Poursuites contre Kagame: les avocats de la défense au TPIR satisfaits

AFP 21.11.06 | 10h56
 



 
Les avocats de la défense au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ont salué mardi le travail du juge français Jean-Louis Bruguière qui a recommandé des poursuites devant la juridiction internationale contre le président rwandais Paul Kagame.
 
"Enfin, il y a eu une enquête sérieuse qui a abouti à des conclusions sérieuses quant au désastre qui a frappé le Rwanda", a déclaré à l'AFP le Canadien John Philpot, avocat principal de Protais Zigiranyirazo, beau-frère de l'ex-président Juvénal Habyarimana.
"Nous sommes soulagés de voir que les vrais responsables de cette tragédie seront vraisemblablement poursuivis", a-t-il dit.
"C'est très positif, même si cela risque de paraître comme une réponse du berger à la bergère ", a noté de son côté le français Raphaël Constant, défenseur de l'ex-directeur de cabinet au ministère rwandais de la Défense, le colonel Théoneste Bagosora, accusé par le procureur du TPIR d'être le "cerveau" du génocide de 1994.
L'avocat faisait allusion aux travaux en cours de la commission rwandaise d'enquête sur le rôle de la France dans le génocide.
L'Américain Peter Erlinder, président de l'Association des avocats de la défense au TPIR (Adad), a de son côté appelé le TPIR "à ouvrir des poursuites contre Kagame".
Contacté par l'AFP, le bureau du procureur du TPIR, le Gambien Hassan Bubacar Jallow, n'avait pas réagi mardi en fin de matinée. Le TPIR a déjà rejeté plusieurs requêtes de la défense concernant le rapport du juge Bruguière.
Le juge Bruguière a recommandé vendredi des poursuites contre M. Kagame devant le TPIR pour sa "participation présumée" à l'attentat de 1994 contre l'avion de son prédécesseur Juvénal Habyarimana, a-t-on appris lundi de source judiciaire.
Parallèlement, le magistrat français a demandé l'avis du ministère public sur les arrestations de neuf membres de l'entourage de M. Kagame dans le cadre de l'enquête, dont l'actuel chef d'état-major de l'armée rwandaise James Kabarebe.
La mort du président Habyarimana avait déclenché le génocide au Rwanda, qui a fait, selon l'ONU, environ 800.000 morts, essentiellement des Tutsis, tués par les partisans du régime hutu. Le massacre n'avait pris fin qu'après la victoire militaire de la rébellion tutsie du Front patriotique rwandais (FPR), en juillet 1994.
Le TPIR, dont le siège est à Arusha, dans le nord de la Tanzanie, est chargé de rechercher et juger les principaux responsables du génocide au Rwanda. Il est aussi "habilité à poursuivre les personnes qui commettent ou donnent l'ordre de commettre des violations graves (...) aux Conventions de Genève", dont "les actes de terrorisme" commis au Rwanda entre le 1er janvier et 31 décembre 1994, selon le statut du TPIR.