antoine Mugesera connaît bien Guy Theunis. Ancien collaborateur de Dialogue, il a participé aux activités de la revue et de l’association éponyme.

 

Après avoir quitté le Rwanda en 1990, juste avant le début de la guerre, il rejoint les rangs du FPR, au sein duquel il exerce les fonctions de commissaire politique chargé de la planification. Il revient au Rwanda après le génocide. Il est aujourd’hui sénateur du parti au pouvoir après avoir été président d’Ibuka  («Souviens-toi»), l’association des rescapés du génocide, très proche des autorités. En 1995, il s’oppose violemment au père Theunis, qui dirige alors, depuis Bruxelles, la revue Dialogue (2). Antoine Mugesera nie être venu à l’audience pour témoigner contre Guy Theunis. Selon lui, il est intervenu uniquement parce que le prêtre l’a mis en cause dans son témoignage (3). Le sénateur reproche à Guy Theunis d’avoir non seulement publié des extraits de Kangura avant le génocide, mais surtout d’avoir continué après. «Il a utilisé l’ASBL Dialogue [ndlr : association éditrice de la revue Dialogue] pour diffuser des idées génocidaires. Guy Theunis résumait les meilleurs journaux comme les pires. C’est lui qui choisissait. Il se donnait le luxe de reprendre des idées génocidaires» (3).

 

Tom Ndahiro, ancien journaliste du quotidien gouvernemental Imvaho, est actuellement membre de la Commission nationale des droits de l’homme. Lors de la gacaca, il appuie son témoignage sur deux ouvrages. Le premier est l’édition anglaise d’un livre de Gérard Prunier, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS, Paris), «The Rwanda Crisis:

History of a genocide». Le second, «La nuit rwandaise : l’implication française dans le dernier génocide du siècle», a été rédigé par Jean-Paul Gouteux, un auteur connu pour ses prises de position hostiles à la France, à l’armée, à l’Eglise catholique et aux organisations de défense des droits de l’homme. Selon Tom Ndahiro, ces documents constituent des preuves de l’implication des représentants de l’Eglise catholique dans le génocide. Dans le livre de Jean-Paul Gouteux, la revue Dialogue est accusée de publier des «écrits ethnistes et révisionnistes». Le commissaire aux droits de l’homme affirme également que Guy Theunis a envoyé aux responsables des Pères Blancs, à Rome, entre avril et juin 1994, une quinzaine de fax signés par le Supérieur de l’époque, Jef Vleugels. Selon lui, dans ces fax, le père Theunis n’alertait pas suffisamment la communauté internationale sur le génocide. Plus grave, ces documents auraient évoqué le «travail» et le «nettoyage» des autorités, des termes fréquemment utilisés par la Radio-télévision libre des mille collines (RTLM) - connue pour sa propagande anti-tutsie - pour parler des massacres en cours.

 

A la fin de l’audience, plusieurs journalistes rwandais et étrangers ont souhaité obtenir une copie de ces fax, mais Tom Ndahiro, ainsi que les juges, ont refusé de les communiquer ou les montrer (4).

 

Troisième témoin à charge, Jean-Damascène Bizimana est un ancien séminariste chez les Pères Blancs. Après des études de philosophie et un stage de deux ans au Mali, il a poursuivi une formation en théologie en France. Il a ensuite rompu avec l’Eglise catholique avant de rejoindre l’association RCN Justice et Démocratie (une organisation de défense du droit à la justice née en octobre 1994). Il est également professeur de droit international au Centre d’études et de recherches sur les droits

fondamentaux de l’Université libre de Kigali.

Proche de Jean-Paul Gouteux, il est actif dans les réseaux de dénonciation des responsabilités supposées de l’Eglise catholique et des Pères Blancs dans le génocide. «Dès 1990, je me suis rendu compte du comportement raciste anti-tutsi de Guy Theunis. Les Pères Blancs n’ont pas dénoncé les exactions du régime Habyarimana. Ils disaient que toutes les personnes emprisonnées à cette époque avaient des liens avec le FPR et justifiaient donc l’arrestation d’innocents (5)

 

Pendant la gacaca, Jean-Damascène Bizimana revient sur les fax envoyés par les Pères Blancs. «Dans ces fax, Guy Theunis reprenait le langage de la RTLM, les mêmes concepts, les mêmes expressions. Cela révèle une solidarité avec les génocidaires. Ce n’est pas innocent. Guy Theunis est d’une partialité coupable» (5).

 

Marie-Immaculée Ingabire est vice-présidente du Haut Conseil de la presse (instance gouvernementale de régulation des médias) et ancienne responsable d’organisations de défense des droits des femmes. Elle accuse d’abord le père Theunis d’avoir incité à la haine ethnique dans le cadre d’une revue de presse, éditée par Dialogue, qui reprenait des extraits d’articles du journal extrémiste Kangura. Selon elle, le prêtre distribuait des photocopies de ce document à la population rwandaise. Elle n’indique ni le lieu, ni la date, ni la fréquence de ces distributions.

