Rwanda: Les USA menacent Kagame de poursuites devant la CPI

26. juil | Par |

Les Etats-Unis, par la voix de Stephen Rapp, le chef du bureau américain de justice pénal internationale, ont  averti plusieurs leaders rwandais, en ce compris le Président Paul kagame, qu’ils « pourraient faire face à des poursuites devant la Cour Pénale internationale en raison de leur soutien à des groupes armés responsables d’atrocités dans la République Démocratique du Congo. » La déclaration sonne comme un coup de tonnerre aux oreilles du FPR actuellement au pouvoir au Rwanda.
 

Dans une interview du 25 juillet 2012 accordée au journal britannique « The Guardian », Stephen Rapp a en effet déclaré  que des dirigeants rwandais pourraient être poursuivis pour « aide et complicité » dans la commission de crimes contre l’humanité dans un pays voisin, « action similaires à celles pour lesquelles l’ancien Président Libérien, Charles Taylor, a été condamné à 50 ans de prison » par le Tribunal spécial pour la Sierra Léone.

Cette déclaration survient une semaine après un premier avertissement timoré mais symbolique des Etats-Unis envers leur plus fidèle allié africain, au travers duquel, les USA avaient coupé une partie de leur aide militaire au Rwanda d’un montant de 200 000 dollars, à la suite de la publication d’un rapport d’un groupe d’experts des Nations Unies accusant le Rwanda de soutenir le « M23 », un groupe armé qui sème actuellement la désolation à l’Est du Congo depuis le début du mois d’avril 2012 et qui a déjà provoqué le déplacement de plusieurs centaines de milliers de civils.

Les experts des Nations Unies avaient affirmé dans leur rapport du 26 juin 2012, détenir des « preuves accablantes indiquant que des officiers de haut rang des FDR, en leur qualité officielle, ont soutenu les rebelles en leur fournissant des armes, du matériel militaire et de nouvelles recrues » et avaient nommément cité, entre autres dirigeants rwandais, James Kabarebe, Ministre de la Défense et ancien chef d’Etat Major… de la RDC, Jack Nziza, Secrétaire permanent auprès du Ministre de la défense et ancien chef de la DMI[renseignements militaires rwandais] ainsi que Charles Kayonga, l’actuel chef d’Etat major rwandais d’avoir trempé dans cette entreprise.

Pour Stephen Rapp, « Il y a une ligne, qu’on peut franchir en droit international et à partir de laquelle on peut être tenu pour responsable d’avoir aidé un groupe d’une manière qui a rendu possible la commission d’atrocités ».

Pour lui, « les preuves recueillies par le groupe d’experts des Nations Uniesdémontrant le soutien du gouvernement rwandais aux M23 et d’autres groupes armés, incluant, l’envoi d’armes et de troupes en RDC, expose Kagame et d’autres officiels à des investigations pour crimes de guerre « .

La fureur du Général Kagame

La déclaration du chef du bureau américain de justice pénale internationale a suscité la colère de Paul kagame qui n’a pas tardé à réagir sur son compte twitter dans la soirée du mercredi 25 juillet 2012.

Le numéro un rwandais a qualifié la nouvelle de « ridicule » et a estimé qu’elle démontrait une « grossière ignorance et une irresponsabilité » dans le chef de ceux qui tiennent ces propos, avant de les accuser à son tour :  « ceux qui disent ça, sont ceux là mêmes qui sont responsables des crimes au Congo » .  « Pour ces gens, pour ces pays qui pensent qu’ils sont puissants, ils ont besoin d’être sages et cesser d’être aveugles. » a-t-il encore ajouté.

Ruhumuza Mbonyumutwa (Twitter: @ruhumuza)