F. Soudan (Narration introductive) :
 
Âme d'une révolution née sur les cendres du génocide, le président rwandais, austère et peu prolixe, s'explique ici sur les tribunaux traditionnels, l'opposition en exil, les pamphlets publiés à l'étranger, les relations avec la France…
 
Mon commentaire:
 
De quelle revolution parle Mr Soudan? De quelle nature serait cette révolution dirigée par Kagame (sic)?
 
Révolution nationale? Impossible, le Rwanda de Kagame est une néo-colonie anglo-saxonne. Kagame est régulièrement convoqué à Londres pour s’expliquer, chaque fois que nécessaire. Il a livré des guerres pour le compte de ses maîtres. Il a envoyé des soldats, on sait que les Rwandais sont  moins chers que les hommes d’armes de Sa Majesté,  au Soudan, au Darfour, pour le compte de ses maîtres britanniques! Ils sont armés et renseignés  par le commandement EUROP-Afrique  des troupes US!
 
Révolution sociale? Impossible, l’écart entre la bourgeoisie bureaucratique et compradore tutsi que représente Kagame et les masses rwandaises n’a jamais été aussi énorme, dans toute l’Histoire contemporaine du Rwanda. Les terres jadis confisquée de l’aristocratie féodale et redistribuées aux paysans pauvres et sans terres, ont été de nouveau reprises par les descendants et la nouvelle propriété foncière absentéiste que constituent les hiérarques du FPR et de son armée. D’où la famine chronique qui ravage le pays, y compris dans des régions comme le Bugesera, Kibungo et Umutara, qui étaient avant l’arrivée du FPR au pouvoir, des greniers du Rwanda.
 
Révolution démocratique? Impossible, une dictature tutsiste, néo-coloniale et militariste a pris la place de l’ancien régime. Economique? Impossible, l’économie rwandaise est toujours agricole, arriérée, désarticulée et dominée. 1.000.000 de Rwandais sont menacés de mort faute de nourriture de façon chronique. De quelle revolution parle François Soudan?

F. Soudan: Pour l'Histoire : qui a eu l'idée de recourir ainsi à
ces juridictions traditionnelles ? Vous-même ?

Paul Kagamé : Moi et d'autres. Ce fut en réalité une idée collective,qui a germé au sein de la direction du Front patriotique rwandais à l'issue d'une série de réunions élargies, tenues à travers tout le pays, au cours de l'année 1997.
 
Mon commentaire:
 
Faux. Il n’y a jamais eu de débat dans tout le pays sur les gacaca en 1997. C’est une simple recommandation de la conférence internationale organisée à Kigali en 1996 sur le génocide. C’est Pasteur Bizimungu et son conseiller d’alors, Charles Murigande, qui l’on organisée. Kagame niait le concept même de reconciliation. Tout le monde se souvient de ses invectives à Kibuye, en 1995. Il ne cessait de demander: “C’est quoi la reconciliation? Qui doit se réconcilier avec qui?” Si des gens au FPR ont pensé à cette formule, c’était à une réponse judiciaire non conventionnelle au génocide des Tutsi qui pouvait être expéditive qu'ils pensaient. Ils n’ont jamais pensé à la reconciliation.
 
En avril 1994, j’ai proposé à la présidence du FPR l’idée de créer des  “conseils de réconciliation et de comités de réconciliation” comme structures politiques nouvelles d’Etat, au niveau des cellules, des secteurs, des communes, des prefectures et au niveau national. Cette idée n’a même pas été étudiée. J’ai remis mes propositions écrites (en fait manuscrites) à Simon Ntare, le conseiller special du Président (Kanyarengwe à l’époque). Il n’y a jamais eu de suite. La réconciliation n’a jamais été une préoccupation de Kagame ou du FPR. Elle a été imposée par l’étranger. Et le FPR ne l’a acceptée que comme conditionnalité pour l’obtention de financements extérieurs, bilatéraux ou multi-latéraux.
 
F. Soudan: Les tribunaux gacaca n'épargnent personne : des ministres en exercice, des députés, des officiers supérieurs sont convoqués et sommés de s'expliquer sur leur rôle pendant le génocide. Où s'arrêteront-ils ?
 
Mon commentaire:
 
Faux. Les tribunaux gacaca épargnent tous les criminels du FPR. Ceux-là ne répondent devant aucune juridiction. Ils échappent à la justice.
 