 

Enfin, Christian Scherrer, de nationalité suisse,est professeur à l’Hiroshima Peace Institute (Japon). Totalement inconnu de tous les Rwandais interrogés pendant la mission de Reporters sans frontières et des chercheurs spécialisés dans la région des Grands lacs, il se présente comme un expert de l’étude des traumatismes post-génocide. Son intervention clôt la gacaca. «Tom Ndahiro et d’autres m’ont apporté la preuve de la culpabilité de Guy Theunis», explique-t-il devant les neuf juges. Après quelques commentaires généraux sur la responsabilité de l’Eglise dans le génocide rwandais et une critique acerbe du témoignage d’Alison DesForges (6), Christian Scherrer accuse un Père blanc allemand, Johan Pristl, d’avoir été jusqu’à traduire « Mein Kampf » en kinyarwanda.

 

Cette information avait, semble-t-il, été publié au préalable dans la revue Golias, à laquelle collabore Jean-Paul Gouteux. L’accusé répond que ce prêtre ne maîtrise pas assez bien le kinyarwanda pour traduire un livre entier. L’universitaire suisse ajoute alors que Guy Theunis l’a sûrement aidé. Les recherches entreprises par Reporters sans frontières n’ont pas permis d’établir l’existence d’une traduction de Mein Kampf en kinyarwanda.

 

Joint par Reporters sans frontières fin octobre, Christian Scherrer a ajouté que, selon lui, Guy Theunis est un ami de Ferdinand Nahimana, l’un des fondateurs de la RTLM condamné par le Tribunal pénal international pour le Rwanda

Tom Ndahiro

 

 

Les réponses de Reporters sans frontières à ces accusations

 

- La présence de Guy Theunis à la Sainte-Famille

 

Les premiers témoignages d’individus affirmant  avoir aperçu le père Theunis près de la paroisse de la Sainte-Famille au moment du génocide sont très approximatifs et ne comportent aucun élément concret (lieu, date, noms, etc.).D’ailleurs, aucun des témoins principaux n’est revenu sur ces propos, qu’il faut considérer, en l’état, comme fantaisistes. De plus, le nom de

Guy Theunis n’a jamais été mentionné lors des réunions des gacacas pendant la phase initiale de collecte d’informations. Aucun habitant des quartiers de Kigali dans lesquels le père Theunis a vécu ou célébré des offices ne l’a accusé d’avoir une quelconque responsabilité dans le génocide. Le prêtre a quitté le Rwanda le 13 avril 1994, soit six jours après le début des

massacres.

 

- L’incitation à la haine ethnique dans Dialogue

Aucun témoin n’a apporté une preuve établissant que Guy Theunis avait incité à la haine ethnique dans la revue Dialogue. Le prêtre est connu pour la sévérité de ses jugements - lesquels ont pu choquer des Rwandais profondément meurtris par le génocide – mais on ne lui connaît aucun texte, aucune déclaration publique ou privée de nature à prouver cette accusation.

Jean-Damascène Bizimana a remis à Reporters sans frontières, comme élément à charge, le compte rendu d’un débat organisé en 1997 - soit trois ans après le génocide - par un journal belge entre le père Theunis, la journaliste Colette Braeckman et l’universitaire Filip Reyntjens. Lors de cette rencontre, le Père blanc a affirmé que les Tutsis avaient tendance à «gâter les choses» et que la «violence [venait] toujours du même côté», se référant à l’histoire du pays. En aucun cas, ces propos ne peuvent être considérés comme une négation du génocide ou une incitation à la «haine ethnique».  Par ailleurs, si, comme certains l’affirment, Dialogue répand des idées génocidaires et ethnistes, comment se fait-il que la revue éditée à Bruxelles soit en vente libre dans plusieurs librairies de Kigali ?

 

- La publication d’articles de Kangura dans la revue de presse Dialogue

 

En 1991 Dialogue a mis en place, à la demande des ambassades européennes au Rwanda, une revue de la presse locale éditée en kinyarwanda. Chaque semaine, cette recension des principaux articles (résumés en une dizaine de lignes maximum) de tous les journaux rwandais publiés régulièrement était tirée à environ 200 exemplaires. Elle était ensuite adressée à des

diplomates et des responsables d’organisations non gouvernementales, à l’étranger et au Rwanda. Sa publication a été interrompue entre avril et octobre 1994.

 

Elle a définitivement cessé en 1995. Conformément à ce qu’indiquent les accusateurs du père Theunis, cette revue de la presse a repris des articles de la presse extrémiste, et notamment de Kangura. L’objectif de cette publication était de porter à la connaissance d’un public restreint des informations publiées en kinyarwanda. Guy Theunis l’a expliqué, en 1995, dans un courrier adressé à Antoine Mugesera : «Nous ne pouvons pas être fidèles à notre mission d’informer en faisant semblant d’ignorer une publication existante sur le Rwanda. Il est inutile de vous dire que nous n’épousons absolument pas ses opinions. De plus, comme militants des droits de l’homme, nous avons milité et militons pour son interdiction ; mais dans le cadre de la Revue de presse, il ne nous revient pas de les juger.»

 

Comme d’autres organisations de défense des droits de l’homme, Reporters sans frontières a été abonnée, pendant plusieurs années, à cette revue de presse. En tant qu’organisation de défense de la liberté de la presse, nous étions vivement intéressés par ce travail. Si l’organisation a pu dénoncer, dès 1991, la propagation d’idées racistes dans les médias publics rwandais et, ensuite, dans des journaux privés, c’est aussi grâce à cette revue de presse.

