Selon notre correspondant sur place, tous les habitants de la ville étaient au courant de l’imminence du déclenchement des opérations de libération par les soldats gouvernementaux. C’est donc terrés dans leurs maisons qu’ils ont suivi minute après minute le déroulement des événements qui ont débouché sur la reconquête de leur ville.

C’est vers 5 heures 30 heure de Kinshasa que les premiers soldats de la 10ème Région militaire épaulés par les patriotes Maï-Maï ont lourdement équipé ont fait irruption à la Place de l’Indépendance et progressé lentement au Rond-point « Feu Rouge », rejoints aussitôt par une foule immense les bras chargés de branches arrachés aux arbres et des rameaux de palmier. Les cloches des églises se sont mis à sonner à toutes volées et de partout les tam-tam en ont rajouté à une liesse populaire qui est allée crescendo au fil des minutes. Et c’est dans cette atmosphère d’ivresse indiscible que la population a accompagné les soldats du Général Mbuza Mabe jusqu’au marché de Nyawera de la commune d’Ibanda, à quelques centaines de mètres seulement du pont sur la Ruzizi qui fait frontière avec le Rwanda.

Mutebusi et ses hommes ont fui vers le Rwanda, mais Nkunda a vidé les caisses de la succursale de la Banque centrale avant de quitter Bukavu !

Tout au long des deux journées précédentes de lundi et de mardi

les rangs des troupes insurgées ont commencé à s’éclaircir avec la défection de plusieurs de leurs membres, pendant que la Monuc les persuadait à éviter l’affrontement avec les troupes loyalistes et accepter de se cantonner au camp Saïo.

L’empressement de la Monuc se justifiait d’autant plus que les troupes gouvernementales, renforcées par les combattants Maï-Maï et suréquipées rongeaient leurs freins et n’attendaient plus que le signal du commandant de la 10ème Région militaire pour donner l’assaut final de Bukavu.

Affaibli, le dernier carré de l’insurrection n’a eu que le réflexe salvateur de prendre ses cliques et ses claques et prendre la direction du Rwanda. Ce qui est arrivé hier, lorsque les quelques deux cents hommes restés fidèles à Mutebusi, arme à la main et matelas sur la tête sont sortis du camp Saïo pour Kamembe, au Rwanda, à une enjambée de là.

Dans l’entre-temps, Laurent Nkunda lui, avait déjà pris le large depuis dimanche après avoir délesté la succursale de la Banque centrale du Congo de 600.000 dollars et 800.000.000 FC ! Le chef de file des mutins qui a annoncé mardi qu’il se trouvait à 50 kilomètres de la ville de Goma y est plutôt introuvable, le commandant de la 8ème Région militaire a reçu instruction de la hiérarchie d’arrêter tous les éléments insurgés qui tenteraient de regagner la ville. D’où d’aucuns pensent que le Général fugitif serait déjà entré au Rwanda avec le pactole qu’il a dévalisé à la Banque centrale du Congo.

D’autres pensent qu’il va plutôt qu’il pourrait se retirer dans la partie Nord de Goma pour s’occuper maintenant de sa ferme. Il y possède un cheptel estimé à 800 têtes de vaches. Cependant nombreux sont ceux qui disent, parce qu’ils le connaissent bien, que Laurent Nkunda n’a pas encore dit son dernier mot, et qu’il a encore des combats à livrer.

Surtout qu’il en a maintenant les moyens, avec l’important butin de guerre qu’il a pris à Bukavu.