F. Soudan: Il n'empêche : les gacaca font peur. Selon le HCR, 7 000 Rwandais se sont réfugiés au Burundi voisin depuis avril 2005, pour éviter de comparaître devant eux…

Kagame : Il s'agit ici de manipulation politique : ces gens proviennent tous d'une seule et même région frontalière du Burundi. Si les gacaca terrorisaient vraiment la population, pourquoi n'y a-t-il pas de mouvements similaires en direction de la RD Congo, de l'Ouganda ou de la Tanzanie ?
 
Mon commentaire:
 
Vrai et faux. Vrai parce qu’il y a effectivement un manipulateur. Seulement, le manipulateur, c’est Kagame lui-même. Ses “tribunaux gacaca” ne sont pas des tribunaux. Ce sont des instruments destinés à atteindre des buts politiques et non à rendre justice et à réparer des dommages.
 
Faux parce qu’il y a également un flux continue de réfugiés en direction d’Ouganda et de Tanzanie. En Ouganda, il y a plus de 30.000 réfugiés car les autorités accueillent les réfugiés et refusent de les refouler. En Tanzanie,c’est uniquement parce  que les refoulement organisés par l’armée tanzanienne qui ont bloqué le flux. De plus, le FPR a organisé une veritable épuration ethnique à l’Est et au Nord-Est du Rwanda. Dans cette province, less Hutu sont parqués à l’intérieur des terres et non à la frontière. En RDC, ils  n’y vont pas, parce que le Nord-Kivu et le Sud-Kivu sont encore en quasi guerre et que les Rwandais savent qu’il n’y trouverait pas plus de tranquillité qu’au Rwanda.
 
F. Soudan: À vos yeux, Guy Theunis est-il coupable ou attendez-vous la décision de la justice belge pour vous prononcer ?

Kagame: Je ne suis pas juge. Mais les informations et les éléments de preuves dont j'ai eu connaissance à son sujet tendent à démontrer sa culpabilité.
 
Mon comentaire:
 
Là Kagame démontre qu’il n’ a rien à faire de la separation des pouvoirs. C’est plus fort que lui. Il faut aussi qu’il se mêle des prerogatives du pouvoir judiciaire belge. Un president normal aurait répondu, cette question relève de la justice. Je n’ai pas le droit de me prononcer. Pour ne pas interferer avec la justice. Kagame montre de quelle nature de president, il est. Il est de celle de ces presidents qui tranchent les affaires judiciaires à la place des juges. Il emploie sa méthode habituelle. Celle qui consiste à presume les justiciables coupables au lieu de les presumes innocents. On savait déjà que ce n’était pas sa tasse de thé.
 
F. Soudan: A titre personnel, êtes-vous pour ou contre cette sanction (la peine de mort), à la fois dans l'absolu et dans la
pratique ?
 
Kagame: La peine de mort existe dans notre code pénal, c'est un fait. Pour le reste, je ne souhaite ni préempter ni influencer le débat qui aura lieu un jour ou l'autre au Rwanda sur ce sujet.
 
Mon commentaire:
 
Tant qu’elle s’applique à d’autres, Kagame est pour la peine de mort. Au moment de la fin de son règne, il s’arrangera pour s'attribuer le mérite d'amener un débat sur cette question, destiné à éviter qu’elle lui soit appliquée éventuellement, par d’autres, une fois qu’il aura quitté le pouvoir.
 
Moi, je responds à sa place tout de suite. Je suis opposé à la peine de mort. En théorie, comme en pratique au Rwanda. Ici et maintenant. Il y a eu assez de morts au Rwanda et dans la région. Ca suffit! Il n’y a qu’une seule condition, que personne, y compris Kagame et ses agents n’échappe à la justice.
 
F. Soudan: En quelques phrases, comment définiriez-vous votre conception de la démocratie ?

Kagame : Je ne crois pas en une conception universelle, une sorte de prêt-à- porter de la démocratie.
 
Mon commentaire:
 
Kagame répond ce que tous les dictateurs africains répondent depuis les indépendances. Ils emploient par tactique l’argument de la spécificité des sociétés africaines pour se soustraire des normes internationales en matière de démocratie. Ce qui montre que Kagame emploie cette tactique, c’est qu’il ne l’emploie qu’en politique.
 
En économie, il accepte le prêt-à-porter de l'économie du FMI et de la BM et s’enorgeuillit d'ailleurs, d’avoir l’une des meilleures notes des ces institutions financières néo-coloniales.
 