Dialogue, en 1993

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Loin de contribuer à la promotion d’idées racistes, Dialogue a été au contraire l’un des premiers organes de presse à dénoncer la haine propagée par certains médias rwandais. Dans le numéro 147, de juillet-août 1991, la revue écrivait : «Il faut regretter les articles de tendance  nettement raciste ou régionaliste. Souvent insidieux, ils risquent de rendre l’atmosphère du pays irrespirable. Un exemple (célèbre) entre tous : les 10 commandements des Bahutu (Kangura n°6, décembre 1990)».

 

A cet égard, faut-il rappeler que Guy Theunis a été le correspondant de Reporters sans frontières de 1992 à 1993 ? Dans ce cadre, le journaliste a régulièrement alerté l’organisation des dérapages des médias extrémistes rwandais. Son expertise sur la question était d’autant plus fine et complète que Guy Theunis avait fondé, peu avant, avec André Sibomana, l’Association

des journalistes rwandais. L’un des objectifs de cette structure était précisément de distinguer l’activité du journalisme du travail de propagande mené par certains organes de presse. Quoique éphémère, cette association a eu le temps de faire adopter par ses membres une charte des journalistes conforme en tous points aux normes internationales d’éthique et

de déontologie professionnelles.

 

- Les fax envoyés après le début du génocide

 

Reporters sans frontières a pu se procurer une copie de tous les fax envoyés par Guy Theunis et le père Jef Vleugels pendant le génocide. Au nombre de 23, rédigés entre le 7 avril et le 24 août 1994 - d’abord au Rwanda, puis en Belgique - ces documents font principalement état des cas des prêtres tués ou réfugiés, mais aussi des conditions de vie et des massacres

des populations. Ces fax étaient adressés au siège de la Société des Pères Blancs à Rome, à plusieurs missions provinciales en Europe, à d’autres congrégations religieuses dans le monde, ainsi qu’au quotidien français La Croix.

 

Rien, dans ces fax, ne peut être considéré comme une incitation à la haine ethnique ou au divisionnisme. Guy Theunis et Jef Vleugels ont tenté, avec les moyens à leur disposition, de relater les faits portés à leur connaissance. Dès le 7 avril, ils signalaient des «massacres et des pillages» dans certains quartiers de Kigali. Le lendemain, le père Theunis dénonçait des «actes barbares» dans l’église Saint Charles Lwanga de Nyamirambo (Kigali) et racontait que des militaires avaient tué des «blessés tutsis sur leur lit». Le 8 avril, les Pères Blancs expliquaient que la RTLM avait commencé ses appels au meurtre et invitait les habitants à «chercher les Inkotanyi [combattants du FPR majoritairement tutsis] qui se cachent parmi eux et à signaler leur présence aux soldats».

 

Le 9, un fax précisait que «dans certains quartiers de Kigali le ‘nettoyage’ continue». Un peu plus loin dans le paragraphe, il est écrit que «les gendarmes sont partis, laissant la population faire ‘le travail’ «. Les termes «nettoyage » et «travail» sont placés entre guillemets :il s’agit bien de reprendre la phraséologie du moment pour souligner l’horreur de la situation, et non pour en faire la propagande. Plus loin, Guy Theunis explique que les Belges vivant avec des Tutsis n’ont pas été épargnés. Ce fax décrit largement des tueries et des massacres dont la responsabilité incombe aux militaires. Comment peut-on alors sérieusement accuser le Père Theunis de complicité avec les génocidaires ? Il a très certainement utilisé les termes «nettoyage» et «travail» en référence aux propos tenus par la RTLM, ce qui explique qu’ils aient été placés entre guillemets. Cela ne veut pas dire que les Pères Blancs soutenaient ou  cautionnaient, de quelque manière que ce soit, les événements en cours. Bien au contraire, le père Theunis et ses confrères ont été parmi les premiers à relater avec autant de précisions les massacres en cours.

En outre, il faut rappeler que ces fax, comme la revue de la presse rwandaise éditée par Dialogue, étaient destinés à un public restreint. Ils n’étaient pas distribués à la population rwandaise et ne peuvent donc, en aucun cas, avoir attisé les haines au sein des communautés du pays. Le 11 avril, dans son dernier fax envoyé depuis le Rwanda, Guy Theunis écrivait que les massacres continuaient à Kigali et que «beaucoup de personnes, des Tutsis principalement, ont été tuées».

 

- «Guy Theunis fréquentait les génocidaires»

 

A l’appui de cette accusation, un seul document : une photo, prise trois ans avant le génocide, montrant Guy Theunis en compagnie de Ferdinand Nahimana, à l’époque directeur de l’Orinfor (Office rwandais d’information), et d’officiers des Forces armées rwandaises. Ce cliché, publié pour la première fois dans l’ouvrage «Rwanda, les médias du génocide» (Editions Karthala, avec Reporters sans frontières), a été pris le 30 mai 1991 à l’occasion d’une visite de la presse nationale dans la zone de combats (7). Celle-ci avait été organisée par l’Orinfor, ce qui explique la présence de Ferdinand Nahimana. Guy Theunis y assistait en tant que journaliste, en compagnie de nombreux autres reporters qui ne figurent pas sur le cliché. Il ne s’agissait pas d’une visite privée ni d’une mission particulière confiée au prêtre journaliste. Cette image ne prouve aucunement

la sympathie supposée de Guy Theunis avec la RTLM (qui sera créée deux ans plus tard) ou des officiers de l’armée rwandaise qui se seraient rendu coupables de tueries en 1994.

