Kigali s'oppose au transfert d'un ex-préfet acquitté par le TPIR
 
RWANDA - 16 août 2006 - PANAPRESS
Kigali a vivement dénoncé les démarches actuellement menées par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) auprès du gouvernement belge afin que ce dernier accueille l'ex–préfet Emmanuel Bagambiki acquitté par cette juridiction internationale mais toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt délivré par le Parquet général rwandais, a-t-on appris mercredi de sources judiciaires.
Bagambiki, ancien préfet de Cyangugu (sud du Rwanda), a vu son acquittement confirmé en appel en février dernier, mais le gouvernement rwandais a annoncé, dès le lendemain, l'ouverture de nouvelles poursuites à son encontre, l'accusant de viols, des crimes pour lesquels il n'avait pas été juge devant le Tribunal pénal international.
Le greffier en chef du TPIR, le Sénégalais Adama Dieng était à la fin du mois dernier à Bruxelles pour des entretiens avec le gouvernement belge au sujet notamment d'un éventuel accueil de Bagambiki en Belgique.
"Il n'est pas innocent tant qu'il n'a pas répondu des crimes de viols commis à Cyangugu. Il est impossible qu'il soit accueilli dans un pays en tant que personne innocente", a protesté Aloys Mutabingwa, le représentant du gouvernement rwandais auprès du TPIR, dans une interview accordée à la PANA.
L'épouse et les enfants de Bagambiki, qui ont obtenu la nationalité belge, vivent à Bruxelles.
"Au lieu de lui chercher un pays d'accueil, le TPIR doit plutôt voir comment le déférer devant la justice pour qu'il réponde de ces crimes de viols", a poursuivi le diplomate rwandais, qui a exprimé le souhait de voir l'ex-responsable administratif jugé "au Rwanda ou dans tout autre pays dont les juridictions sont compétentes et indépendantes".
Le greffier du TPIR avait indiqué le mois dernier que le tribunal ne disposant de souveraineté territoriale, ne pouvait extrader Bagambiki.
"S'ils n'ont pas de souveraineté territoriale, qu'ils le remettent à la Tanzanie (pays hôte du TPIR) qui, elle, dispose de cette souveraineté territoriale", a réagi le représentant du gouvernement rwandais.
Bagambiki a été acquitté en même temps que l'ex-ministre des Transports, André Ntagerura, poursuivi dans la même affaire, mais qui n'est pas visé par de nouvelles poursuites.
Depuis leur acquittement, les deux hommes vivent dans une maison sécurisée (safe house) au siège du tribunal à Arusha, dans le nord de la Tanzanie.
Chargé de rechercher et juger les principaux responsables présumés du génocide de 1994 au Rwanda, le TPIR a prononcé à ce jour 25 condamnations et 3 acquittements.