Curieux non? Le capitalisme appliqué par son gouvernement est le plus sauvage qui puisse exister. Tout le pays a été vendu aux multinationales. Privatisations au rabais, dérèglementations, répression des syndicats, et j’en passe et des meilleures. Même les secteurs qui touchent à la sécurité nationale comme les télécommunications et les technologies de l’information,  notamment les transferts de données, ont été vendus à des étrangers. Et quels étrangers! Par exemple, les actionnaires de Terracom sa, qui vient d’acheter Rwandatel sa, ont des liens avérés avec les services d’écoute électronique d’une puissance étrangère.
 
Si Kagame prend le prêt-à-porter économique et qu’il refuse le prêt-à-porter politique, c’est que ce dernier ne lui va pas. C'est tout. Qu'il cesse de nous rabattre le discours rayé de la spécificité africaine, de l'authenticité! Tiens, justement, plus authentique que Mobutu, tu meurs! Le discours de Kagame, c’est exactement celui de Mobutu, qui, comme tout le monde le sait, avait les mêmes maîtres que lui. Seulement, un jour, ils se sont lassés de lui! Hi hi hi! Il est mieux placé que moi pour le savoir! La guerre froide est terminée, Président?! Réveillez-vous!
 
F. Soudan: Pourtant, c'est en exil - particulièrement en Europe - que se trouve l'opposition rwandaise la plus active. Pas à l'intérieur du pays.

Kagame: Effectivement et c'est bien là qu'est le problème. Pourquoi ces opposants sont-ils à l'extérieur ? Pourquoi entretiennent-ils cette fiction de la peur auprès de nombre de nos compatriotes que nous serions heureux d'accueillir ici ? Qui sont ces gens ? Que veulent-ils ? Quelle est leur idéologie, leur histoire, leur crédit ? Pourquoi ne viennent-ils pas ici se battre, s'enraciner et se faire connaître ?
 
Mon commentaire:
 
Kagame sait très bien pourquoi nous les opposants sont à l’extérieur. Pour la simple raison que cela ne fait que 11 ans qu’il est à l’intérieur, lui-même. Que faisait-il à l’extérieur, lui et son FPR, en 1990?
 
Pourquoi n’est-il pas venu se battre à l’intérieur, en 1990? Pourquoi n’a-t-il pas attendu que les réformes institutionnelles annoncées par feu Habyarimana soient mises en route pour créer un parti politique et se faire connaître? Justement! Il en avait bien plus besoin que moi, je crois. Car, dans le pays, personne ne le connaissait, n’est-ce pas?
 
Deuxièmement, ceux qui ont tenté de faire de la politique sont en prison. Qu’il commence par libérer Bizimungu, et on lui fera quelque crédit peut-être, encore que moi, je ne suis pas de ceux-là. La naïveté n'est pas ma meilleure qualité. Et j'en suis bien aise. Où est le MDR? A-t-il permis que le parti ADEP-Amizero soit enregistré? Non. Kagame est un menteur et un simulateur.
 
Qui sont ces gens? Vraiment? Mais, il les connaît tous! Il parle de l’ancien président de son parlement, Sebarenzi Joseph, de ses anciens premiers ministres Twagiramungu et Rwigema, et ses nombreux ministres, députés et officiers supérieurs de son armée, cadres de son administration ou même de son parti, le FPR qui ont partir en exil! Et il ose demander qui ils sont!
 
Quel est leur crédit? Et lui, quel est son crédit? Après avoir fait massacrer au moins 280.000 Tutsi pour prendre le pouvoir, quel serait son crédit à lui? Après avoir livrer une énième guerre néo-coloniale au Congo, en tant que supplétif de l’impérialisme américano-britannique, quel est son crédit? Après avoir justifié l’invasion d’un pays indépendant, l’IRAK, pour tenter de faire plaisir à ses maîtres occidentaux en croyant prendre le contre-pied d’une France qu’il ne porte pas dans son coeur,comme on sait, non par nationalisme ou anti-impérialisme  mais par pure vengeance personnelle? Car on sait pourquoi il la hait, la France. Elle est la seule à avoir contrarié, sans succès d’ailleurs, ses ambitions politiques sur le Rwanda? De quel crédit peut-il se prévaloir?
 