 

Pourquoi avoir arrêté Guy Theunis ?

 

Quatre hypothèses principales ont été avancées quant aux motivations qui ont conduit à l’arrestation du père Theunis.
 
Le négociateur occulte des FDLR.

Selon cette hypothèse, l’ancien journaliste se trouvait en République démocratique du Congo pour participer à une médiation en faveur des membres des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR, groupe armé composé d’anciens génocidaires, d’ex-militaires de l’armée rwandaise et de réfugiés hutus). Guy Theunis a formellement démenti auprès de Reporters sans frontières, et l’organisation n’a recueilli aucun témoignage corroborant cette hypothèse.

 

La monnaie d’échange.
Le père Theunis pourrait être utilisé comme monnaie d’échange pour mettre la main sur des anciens génocidaires réfugiés en Belgique ou comme moyen de pression pour faire cesser le blocage par Bruxelles de la compagnie aérienne rwandaise Silverback Cargo Freighters qui permet d’acheminer des minerais vers l’Europe. Les autorités belges ont infirmé ces deux hypothèse auxquelles plus personne ne semble aujourd’hui prêter sérieusement attention.

 

 

Le témoignage contre des militaires du FPR en Espagne.
L’affaire du père espagnol Joaquim Vallmajó Sala est une autre piste. Ce prêtre a été enlevé par des militaires du FPR le 26 avril 1994, à Kageyo (province de Byumba, dans le Nord) et tué par la suite. En février 2005, une plainte a été déposée par le Forum international pour la vérité et la justice dans l’Afrique des Grands lacs contre dix hauts responsables du FPR pour publiée dans le meurtre de six missionnaires, dont le père Vallmajó, et de trois membres d’ONG, tous espagnols. Les familles des victimes et plusieurs organisations de défense des droits de l’homme se sont jointes à cette plainte. Début avril, l’Audience nationale espagnole (juridiction suprême) s’est déclaré compétente pour juger cette affaire. Quelques observateurs, dont

l’avocat des familles des victimes, Me Jordi Palou-Loverdos, estiment que l’arrestation de Guy Theunis pourrait l’empêcher de témoigner lors du procès qui devrait avoir lieu dans les prochains mois en Espagne. Il semble pourtant peu probable que l’absence éventuelle de Guy Theunis lors des audiences à venir soit déterminante pour l’issue de ce procès. Le prêtre ne figure pas sur la liste des témoins cités à comparaître par la partie civile et Guy Theunis ne dispose pas d’informations capitales dans cette affaire.

 

La vendetta des tenants du pouvoir.  
Reste l’hypothèse la plus crédible : celle d’une vendetta personnelle et politique menée par une poignée de tenants du pouvoir qui ont profité du passage de l’ancien journaliste de Dialogue au Rwanda pour lui faire payer son engagement religieux, ses dénonciations du FPR pour ses violations des droits de l’homme, ou tout simplement pour régler des comptes personnels.

Certains reprochent aux Pères Blancs et à l’Eglise catholique une foi aveugle et un racisme anti-tutsi au Rwanda. A la suite de cette affaire, une vague d’articles attaquant l’Eglise pour sa responsabilité dans le génocide a été publiée dans la presse rwandaise. Un texte rédigé, sous couvert d’anonymat, par un haut responsable du ministère de la Justice, a été adressé, fin septembre, au journal Umuseso. Celui-ci a décidé de n’en publier qu’une partie sous le titre «Finie l’influence des Pères Blancs au Rwanda», supprimant les passages les plus virulents et notamment ceux qui accusaient nommément de «ségrégationnisme» des Pères Blancs encore présents dans le pays. Jean-Damascène

 

Bizimana, un ancien séminariste chez les Pères Blancs et l’un des accusateurs de Guy Theunis pendant la gacaca du 11 septembre, a déclaré à Reporters sans frontières qu’il avait porté plainte le 6 septembre, dès qu’il avait appris la présence de l’ancien journaliste dans le pays. Il a refusé de révéler qui lui avait communiqué cette information. D’autres, des militants actifs du FPR, n’ont toujours pas digéré les dénonciations par Guy Theunis des violations des droits de l’homme commises par l’actuel parti au pouvoir. Le Père Blanc a été l’un des promoteurs de l’Association rwandaise pour la défense des Droits de la

personne et des Libertés publiques (ADL), une association qui dénonçait avec force les crimes du pouvoir Habyarimana mais aussi les exactions du FPR, dès 1991. Trois ans plus tard, en mai 1994, alors que personne n’osait mettre en doute les actions du FPR, le père Theunis relevait dans un fax adressé à ses supérieurs à  Rome «les violations flagrantes des droits de

l’homme» commises par le FPR. Et le 9 juin, il indiquait que trois évêques et dix prêtres rwandais avaient été tués par «des soldats du FPR chargés de les garder».

