Agence Hirondelle d'information, de documentation et de formation, Arusha (Tanzanie): News


10.02.06

TPIR/CYANGUGU - ACQUITTES DEFINITIVEMENT, NTAGERURA ET BAGAMBIKI ESPERENT MAINTENANT TROUVER DES PAYS D'ACCUEIL

Arusha, 9 février 2006 (FH) – Acquittés définitivement mercredi par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), l’ancien ministre André Ntagerura et l’ancien préfet Emmanuel Bagambiki espèrent maintenant trouver des pays d’accueil, selon leurs avocats.

Ntagerura était ministre des Transports dans le gouvernement intérimaire en place pendant le génocide de 1994, tandis que Bagambiki dirigeait la préfecture de Cyangugu (sud-ouest). Réfugiés au moment de leur arrestation, ils ne peuvent retourner dans leur pays où la décision de leur acquittement definitif a d'ailleurs été accueillie avec colère.

Depuis leur acquittement en première instance il y a près de deux ans, aucun pays n’a accepté de les accueillir, ce qui a contraint le tribunal à les garder en semi-liberté dans une maison "sécurisée" et dans des conditions psychologiques et matérielles difficiles.

Dès mercredi après midi, les avocats des acquittés, Vincent Lurquin et Benoit Henry ont rencontré le président et le greffier du tribunal. Ils ont notamment évoqué l'avenir de leurs clients.

Cette décision définitive devrait débloquer la situation, selon les défenseurs et une source au greffe.

Rédigé quelques mois après le génocide le statut du tribunal ne prévoit rien pour le devenir des acquittés, ce qui oblige le greffe à négocier avec les Etats. Il n'a pas non plus prévu la moindre indemnisation pour les personnes détenues ou accusées à tort.

Le premier acquitté, l’ancien maire Ignace Bagilishema avait été accueilli par la France moins de 6 mois après son jugement en première instance.Il vit depuis dans une communauté charismatique de l'est de l'hexagone.

Alors que l’acquittement de Bagilishema était passé presque inaperçu au Rwanda, celui de Ntagerura et Bagamibiki avait provoqué une grande colère des autorités et des associations de survivants.

André Ntagerura avait d'abord souhaité aller en France, un pays accusé par Kigali d’avoir soutenu le gouvernement en place pendant le génocide et d’abriter des « génocidaires ». Depuis, son choix se tournerait plutot vers le Canada

Quant à l’ex- préfet, il a demandé à rejoindre à Bruxelles son épouse qui a acquis la nationalité belge. Le Conseil d'état, principal autorité juridique, a annulé une décision de refus des autorités belges.

Pour les autorités rwandaises, la haine ethnique qui a culminé avec le génocide de 1994 a été instillée à une partie du peuple rwandais par le colonisateur belge. La Belgique a officiellement demandé pardon tandis que la France refuse de faire acte de repentance estimant que les allégations portées contre elle sont dénuées de tout fondement.

Une autre question est de savoir si les acquittés vont exiger une indemnisation pour le temps passé en détention. En janvier 2005 Bagilishema avait demandé 233.416 euros pour être resté plus de deux ans en prison. Il lui avait été répondu que rien n'était prévu en ce sens.

Ntagerura et Bagambiki sont restés respectivement 7 et 5 ans en prison, puis sont restés sous le contrôle du TPIR jusqu'à leur jugement en appel. « Nous ne savons pas encore s’ils vont demander à être indemnisés », a indiqué Me Lurquin.

ER/PB/GF

© Agence Hirondelle

Agence Hirondelle d'information, de documentation et de formation, Arusha (Tanzanie): News

08.02.06

TPIR/CYANGUGU - FIN DES AUDIENCES EN APPEL DANS L’AFFAIRE CYANGUGU

Arusha, 7 février janvier 2006 (FH)- Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a clos mardi les audiences en appel dans le procès dit de Cyangugu (sud- ouest du Rwanda ) regroupant un ancien ministre, un ex-préfet et un officier subalterne.

André Ntagerura était ministre des transports dans le gouvernement intérimaire en place pendant le génocide, Emmanuel Bagambiki, préfet de Cyangugu et le lieutenant Samuel Imanishimwe, commandant d’un petit camp militaire dans cette préfecture.

Le 25 février 2004, Ntagerura et Bagambiki avaient été acquittés en première instance tandis que Imanishimwe avait été condamné à 27 ans d’emprisonnement.

L’acquittement de l’ex-ministre avait été prononcé à l’unanimité de la chambre tandis que celui de l’ex-préfet l’avait été à la majorité des juges.

Les débats ont été clos par les déclarations des intimés Ntagerura et Bagambiki et de l’appelant Imanishimwe.

«J’ai l’espoir que vous vous joindrez sans hésitation à la décision unanime des juges de première instance qui m’ont acquitté de toutes les charges qui pesaient contre moi», a déclaré l’ex-ministre.

«Ma conscience ne me condamne pour aucun des actes que j’ai posés en rapport avec les événements de 1994 à Cyangugu», s’est défendu pour sa part l’ex- préfet.

De son côté, Imanishimwe a appelé les juges d’appel à rendre leur arrêt, en toute indépendance. Le jeune officier a estimé qu’il était «poursuivi par la communauté internationale» simplement pour avoir exercé son métier dans «le strict respect de la déontologie militaire». Tous les trois ont exprimé leur regret de n’avoir pas pu sauver toutes les personnes en danger, affirmant que malgré leur bonne volonté, ils étaient impuissants face aux tueurs.

Lundi, à l’ouverture du procès en appel, le représentant du procureur, James Stewart (Canada) avait requis un nouveau procès pour Ntagerura et Bagambiki et demandé à la chambre d’appel de condamner Imanishimwe à la peine maximale, la prison à perpétuité.

Au terme de l’audience de mardi, le président de la chambre d’appel, Fausto Pocar (Italie), a invité les parties à ne pas quitter le siège du TPIR à Arusha (Tanzanie) avant mercredi soir car, a-t-il expliqué sans autre précision, des décisions pourraient leur être communiquées.

Pour les audiences en appel, les juges siègent à cinq tandis qu’ils sont trois dans une chambre de première instance.

Il s’agit du premier procès en appel de l’année au TPIR.

Mercredi, ce sera au tour de l’ex- maire de Rusumo (est du Rwanda), Sylvestre Gacumbitsi, de comparaître en appel.

Le 17 juin 2004, il avait été condamné 30 ans de prison en première instance.

ER/AT/GF

© Agence Hirondelle