….
Kagame: Prenez le cas de Faustin Twagiramungu, qui fut mon
challengeur lors de la dernière élection présidentielle. Ce monsieur réside en Belgique. Il est venu au Rwanda pour faire campagne et participer au scrutin, avant de retourner en Europe. Peut-être reviendra-t-il pour la prochaine échéance électorale. Comment voulez-vous qu'on le prenne au sérieux ?
 
Mon commentaire:
 
Là, c’est le sommet du machiavélisme. N’est-ce pas Kagame qui l’a supplié presque de venir faire campagne, en passant par ses maîtres occidentaux, afin que son implication dans le processus, donne une “caution démocratique” à ses manoeuvres de légitimation d’un pouvoir criminel et sans base populaire suffisante pour jouer pleinement le jeu de la démocratie?
 
En plus, Kagame est ingrat. Il devrait le remercier d’avoir joué le jeu. Or, que fait-il? Il le met sur le bûcher, comme à son habitude. Kanyarengwe a donné une caution nationale au FPR? Eh bien, qu’à cela ne tienne! Aussitôt la guerre finie, il l’a jeté aux oubliettes, en massacrant ses proches en passant, juste pour faire la démonstration de ce qui l’attendait s’il n’acceptait pas sa nouvelle condition. Ne parlons pas de Bizimungu, de Seth Sendashonga, du Colonel Biseruka et d’autres moins connus.Qui peut encore prendre Kagame au sérieux quand il parle de démocratie?
 
 
Kagame: L'un des gros problèmes de ces politiciens africains, c'est de tout attendre de l'étranger, quitte à se faire sponsoriser par des ONG ou des officines plus ou moins
occultes. D'où leur posture de mendiants perpétuels. Moi, ce n'est pas mon job de créer une opposition au Rwanda. J'ai mis en place l'environnement nécessaire pour qu'elle puisse exister. À elle d'entrer dans le cadre.
 
Mon commentaire:
 
Ceci est un comble! De tous les politiciens rwandais, celui qui attend le plus de l’étranger, c’est Paul Kagame précisément. Son budget vient à 60 % de l’étranger. Tout le monde sait, que sans le soutien financier, militaire, diplomatique et même idéologique de l’Ouganda, il ne serait rien du tout. Le FPR n’était rien du tout. Si l’Ouganda n’avait pas ramassé les restes de l’APR après l’éffondrement de ce mouvement en octobre 1990, Kagame ne serait rien du tout. Tout le monde sait que sans les services de renseignements du Royaume-Uni et des USA, Kagame n’est rien. Qui dépend plus que Kagame de l’étranger? Ma réponse: "Personne".
 
Rentrer dans ce cadre! Vraiment! Et donc, il a tracé un cadre, le cadre FPR et l’opposition n’a qu’à y entrer, si elle veut exister! Incroyable. Sacré Kagame. Mais, il doit avoir la mémoire courte ou avoire une amnésie sélective. Et pourquoi n’a-t-il pas lui accept, lui et le FPR avec,  le cadre tracé par le MRND en 1990? Pourquoi a-t-il livré une guerre aussi meurtrière au MRND? N’aurait-il pas été plus simple d’accepter le cadre offert par le MRND et éviter ainsi le 1.000.000 de morts qu’il vend à tout va et à tout vent pour soustraire son régime policier au “prêt-à-porter” politique qu’est la démocratie libérale?
 
F. Soudan: Est-il réellement possible de vous critiquer, ici, au Rwanda ? Kagame: En doutez-vous ? Pensez-vous, par exemple, que ce même Twagiramungu, lorsqu'il a mené campagne, l'a fait en ma faveur ? Il n'a pas cessé d'attaquer à chacun de ses meetings. Il arrive aussi que des journaux me prennent à partie. Je n'ai jamais porté plainte contre eux.
 
Mon commentaire:
 
Mensonge. Pour que Twagiramungu ait attaqué à chacun de ses meetings, il aurait fallu qu’il en fasse des meetings. Tout était fait pour empêcher qu’il puisse tenir ses meetings. Son QG était infiltré d’agents de renseignements. Kagame a empêché qu’un parti, l’ADEP-Amizero, qu’il suspectait d’avoir comme projet de soutenir sa candidature se constitue. Comment peut-il avoir l’indécence de parler de liberté de critiquer?
 