 

Des motivations personnelles enfin, pour ceux qui connaissent le prêtre depuis de longues années et voient en lui un obstacle à leurs ambitions. Pour l’équipe qui tente de reprendre le contrôle éditorial et économique de l’association Dialogue et de sa revue, l’arrestation de Guy Theunis constitue, sinon une aubaine, une vengeance et un signe fort de sa détermination adressé aux animateurs de la revue à Bruxelles.

 

Guy Theunis et les droits de l’homme  
L’Association rwandaise pour la défense des Droits de la personne et des Libertés publiques (ADL) a été créée le 11 septembre 1991 à Kigali, en réponse aux nombreuses violations des droits de l’homme survenues dans le pays depuis le déclenchement de la guerre, un an plus tôt. Guy Theunis faisait partie des 79 membres fondateurs de l’organisation, aux côtés de personnalités telles que Joseph Bonesha, actuel ambassadeur du Rwanda en Belgique, Laurent Nkongoli, ancien ambassadeur au Canada et Joseph Nsengimana, ancien ministre FPR. Très vite, lʼADL a commencé à dénoncer, à l’aide de communiqués de presse, les violences commises à l’encontre des populations civiles. En décembre 1992, l’association a publié son premier rapport qui recensait des exactions commises par le pouvoir du président Juvénal Habyarimana, mais également par des militaires du FPR. Les membres fondateurs de l’organisation venaient de différents partis politiques et l’ADL dénonçait toutes les violations portées à sa connaissance. Elle a été la première, par exemple, à dénoncer le «génocide des Bagogwe (des Tutsis vivant dans le nord du Rwanda)» en janvier 1991. L’ADL a également pointé du doigt les attaques meurtrières du FPR.

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Une procédure judiciaire contestable  
La justice est la grande absente de ce procès. Le parquet n’a toujours pas communiqué les chefs d’inculpation retenus contre Guy Theunis , en complète violation des règles de procédure fixées par la loi rwandaise. Il n’a pas non plus respecté le délai de six jours au terme duquel un prévenu doit être déféré au tribunal. Et aucun juge n’a ordonné le maintien en détention préventive du prêtre. De plus, l’un de ses avocats, Me Proté Mutembe, a demandé sa mise en liberté provisoire le 14 septembre.

 

A ce jour, il n’a toujours reçu aucune réponse du parquet, mais un officier du ministère public lui a fait comprendre officieusement qu’il fallait attendre l’avis «des autorités». D’une manière générale, la justice n’a aucune prise dans cette affaire. Hormis la signature du mandat d’arrêt, toutes les décisions proviennent du pouvoir politique. Il semble, d’ailleurs, que la justice n’enquêtait pas sur Guy Theunis. Le prêtre s’était déjà rendu au Rwanda, au printemps 2004, pour participer à des séminaires sur la réconciliation. Il avait passé plus d’un mois dans le pays, franchissant à plusieurs reprises la frontière pour participer à des ateliers à l’est de la République démocratique du Congo. Personne n’avait alors mis en cause la présence du prêtre en territoire rwandais. Selon Marie-Immaculée Ingabire, du Haut Conseil de la presse, des personnes non identifiées avaient signalé la présence de Guy Theunis au Rwanda, en 2004. Des magistrats auraient alors été saisis, mais ils n’auraient pas eu le temps de se préparer. En revanche, toujours selon Mme Ingabire, cette fois-ci, le nom de Theunis devait déjà figurer dans les listes de la police de l’air et des frontières.

Conclusion et recommandations

 

Le 26 septembre, le ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht, a introduit une demande de dénonciation des faits, c’est-à-dire  le transfert du dossier en Belgique en vertu de la loi sur la compétence universelle. Quelques jours plus tard, son homologue rwandais, Charles Murigande, a fait savoir qu’il allait étudier «sérieusement» cette demande car la Belgique a déjà «prouvé qu’elle ne se rangeait pas du côté des génocidaires». Mais le 10 octobre, Charles Murigande a expliqué, dans une interview accordée au quotidien belge Le Soir, que le transfert n’aurait pas lieu tout de suite car il y avait une procédure juridique à respecter. Il a également ajouté que le Rwanda tenait à ce que «Theunis soit effectivement jugé en Belgique. S’il devait y avoir un non-lieu, il serait alors le dernier détenu à être transféré». Le 16 octobre, deux représentants du ministère  belge sont rentrés de Kigali, indiquant que les négociations en vue du transfert du dossier à Bruxelles avaient été «constructives». L’issue

diplomatique est désormais la plus vraisemblable, même si les autorités rwandaises ne font que ralentir la procédure. Guy Theunis est innocent des faits dont on l’accuse. Les «preuves» présentées contre lui avant, pendant et depuis la tenue de la gacaca n’ont aucun fondement. Tout laisse penser que l’accusation a été fabriquée à la dernière minute, à l’aide de documents récupérés sur Internet ou dans les colonnes de la revue Golias. Une poignée d’individus, poussées par des motivations personnelles ou politiques, a monté un dossier contre le prêtre dans l’urgence (8).

Pour toutes ces raisons, Reporters sans frontières demande une nouvelle fois aux autorités rwandaises de libérer Guy Theunis au plus vite. Reporters sans frontières encourage les autorités belges et l’Union européenne à multiplier ses efforts diplomatiques et à tout mettre en oeuvre pour garantir un retour rapide de Guy Theunis dans son pays. (8) Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, le procureur Emmanuel Rukangira, Tom Ndahiro et Jean-Damascène Bizimana ont été vus ensemble dans un hôtel de Kigali, s’échangeant des documents, quelques jours avant la tenue de la gacaca.