Quant à la presse, il faudrait qu’il nous disent ce qu’il a fait du rédacteur du Messager-Intumwa, un journal indépendant qu’il a trouvé à Kigali à sa prise du pouvoir? Nous, nous ne l’avons pas oublié. Il lui a envoyé ses escadrons de la mort qui lui ont fracassé le crâne, le laissant pour mort. Où est le rédacteur en chef du Partisan? Où se trouve le directeur de la publication “Le Tribun du Peuple”, Jean-Pierre Mugaben, qui était pourtant également officier de renseignement et cadre politique de l’APR? Où est le Directeur de la publication “Rwanda Newsline”, John Mugabi? Où est le directeur de la publication “Umuco”, Jean-Pierre Bizumuremyi?  Ils sont en exil ou  en prison. Pourquoi?
 
Quant à ceux qui sont dans le pays, on sait ce qu’il en pense. Il ne les attaque pas en justice parce qu’ils les menace pour les contraindre à l’exil lorsqu’ils ne sont pas tout simplement tués ou que leurs publications ne sont pas saisies à la sortie des imprimeries ougandaises, càd à la frontière rwando-ougandaise. Quant à la presse officielle, elle est sous les ordres du FPR qu’il préside et de l’armée qu’il commande. Que croit-il, que les gens qui travaillent dans ces publications ont un instinct d’autodestruction au-dessus de la moyenne? Qu’attend-il d’eux? Qu’ils le critiquent dans ses propres feuilles de choux et qu’on les renvoient? Et que deviendraient leurs familles? Ils ne veulent pas se suicider, c’est tout.
 
Tous ces gens sont-ils des “râtés” qui rançonnent ses “ pauvres ministres” incapables de faire face à la presse, des “chômeurs” incapables de faire autre chose dans la vie, comme il vient de traiter les journalistes rwandais?
 

F. Soudan: Selon un récent rapport du HCR, cinquante mille réfugiés rwandais vivent toujours en exil uniquement en Afrique. Particulièrement en Ouganda, en Tanzanie et dans les deux Congos. C'est beaucoup…

Kagame: Non, ce n'est rien. Au début des années 1990, nous étions près de trois millions en exil, dont moi-même. Aujourd'hui, à l'exception d'une poignée d'ex-génocidaires que nous connaissons bien et qui ont échoué entre Brazzaville et Kinshasa, la quasi-totalité de ces gens sont des réfugiés économiques. La terre, ici, est réduite et la densité celle que vous connaissez : 335 habitants au km². Pour tous, la porte du Rwanda est ouverte.
 
Mon commentaire:
 
Vraiment! A supposer que ce chiffre soit juste, ce dont je doute, cinquante mille personnes ne sont rien? Quel est cette espèce de dirigeant qui dit que cinquante mille de ses compatriotes, ce n’est RIEN?
 
Et puis, qu’il arrête de mentir. Il parle de 3.000.000 de réfugiés don’t lui, en 1990. Mensonge. Bucagu, (non, pas Rucagu le fameux gouverneur mais le directeur de son office de la population) Bucagu qui prétend reprendre les statistiques du ministère de la réhabilitation en 1995, dans son mémoire, ne trouve que 800.000 mille anciens réfugiés rentrés d’Ouganda, du Burundi, du Zaïre (actuelle RDC) et de Tanzanie. Il n’a pas poussé l’affabulation jusqu’à ces cîmes!
 
Et puis, encore une fois, Kagame resasse le discours de l’ancien régime! Les 50.000 réfugiés ne serait que des réfugiés économiques. Par ce que le Rwanda est surpeuplé! Tiens. Exactement le même discours. N’est-ce pas que l’ancien régime est même allé jusqu’à organiser des déplacements en hélicoptère de l’armée, pour ballader au dessus du Rwanda, l’ancien chef rebelle Fred Rwigema, alors Général-major de l’armée ougandaise, pour lui montrer à quel point c’était vrai? Et voilà que Kagame, en panne d’idées, appelle à la rescousse sa victime, feu Habyarimana? Il doit se retourner dans sa tombe.
 
Et pourquoi donc a-t-il choisi de livrer une guerre à Habyarimana, allant jusqu’à lui “faire la peau” et au passage, provoquer le massacre d’au moins 280.000 Rwandais d’ethnie tutsi (si j’en crois son ancien ministre de la défense, le Général E. Habyarimana et son ancien ministre de la sécurité Théobald RWAKA), si c’était pour nous tenir le même discours que lui sur la question des réfugiés rwandais?
 