 

 

 

 

Terrorisme intellectuel d'IBUKA envers l"Eglise

Au Révérend Père Peter Hans KOLVENBACH,
                                             Supérieur Général des Jésuites
                                             Rome

Objet : Vos propos sur le génocide des tutsi,  au cours de votre «  entretien avec Jean Luc  POUTHIER, publiés  « Faubourgs du Saint-Esprit » ( Bayard, Paris 2004)

                                            Révérend Père Supérieur Général,

                                            Après avoir pris connaissance avec effroi du contenu de votre entretien repris en marge, en rapport avec le génocide des tutsi du Rwanda, les membres de l’association  IBUKA( littéralement « souviens-toi »), m’ont chargé en tant que leur représentant légal de vous faire  part de leur réaction outrée et indignée. Ils m’ont chargé de  vous prier instamment  de revisiter vos connaissances sur le problème du génocide des tutsi, et de reconnaître de vous-même la fausseté et  la gravité de vos propos. J’ose espérer qu’à la lumière de l’analyse ci-après, l’honnêteté qui devrait caractériser tout membre de la Compagnie de Jésus vous poussera  à retirer votre « analyse », à présenter vos excuses à toutes les victimes de tous les génocides, et à en  informer tous ceux que vous avez induits en erreur.
                                            Si Ibuka, (association dont la raison d’être est la préservation de la mémoire du génocide des Tutsis, la lutte pour la justice et la défense des intérêts des rescapés du génocide), n’a pas pour habitude de réagir aux propos de n’importe quel négationniste ordinaire, il en va tout autrement et elle ne peut se taire lorsque  des propos hautement négationnistes et  révisionnistes ont pour auteur une autorité morale comme vous-même,   Supérieur Général de la  Compagnie qui se déclare « de Jésus ». Ces propos sont d’autant plus choquants que vous avez certainement à dessein  choisi  la période de la 10ème commémoration du génocide des tutsi pour profaner la mémoire des victimes et justifier par des thèses sans aucun fondement le pire de tous les crimes, celui qui consiste à exterminer la personne humaine pour ce qu’elle est.
                                            En effet, en  2004, lorsque le monde entier s’inclinait devant les innombrables victimes du génocide des tutsi de 1994, lequel génocide fut l’entreprise criminelle la plus brutale et la plus meurtrière depuis le célèbre et hypocrite « plus jamais ça » des Nations Unies prononcé après l’Holocauste;
                                            Lorsque la Communauté Internationale reconnaissait ses fautes, ses erreurs et son échec face à sa mission fondamentale de protéger la personne humaine, et toute  personne humaine ;
                                            Lorsque l’ONU décrétait le 07 avril journée de réflexion sur le génocide des tutsis et de solidarité avec les rescapés ;
                                            Lorsque toutes les personnes de bonne volonté de par le monde organisaient des réflexions pour tirer les leçons de cette macabre expérience ;
                                            Un mouvement malheureusement prévisible de négationnisme et de révisionnisme a traversé le monde, comme si les génocidaires et leurs complices de tous bords s’activaient à faire un maximum de vacarme propre à étouffer aussi bien les cris déchirants des victimes que leur propre conscience.
                                            Avant d’analyser vos déclarations  qui s’inscrivent tout droit dans le courant du  négationnisme ci-haut évoqué, il importe  de rappeler que, depuis 1957, année de publication du fameux « Manifeste des Bahutu », la machine génocidaire était inexorablement lancée au Rwanda. Signé Grégoire Kayibanda et consorts, ce manifeste, véritable version tropicale de  Mein Kampf  , était en réalité l’œuvre de deux missionnaires des Pères Blancs, Ernotte et Dejemeppe, sous la haute direction de leur évêque, le tristement célèbre André Perraudin, dont le mandement de carême en  1959 fut un appel à l’extermination des tutsis. Ce mot d’ordre  restera d’actualité pendant trente-cinq  ans, jusqu’à la solution finale en 1994.
                                            En effet, depuis 1959, avec l’appui de l’ancienne puissance coloniale ( la Belgique), plus tard relayée par la France de Mitterrand,  toutes les conditions du génocide vont se mettre en place : massacres à répétitions des tutsis et exil forcé de beaucoup d’entre eux, impunité garantie pour tout crime contre les tutsis, ravalement de ceux-ci à un rang de sous-citoyens sans droit, interdits d’accès à l’enseignement et aux postes de responsabilité du pays, diabolisation  progressive des tutsis et leur utilisation comme bouc-émissaires lors de chaque crise majeure,  appels réguliers à la haine contre eux, enseignée dans les écoles, diffusée dans les médias et rappelée dans les discours officiels ; prise en otage des tutsis lors de l’attaque du FPR en 1990, planification de la solution finale et son exécution en 1994
                                            Si  la négation du génocide n’est pas en soi un fait étonnant dans la mesure o`elle fait partie intégrante du processus génocidaire, il est par contraint navrant de voir à quel point elle est courante parmi ceux des membres du clergé catholique, honteux d’avoir échoué dans leur  mission d’enseigner le message du Christ. En vous  rendant compte à quel point certains de vos confrères ont avalisé ou favorisé l’innommable, et dans le pire des cas ont eux-mêmes participé aux tueries et viols, vous recourrez à la politique du pire,  en vous réfugiant dans le négationnisme et le révisionnisme les plus primaires.
En effet, c’est sans crainte d’être ridicule que vous  affirmez coup sur coup : « ….leurs paroissiens…..se sont entretués…… » ; « …les tutsis ont longtemps été le groupe dominant, sont venus de l’extérieur … »(sans dire d’où bien entendu !) ; « ….situation socio-politique  semblable à celle de l’Irak….. » ; «  …..les hutus se sont vengés…… » ; et ces mêmes hutus après s’être vengés en exterminant un million de leurs concitoyens, seraient « prêts pour la réconciliation », même si celle-ci «  en vient à confirmer la domination des tutsis »
Qui d’autre qu’un parfait négationniste du génocide peut assimiler celui-ci à des tueries réciproques entre sauvages en affirmant qu’ « ils se sont entretués » ?Comment peut-on parler de s’entretuer lorsqu’un gouvernement, une armée, une armada de miliciens, tout l’appareil administratif, utilisent tous les moyens de l’Etat et toute une population pour exterminer un million d’innocents sans défense,  de bébés, d’enfants, de femmes, de vieillards,….. allant jusqu’à éventrer les femmes enceintes pour tuer les  fœtus ? Peut-on pousser le cynisme jusqu’à insinuer que ces fœtus, ces bébés, ces vieillards, ces hommes désarmés, ces femmes violées,….tuaient aussi les soldats et les hordes de miliciens lancés à leurs trousses comme vous le suggérez cyniquement ?
 
                                            C’est en outre sans détours que  vous  avalisez le mythe fondateur de la démarche génocidaire, celui du « tutsi hamite envahisseur venu d’Ethiopie pour coloniser le bon peuple hutu ». Ainsi vous accréditez à posteriori les appels au génocide dont le point d’orgue fut le meeting de Kabaya en 1992 au cours duquel  un certain Mugesera Léon , l’une des figures de proue de l’aile dure  du régime génocidaire,  appelait les hutus à « renvoyer les tutsis à leur Abyssinie d’origine par le chemin le plus court qu’est la rivière Nyabarongo. » Tous ces corps d’innocents jetés dans la Nyabarongo et dans diverses autres rivières l’étaient en réponse à cet appel, et  vous avez  choisi la période de la dixième commémoration de leur extermination pour vous déclarer adepte de l’une des thèses les plus destructrices de l’histoire de l’humanité.

                                            Et comme apparemment en la matière vous  ne connaissez aucune limite, vous allez jusqu’à  justifier ce crime innommable par un sursaut de vengeance, que vous vous gardez bien sûr de condamner. Comment un Chrétien peut-il légitimer et faire l’apologie de la vengeance au lieu de la condamner, même en supposant que cette vengeance serait dirigée contre un groupe prétendument dominant ? Groupe dominant signifie-t-il toute cette partie de la population fichée, marginalisée, et persécutée, jusqu’à ce que tuer ses membres soit  autorisé, quand ces crimes ne sont pas simplement  récompensés par des promotions dans l’administration publique ou à des postes politiques?   Peut-on parler de vengeance contre des bébés, au seul motif que leurs aïeux auraient été dominants dans un passé dont ils n’ont pas la moindre idée ? De quelle vengeance s’agit-il lorsque des gens poussent la folie jusqu’à tuer leurs propres enfants, leurs petits-enfants, leurs cousins, leurs amis, leurs voisins,….avec lesquels ils n’ont jamais eu le moindre contentieux ; est-ce de la vengeance lorsque les professeurs tuent leurs étudiants, les médecins tuent leurs malades, les autorités tuent  de simples citoyens placés sous leur protection, les curés tuent leurs paroissiens ? Et lorsque, tourmentés par les remords, ayant peur d’affronter la justice, ces curés génocidaires se réfugient auprès de leurs protecteurs et amis, vous affirmez  qu’ils sont incapables de revenir sur les lieux où leurs  paroissiens se seraient d’après vous  « entretués » !!!!!
Pour un chrétien ,de surcroît  la plus haute autorité  de la Compagnie de Jésus, justifier et donc légitimer un génocide, le crime des crimes contre la personne humaine, par une prétendue vengeance équivaut à légitimer la destruction de l’œuvre de Dieu, Lui qui créa l’homme à son image ! C’est en définitive tenter de tuer Dieu à travers son œuvre suprême, c’est se renier comme chrétien, c’est  renier sa foi , c’est  déclarer ne plus appartenir à la famille du Christ.
                                            Plus loin, ne reculant devant aucune contradiction, vous  affirmez d’une part que les hutus seraient « tous, d’une façon ou d’une autre, responsables »( mettant dans le même paquet génocidaires, victimes hutus exterminées pour avoir refusé de participer au plan génocidaire, braves gens ayant tenté et parfois réussi à sauver quelques vies humaines, certains ayant payé de leur vie ), d’autre part que ces mêmes hutus seraient « prêts pour la réconciliation ». Est-il nécessaire de rappeler ce qui est évident pour toute personne de bonne foi, à savoir que le chemin de la réconciliation passe obligatoirement par le repentir  des criminels, et leur engagement dans la justice en assumant leurs châtiments et en payant leur part dans la  réhabilitation des victimes ? Pour vous, il suffit pour les génocidaires de dire : «  au cours de l’histoire vos aïeux ou ceux qui leur sont apparentés ont opprimé les nôtres, nous nous sommes vengés en exterminant votre communauté, et comme nous sommes trop bons, nous sommes prêts à gommer tout ça, et à nous réconcilier avec ceux que nous n’avons pas pu tuer entièrement ».  Il est bien étrange votre évangile d’après lequel  il n’est pas nécessaire de répondre de ses crimes devant la justice, encore moins de demander pardon aux victimes, à la communauté à laquelle ces victimes  appartiennent, et à Dieu. Cet évangile de  haine, de destruction de l’œuvre de Dieu et d’apologie de l’impunité  n’est sûrement pas celui prôné par Jésus-Christ ! On ne peut pas à la fois en être l’apôtre  et être Jésuite, et encore moins diriger cet illustre ordre !