Dans le temps, le FPR se targuait de vouloir “éliminer les causes qui engendre les réfugiés”. Et voilà que son président et chef de l’exécutif qu’il a mis en place, nous avoue publiquement qu’il est incapable d’enrayer les causes économiques à l’origine des flux migratoires vers l’extérieur du Rwanda. On le savait déjà, que le FPR en général et Kagame en particulier, étaient incapables de résoudre ce problème. Ce qui est nouveau, c’est que Kagame avoue lui-même son incapacité publiquement.
 
Est-ce pour cela qu’il a détruit l’économie rurale et que 1.000.000 de Rwandais ruraux sont menacés de mort faute de nourriture? Est-ce la solution qu’il a trouvée pour diminuer la pression humaines sur les terres? 335 habitants au km²! Eh bien, oui! Comme c’est touchant! On dirait qu’il le découvre aujourd’hui!

F. Soudan:
Votre grand voisin congolais est entré dans une année électorale cruciale. Êtes-vous optimiste ?

Kagame: Toute élection est un défi et c'est un grand défi pour le Congo. S'il le relève, le Rwanda ne pourra qu'en bénéficier. Nous avons tout à gagner d'un voisin stable et en paix avec lui-même.
 
Mon commentaire:
 
Mensonge. Kagame ment. Il n’a aucun intérêt à ce qu’il y ait un Congo stable. Pour la bonne et simple raison que c’est lui qui l’a destabilisé, le Congo. Le Congo n’a jamais attaqué le Rwanda qu’on sache. C’est précisément les calculs militaristes de Kagame qui ont poussé l’ancienne armée à se replier au Congo. A près avoir contraint l’ancienne armée gouvernementale à se replier au Zaïre (actuelle RDC), il a dû y aller pour achever le travail.
 
Ensuite, une fois que Kinshasa a été pris, Kagame a tenté de caporaliser l’Etat du Congo, de l’infiltrer et de le soumettre à son dictat. Que dis-je , de soumettre aux diktats de ses maîtres anglo-saxons, pour lesquels, il a dû livrer une deuxième guerre, quant ils lui intimer l’ordre de chasser LD KABILA, incontrôlable  à leur goût (lisez insoumis).
 
Et aujourd’hui, qui entretient Laurent NKUNDABATWARE, un hors-la-loi? Qui tente d’imposer un mode de scrutin de liste bloquée susceptible de faire voter ses agents du RCD-Goma, don’t le manque d’assises populaires est de notoriété publique et qui risque d’êtres éliminés du parlement après les élections. Et qui a tenté de gonfler E. Tshisekedi, en lui faisant croire que le processus électoral n’aboutirait pas, qu’il y aurait reprise de la guerre? Raison pour laquelle, il a boycotté le processus d’enrolement?
Il n’y aura pas de Congo stable, sans Kivu stable. Un Kivu stable est impensable tant qu’il n’y aura pas de Rwanda stable. Et il ne peut y avoir de Rwanda stable que démocratique. Or le FPR, s’il a démontré qu’il est parfaitement capable de faire fonctionner une économie libérale périphérique, une néo-colonie, il a tout autant démontré qu’il est totalement inapte à faire fonctionner une démocratie libérale. Ce que Kagame avoue publiquement en rejetant ce qu’il appelle le prêt-à-porter politique. Curieusement, ce prêt-à-porter, il le trouver totalement adapté au Congo et au Burundi. Et non au Rwanda. Evidemment, il sait ce qu’il veut. Il veut des gouvernements faibles, des gouvernements composés de factions, incapables de se défendre contre ses attaques. Des forces armées et des services de sécurités truffés de ses espions à Kinshasa et à Bujumbura. C’est ce Burundi là qu’il veut. C’est ce Congo-là qu’il veut. C’est cela qu’il entend en parlant de Burundi et de Congo stables, nous sommes d’accord. Il est d’accord avec nous.
 
Nous, nous voulons un Rwanda démocratique et libre. C’est tout. Les affaires congolaises et burundaises ne sont pas nos affaires. Elles ne regardent que les Congolais et les Burundais. De même, les affaires ougandaises ne regardent que les Ougandais. Nous n’avons que faire d’un gouvernement pyromane, qui met le feu aux Etats voisins. C’est tout ce que les Rwandais demandent.

 
F. Soudan:
Y a-t-il une vie après le pouvoir ?

Kagame: J'y compte bien ! Je suis pratiquement né dans le combat, j'ai grandi dans la lutte, la tâche qui m'incombe aujourd'hui est terriblement absorbante. J'espère pouvoir un jour me reposer.
 
Mon commentaire:
 
Il a raison de dire qu’il y compte bien. N’est-ce pas qu’il a dit qu’un jour, il y aura un débat sur la peine de mort? Gageons qu’il aura lieu en 2015, comme par hasard, probablement quelque années avant la fin de son deuxième septenat?
 
Comme c’est bizarre. En écrivant “septenat”, je ne puis m’empêcher de penser à la France! Kagame prétend qu’il la déteste mais il singe ses dirigeants! Le plus piquant, c’est qu’il les singe dans ce qu’ils  avaient de plus arriéré dans leurs institutions, dont ils se sont  d’ailleurs  débarrassés  depuis: le septenat!
 
Et puis, n’est-ce pas qu’il a pensé à sa vie après la présidence? Il a prévu qu’il sera sénateur à vie. Oui, c’est dans la constitution FPR. Et gare à celui qui tentera de toucher à cette disposition. C’est que Monsieur s’est aménagé une cassette personnelle et aussi, plus important,  une immunité à vie. Mais, il se trompe. Les crimes qu’il a commis sont des crimes de génocide. Et il n’y a ni prescription, ni immunité pour ce genre de crimes. Peine perdu, donc. Mais, en passant, je le remercie, au nom du paisible et démocrate successeur que je lui souhaite!

F. Soudan: Souhaitez-vous que vos enfants fassent de la politique - voire que l'un d'entre eux vous succède ?

Kagame: Le Rwanda n'est pas une monarchie et ce genre de pratique, le népotisme, la transmission héréditaire du pouvoir, le favoritisme familial, ce n'est pas le genre de la maison. Ce que je souhaite pour mes enfants est simple : qu'ils décident par eux-mêmes de leur avenir. Ils ne sont pas différents des autres Rwandais.
 
Mon commentaire:
 
Voici donc pour pour finir, l’inevitable estocade que Kagame porte à son oncle et ancien protecteur, Kigeli V Ndahindurwa, le dernier Mwami du Rwanda, en exil aux Etats-Unins, qui l’a hebergé et nourri quand il était enfant puis adolescent. Tiens encore un réfugié économique! Kagame ne peut vraiment pas s’en empêcher! C’est plus fort que lui, je vous dis. Ingrat. Très ingrat.
 
Après avoir tué Seth Sendashonga, dont le domicile était toujours un point de chute agréable et confortable pour Kagame, lorsqu’il était de passage à Nairobi (j’ai occupé un moment la chambre que la veuve de Sendashonga, Cyrie Sendashonga, faisait apprêter pour lui), il destine son dernier coup son généreux Tonton, enfin au petit frère du Mwami Rudahigwa, le mari de la dernière reine du Rwanda, sa tante Rosalie Gicanda.
 
Assumant jusqu’à la caricature, son héritage aristocratique, avec sa légendaire et destrustrice guerre entre aristocrates “Bega” et “Banyiginya à la fin du 19è siècle (le Coup d’Etat de Rucunshu) et au début du 20è siècle (la répression de l’insurrection de Ndungutse), il se sert de la république pour régler ses comptes avec les héritiers de la dynastie nyiginya, celle de son Oncle, Kigeli V Ndahindurwa, car il sait, que ce dernier souhaite évidemment,  la restauration de la Monarchie, que dis-je, qu’il le laisse reprendre effectivement  son trône!

Enfin, un conseil gratuit. Trouvez le temps, Monsieur le Président (?), je devrais dire, Nyagasani, étant donné qu’il n’y jamais eu de monarque (du clan des Bega), pas de monarque nyiginya plus absolu que vous, dans toute l’Histoire du Rwanda. Mais, étant donné votre niveau de connaissance du français, étant donné votre niveau de connaissances en général, vu votre bas niveau d’instruction, demandez à votre femme de vous les relire, car je suis sûr qu’elle les a déjà lus, plus précisément, qu’elle vous les a déjà lus. Sinon, comment pouvez-vous parler de choses que vous ignorez?



* Noires fureurs, blancs menteurs, de Pierre Péan, ?éd. Mille et Une Nuits, Paris, 544 pages, 22 euros.?
 
* Rwanda , l'histoire secrète, d'Abdul Joshua Ruzibiza, Éditions du Panama, Paris, 488 pages, 22
 
JB Mberabahizi