                                            Et bien sûr, dans votre  entretien , on ne trouve  nulle condamnation du crime, et surtout nulle  mention de la victime, nulle compassion avec les rescapés, avec les veuves, avec les orphelins, et cela finalement n’est que normal, car nul ne peut logiquement à la fois justifier et condamner un crime. C’est ce qui s’appelle choisir son camp, et sur ce point au moins, vous avez  de la suite dans les idées. 
                                            En définitive, cet ensemble de déformations volontaires de l’histoire, de thèses négationnistes et révisionnistes, de justifications de l’injustifiable, d’excuses de l’inexcusable, confirment ce que tous les experts en études sur les génocides affirment : cette démarche procède de la recherche de paix intérieure pour les âmes tourmentées des criminels, de leurs complices, de ceux qui ont laissé faire, de ceux qui n’ont rien fait ou  n’ont rien dit pour empêcher l’innommable, et qui désespérément tentent de se convaincre, de convaincre les autres que le crime n’a pas eu lieu. La vérité contraire est trop terrible à supporter, car elle implique leur culpabilité, ou à tout le moins leur responsabilité.
                                            Pour terminer, j’espère qu’en vous et dans tous ceux qui s’enfoncent dans le crime négationniste-car c’est bien d’un crime qu’il s’agit- un sursaut d’humanité pourra rejaillir et vous amener à vous  désolidariser de la démarche génocidaire , à vous incliner devant les victimes arméniennes, les victimes de la shoah, les victimes des khmers rouges, les tutsis exterminés au Rwanda, et devant toutes les victimes de la barbarie humaine que votre négationnisme consiste à tuer à nouveau. Je vous recommande d’éviter toute fuite en avant, d’avoir la modestie de reconnaître vos erreurs, de garder à l’esprit que pour bien faire il vaut mieux tard que jamais ;  je vous encourage à vous interroger sans complaisance sur votre propre rôle, à analyser ce que vous auriez dû faire, ce que vous auriez pu faire, et ce que vous pouvez faire désormais pour participer à la construction d’un monde de paix, de tolérance et d’amour, où « plus jamais ça » soit autre chose qu’un slogan démagogique ».

    Fait à Kigali le 26/04/05
    François-Xavier NGARAMBE
    Président de l’Association IBUKA

RWANDA/BELGIQUE - LE PERE GUY THEUNIS QUITTERA LE RWANDA SAMEDI PROCHAIN (OFFICIEL)
(Agence Hirondelle 09/11/2005)


Le religieux belge Guy Theunis , accusé de génocide par les autorités rwandaises, sera transféré en Belgique samedi prochain, a annoncé mardi l’avocat général du Rwanda M. Hermogène Higaniro.

«Les dernières formalités seront achevées vendredi après-midi aussi il pourra partir par le vol de samedi soir» a dit aux journalistes M. Higaniro peu après que les juges aient été saisis d’une requête du gouvernement en ce sens. Une décision est attendue mercredi.

Avant l’audience, le prêtre visiblement fatigué et dont la jambe gauche est enflée, avait dit aux journalistes en kinyarwanda: «j’attends avec impatience de rentrer chez moi».

Le Rwanda a accepté la demande de son ancienne puissance coloniale de transférer dans son pays le prêtre arrêté le 6 septembre dernier à l’aéroport de Kigali alors qu’il était en transit. La Belgique s’est engagée à réaliser une enquête sur les crimes reprochés au religieux.

Guy Theunis, 60 ans, a travaillé au Rwanda entre 1970 et 1994 parmi les Pères Blancs, un ordre catholique romain très implanté au Rwanda avant le génocide. Il est accusé de dix charges de génocide et crimes contre l’humanité, datant pour la plupart de l’époque où il était responsable de la publication de la revue Dialogue. Selon le procureur il aurait publié des articles incitant aux tueries des Tutsis.

L’audience de mardi devant la Haute Cour a été décrite par Emmanuel Rukangira, le représentant du parquet rwandais dans cette affaire, comme «largement une formalité».

Sous la présidence du juge Tharcisse Karugarama, les parties se sont montrées détendues et ont plaisanté avec le président de cette audience inhabituelle, la première du genre à se dérouler au Rwanda, selon le magistrat.

PB/GG/AT/GF

© Agence Hirondelle
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